Note de l’auteur : Étant une passionnée de déco, dans mes romans, j’aime toujours décrire avec forces détails les appartements… Mais si vous préférez sauter ces descriptions trop longues et continuer l’histoire, vous pouvez sauter les passages qui se trouvent entre 2 lignes…
(Point de vue de Sandra)
Je n’en pouvais plus… La vie avec Frank était rendue impossible, et mon contrat chez Houston et Smith arrivait à échéance. Seul hic, vouloir quitter Frank était une chose, mais pouvoir le faire en était une autre. A Montréal, quasiment tous les propriétaires demandaient des références avant de louer leur appartement, et je n’en possédais pas, puisque depuis le début de notre relation, quatre ans plus tôt, Frank et moi avions habité dans l’un des logements dont son père était propriétaire.
Dans ma quête d’un appartement, je venais d’essuyer sept refus pour cause, justement, de manque de références. Attablée devant une Margarita au bar du coin de la rue, j’étais pensive. Je ne souhaitais pas mêler Richard, le père de Frank, à nos histoires. Il fallait pourtant que je trouve une solution. Non pas que je n’aie pas essayé de faire fonctionner la relation avec son fils, mais toutes mes tentatives heurtaient un mur chez Frankie.
La barmaid vint me porter un café cognac, ce qui me fit sortir de mes pensées. Préoccupée, je lui dis que je n’avais pas commandé cette boisson. Chrissie me pointa la serviette sous le verre. Il contenait un mot, écrit au feutre noir :
« Envie de changer d’air ? Que diriez-vous de partir à la recherche de votre charmant sourire ? »
Le message me fit sourire. Je relevai les yeux vers l’autre bout du comptoir. Il était là, à la même place que d’habitude. Un ami du frère de Chrissie. Devant le sourire que j’avais fait, il se leva et vint à ma rencontre.
Tout à coup, mon rythme cardiaque s’accéléra, et je me sentis rougir devant ce regard qui ne me quittait pas des yeux. Je regardai Chrissie qui me fit un thumbs up discret, avec un sourire encourageant.
Je m’apprêtais à esquiver la conversation, quand je reçus un sms de la part de Frank :
“Je ne sais pas où tu es, mais si tu ne veux pas dormir dehors, je te conseille vivement d’être rentrée d’ici 30 minutes”.
Jamais Frank n’avait été aussi vindicatif, et cela me fit changer du tout au tout la réplique que je me préparais à livrer à celui qui venait de se présenter de façon fort diplomate.
– Vous êtes un ami de longue date de Sébastien, n’est-ce pas ?
– Nous avons fait nos études secondaires ensemble…
– Marc, je crois que je vais accepter votre invitation… J’ai effectivement besoin de découvrir de nouveaux horizons…
– Rien ne me ferait plus plaisir…
***
Il prit le manteau de Sandra posé sur le dosseret de sa chaise et l’aida galamment à le revêtir, puis ils sortirent du bar, après qu’elle eut adressé un dernier signe vers son amie d’enfance.
Ils passèrent devant son appartement sur la rue Waverly. Mine de rien, Sandra leva les yeux vers la pièce ou Frank aimait travailler. Elle ne le vit pas, mais la lumière était allumée… C’est à ce moment qu’elle sut qu’elle ne reviendrait pas en arrière, que c’était bel et bien fini, malheureusement, avec Frank.
Marc lui ouvrit la portière de sa Chrysler Sebring de type berline. Tandis que Marc faisait le tour de la voiture et qu’elle s’attachait, Sandra en détailla l’intérieur. Tout était bien rangé, et témoignaient des goûts classiques de son hôte : les sièges étaient en cuir beige, l’extérieur, gris clair, et une odeur délicieuse de musc se dégageait dans l’habitacle. Marc s’attacha aussitôt qu’il se fut assis.
– Qu’avez-vous le goût de faire ? lui demanda-t-il, en vérifiant ses rétroviseurs
– Que diriez-vous d’aller à l’hôtel Parasol ?
