Solitude et liberté

2 mins

J’entends des mots que je n’écoute pas (ils ne me sont pas adressés)

 

(Une barrière)

 

Un simple fantôme parmi les autres, une étrangère que personne ne connaît

(je suis personne)

 

Il est loin le temps où je faisais partie d’un groupe

(« faire partie », devenu « être partie ». Jamais revenue.)

Des regards, pas un mot, parfois un sourire

Car aucun mot n’est juste, je n’ai rien à dire

Qui connaît le son de ma voix ?

 

Un souvenir lointain – que suis-je devenue ?

Ce lieu de rencontre, la salle de classe, lieu de séparation – la mienne, de la société

La société demande d’être extraverti, toujours heureux

Pourtant s’amuser devient interdit

Il n’y a que des visages sombres dans les rues

Nous sommes tous devenus

Des inconnus

Je ne parviens plus à y aller

Je n’y ai plus ma place (je ne l’ai jamais eu)

 

J’en apprends davantage sur moi-même, tous les jours.

(Mais la barrière est toujours là)

 

Nous étions jeunes et nous rions tous ensemble

Pourtant le passé ne me manque pas (je crois)

Je n’ai pas vu le temps passer, c’est déjà trop tard pour réparer ce qui est cassé.

On ne saute pas sur des occasions ratées.

Prendre la fuite toujours, toujours prendre la fuite.

Courir loin de la salle de classe rempli d’inconnus (là où personne ne me connaît)

N’être jamais assez, jamais bien. Mes mots atteindront-ils un jour quelqu’un ?

Et même dehors,

Toutes les rues que j’ai aimées, je ne les reconnais plus.

Impression de dissocier

Déréalisation

Tout paraît lointain, désormais

Comme dans un rêve

Plus aucun goût à voir les vignes et les oliviers

La mer et les lacs

Et le mistral souffle, un bruit nostalgique et rassurant

Les paysages du sud toujours dans mon cœur, là où j’ai grandi

Je veux les redécouvrir

Je veux comme avant les aimer

 

Les paysages du sud sont plus beaux qu’une salle de classe

On peut apercevoir quelques montagnes

Au-delà, par les fenêtres

Un avant-goût de liberté.

Envie de fuir pour redécouvrir les villes

Ma première liberté, St Rémy de Provence.

Les rues de pierres, que je connais par cœur,

Là où Van Gogh peignait,

Nostradamus dans les astres l’avenir lisait,

C’est là où j’ai redécouvert pour la première fois la vie,

Sans anxiété,

Sans l’amertume du xanax sur la langue

(Et Aix-En-Provence goûté la liberté. Le soleil qui caresse le visage, un sourire, l’impression d’être en vie)

Loin des salles classes aux tables nombreuses occupées d’inconnus,

Les vignes, les montagnes, puis la ville, St-Rémy, tous les vendredis.

La seule sortie.

Loin de ma chambre, les quatre mêmes murs,

L’agoraphobie qui serre la poitrine mais le sourire aux lèvres.

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