S’échapper de ma prison pour voler!

2 mins

Je ne suis pas parfaite. Je ne le serai jamais. Jamais. Voilà, c’est dit.  

Je m’appelle Catherine, j’ai 44 ans et tout ma vie, j’ai tenté d’être parfaite. Parfaite pour mes parents, parfaite à l’école, parfaite pour mon Chum, parfaite au boulot, parfaite avec mes enfants, parfaite en amitié… Parfaite, à chaque jour et toujours car, sans perfection, point d’amour. L’amour de soi, le plus précieux de tous, m’échappait…  

Dans ma quête illusoire de la perfection, après le passage éphémère d’une vague sensation de fierté, la reconnaissance d’autrui générait en moi stress et anxiété. « Comment allais-je être à la hauteur des attentes d’autrui maintenant que j’avais accompli ceci ou cela? Comment allais-je réussir à faire mieux? », me demandai-je au milieu de tant de nuits où le sommeil me faisait défaut. À mon grand désarroi, je n’avais pas d’autre réponse que de travailler encore et toujours plus. Ainsi, chaque compliment, chaque félicitation, se transformaient, à la tombée de la nuit, en une peur débilitante, et, à l’aube, en une obligation d’en faire toujours plus. Telle une toxicomane ayant besoin de sa drogue, j’étais à la poursuite incessante de la reconnaissance des autres, car c’est dans leur regard que j’allais devenir parfaite. Peut-être pourraient-ils finalement me convaincre que j’étais aimable? Prise dans ce cercle vicieux, j’en faisais toujours et encore plus… Je n’avais pas le droit de m’interrompre malgré l’extrême lourdeur de la tâche. Sans relâche, je persévérais. Je n’étais pas encore parfaite mais, mince consolation, j’essayais de tout cœur. 

Malgré mon extrême fatigue, j’ignorai les nombreuses alertes envoyées par mon corps qui me suppliait de ralentir. À un certain point, on me diagnostiqua une maladie mentale : le trouble panique. Je n’allais pas pour autant interrompre ma vaine quête. Dans la maladie, j’allais être parfaite. Refusant les médicaments prescrits par mes médecins, je me convainquis que seule je serais capable de guérir. De façon compulsive, je lus tout ce qui s’écrivit sur le sujet. Rarement, en psychothérapie, je baissai la garde. Je demeurais dans mon rôle de la malade parfaite… Mais, tout cela fut insuffisant. J’échouai… Je n’étais pas une malade parfaite… Mon corps allait me le faire comprendre de façon extrême… 

Une nuit, je me réveillai alors que j’avais besoin d’aller à la salle de bain. Je fus toutefois incapable de m’y rendre seule. Respiration haletante, palpitations, sueur abondante, la peur m’avait fait perdre tout contact avec la réalité. Je me suis effondrée morte de fatigue de ce marathon sans fin. Tendrement, mon mari me prit par la main et m’accompagna. Ce fut la première fois de ma vie où j’acceptai d’être imparfaite. Un début… Ce nuit-là, une fenêtre s’ouvrit d’où souffla une douce brise qui m’apporta un instant de calme. Pour la première fois, j’acceptai de me reposer.  

Depuis, bien qu’elle m’apportât luxe et prestige, j’ai quitté une carrière professionnelle, qui était en inadéquation avec mes valeurs, pour embrasser une voie où j’ai le sentiment de faire une différence, de faire du bien pour autrui. Mon mari me dit que j’ai recommencé à sourire.  

Parfois, je retourne encore dans la prison de la perfection même si je sais que le bonheur n’y est point. Un vieux réflexe qui m’accompagnera peut-être toujours?… Peu importe… J’ai maintenant ouvert la porte de ma prison et je me permets de plus en plus souvent d’en sortir. À chaque sortie, je vole, je rêve, je suis libre. C’est merveilleux. 

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1 Commentaire
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Michel Wine
4 années il y a

J’ai lu avec plaisir, je t’ai lu et relu, une chose que j’ai relevé, la valeur de ton temps ^^ tu as 44 ans, tu me donnes une idée, plus de 20 ans d’écart, j’ai raté un virage, tu as pu tu as su pouvoir le négocier. Je prends une parenthèse, l’anonymat en roi plus la santé mentale, il me reste deux mois pour finir tous mes textes, un de plus un de moins tant que j’ai internet ^^ mais ça ne va pas durer ^^. Ou s’arrête la fiction ^^ ou commence le réel ? ^^

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