– Aller à l’hôtel ???
– Oui… fit Sandra avec un sourire gêné. Il y a un très bon restaurant là-bas. On pourra jaser en toute quiétude… Je ne pense pas que je vais rentrer chez moi ce soir.
– Je ne voudrais pas être déplacé… mais cela fait bien 5 ans que j’entends parler de vous, et j’ai l’impression de déjà vous connaitre, comme si vous faisiez partie de la famille… j’ai une chambre d’amis chez moi… Elle est réservée, justement, à Chrissie et à Sébastien… Vu que vous leur êtes une très bonne amie, je suis sûr qu’ils seraient d’accord pour que vous l’empruntiez…
Sandra était justement en train de regarder les SMS de Chrissie, qui l’invitait à avoir toute confiance en Marc.
– Je suis un peu gênée par la situation…
– Je dois vous faire une confidence : je ne suis pas un habitué des bars et des discothèques… Chrissie m’a dit que vous traversiez une bien mauvaise période avec votre copain… Comprenez, elle respecte vos confidences, mais cela fait longtemps qu’elle me parle de vous, et depuis longtemps, elle disait quasiment souhaiter que vous vous sépariez de votre copain pour qu’on puisse se rencontrer. Et comme cela semblait aller de mal en pis avec lui, elle a insisté pour que je me présente à son travail les soirs ou elle savait que vous y seriez,,,
– Moi aussi, j’entend beaucoup de bien de vous depuis longtemps… Bien que Chrissie ne m’aie jamais ouvertement invitée à tromper mon copain… Elle me raconte souvent des anecdotes sur son frère et ses amis. et je dois bien avouer que c’est de vous qu’elle parlait le plus souvent
Nous roulions sur l’autoroute depuis un moment déjà, lorsqu’il emprunta la sortie de droite, puis quelques petites rues, pour arrêter le véhicule devant un parc. Il sortit un téléavertisseur et appuya sur un bouton. Une porte de garage s’ouvrit pour laisser le passage à un parking souterrain d’une douzaine de véhicules. La porte se referma automatiquement
Marc invita Sandra à sortir par la porte devant eux. Elle découvrit alors une cour intérieure avec piscine creusée, un pan de mur de brique, que Marc désigna comme étant le supermarché auxquels ils avaient accès de l’extérieur de la cour, et au fond, Marc m’expliqua que la propriétaire du mégaplex avait tenu un club vidéo à l’arrière de chez elle dans le temps, à l’usage exclusif de ses 30 familles de résidents, qu’elle avait reconverti depuis en petit restaurant convivial.
Il y avait des entrées sur chaque façade. Sandra suivit Marc qui entra dans le bâtiment gauche. Le plancher était somptueux en marbre, les murs étaient tapissés d’une illustration qui donnait l’impression d’être dans le hall spacieux d’un hôtel. Ils empruntèrent l’ascenseur,dont les murs étaient des miroirs de pied en cap. Marc appuya sur le 4e étage, et quand les portes s’ouvrirent, un large vestibule lambrissé de bois et comportant 2 divans beige 3 places les accueillit. Une porte figurait en face de l’ascenseur, mais Marc emprunta plutôt un couloir étroit, tout à la gauche de la cage d’ascenseur, qui menait à une seule porte au fond
Marc sortit une carte de son porte-feuille, et se tourna vers moi lorsqu’il passa ladite carte devant la serrure magnétique. Il ouvrit la porte, épiant toujours ma réaction.
Et là, Sandra fût ébahie. Devant soi, on se retrouvait directement devant un mur, avec, sur la droite, des portes doubles coulissantes en miroir; ce qui devait être le garde-robe. Mais c’est lorsqu’on regardait vers la gauche que la vue coupait le souffle. Sandra se serait attendu à un appartement contemporain et froid, tout en blanc, noir et argent, et imposant…
Elle se trouvait devant un salon intimiste, aux teintes chaudes. Les murs étaient d’un crème tirant sur le jaune. Contre le mur, en forme de U, 2 divans 3 places entouraient 2 fauteuils, tous d’un tissu mêlé de rouge royal et d’une teinte plus sombre. Des lampes sur des tables d’appoint couleur miel de même que des lumières encastrées illuminaient la pièce d’une lumière tamisée. Le plancher de marbre était crème marbré de jaune très très pâle.
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En entrant dans la pièce, on découvrait le coin salle à dîner sur la gauche, avec une table en chêne couleur miel entourée de ses 8 chaises d’inspiration Louis XV, tendues avec du velours couleur beige.
Par une ouverture dans le mur, on voyait le coin cuisine qui longeait tout le pan de mur du fond. On y entrait par une porte battante en bois sur la droite. Le long couloir, d’une largeur de 2 personnes, était rempli d’armoires surplombant des dessertes, tous en bois de merisier. Au fond, sur la gauche, le frigidaire à portes françaises de 22,4 pieds cube, faisait face à la cuisinière de la même trempe.
En retournant dans le salon, on voyait une porte en bois de merisier sur la droite. Marc lui fit part qu’il menait au couloir qui, lui-même, menait aux 2 chambres et au bureau de Marc et, pour finir, à la salle de bains.
Marc l’invita à tout visiter, et c’est ainsi qu’elle découvrit la chambre dont Chrissie lui avait tant parlé : la couleur des murs, d’un blanc tirant sur le rose très pâle, était reprise par le couvre-lit couvert de dessins de roses rouges. L’ensemble des meubles de la chambre, comprenant le lit, les deux commodes, l’armoire à vêtements, le bureau de travail de même que sa chaise, étaient d’un blanc qui éclaircissait et accompagnait parfaitement la couleur dominante de la pièce.
La seconde pièce était dominée par le set de chambre – lit, commode, miroir, 2 tables de chevet – en bois massif, couleur noyer foncé. Les murs de la chambre de Marc étaient d’un beige très pâle, proche du blanc. Un walk-in était attenant à la pièce, et contenait des garde-robes dans le même bois de noyer… Sans doute fait sur mesure, tant c’était bien fait et concordait parfaitement avec les dimensions de la pièce.
Les 4 murs du bureau de Marc étalaient, dans ses bibliothèques en acajou, la collection complète de ses ouvrages coup de coeur et de ses manuels de référence, Son bureau trônait dans le fond de la pièce, entre son fauteuil voltaire et ses 2 chaises bergères indigo.
Enfin, la salle de bain était équipée de l’antique baignoire sur pattes dont Sandra avait toujours rêvé. Devant celle-ci, le comptoir en céramique indigo sous le miroir contenait 2 lavabos espacés, et les dessertes en-dessous permettaient de ranger toutes les serviettes, débarbouillettes et produits d’entretien ménager. Sandra avança dans la pièce pour mieux voir, située au pied de la baignoire et devant la toilette, emmurant une douche exiguë, l’ œuvre d’art produite à même le verre par un artiste : un chevreuil accompagné d’un daim devant un saule pleureur.
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– Et puis, que pensez-vous de la décoration ?
– J’aime particulièrement la chambre d’invités… C’est votre idée ?
– Non, plutôt celle de ma mère… Et de Chrissie ! Je leur ai laissé le choix de la décoration de cette pièce… Elles y ont voulu une ambiance invitante et reposante, et donc, ma mère a choisi un crème proche du rose pâle. Elle dit que cette couleur peut aller jusqu’à aider à contrer les effets d’une dépression…
– Vous avez fait cette chambre spécialement à leur intention ?
– Oui… Cette pièce étant la leur, je la voulais à leur goût… Avec Sébastien, ce sont les 3 personnes dont je suis le plus proche…
– C’était gentil de votre part…
– Merci… Et si je comprends bien, elle vous plait à vous aussi…
Sandra fut charmée de l’attention qu’il lui témoignait…