Le design de l’amour -3- Bons baisers, je te quitte !

5 mins

Ce fut mon téléphone intelligent qui me réveilla le lendemain, m’avertissant qu’un message texte venait d’être reçu. Par habitude, ma main alla saisir l’appareil avant que j’ouvre les yeux; il y a avait 2 messages, un de Chrissie, l’autre, de Frank :

“Qué Bella ! Alors, ta soirée, raconte !” Cré Chrissie… Elle me fit bien rire

“Mais pourquoi es-tu partie chez tes parents ? Nous avons à discuter, toi et moi… Téléphone-moi quand tu le pourras”

Ce dernier message me réveilla tout à fait, et je regardai autour de moi, avant de me rappeler des événements de la veille.

Marc et moi avions dansé au rythme de plusieurs compositions jouées au piano. En silence, nous avions savouré ces moments magiques. Puis, il avait dû aller se coucher car il devrait partir tôt le lendemain. Moi, mon horaire étant établi de sorte que je faisais mes 35 h sur 4 jours au lieu de 5, j’avais toujours mes vendredis de congé…

Avant que l’on aille s’asseoir au salon, j’avais adressé un SMS à Frank, lui disant de ne pas s’inquiéter, que j’étais partie chez mes parents pour le week-end.

Je ne voulais toujours pas qu’il sache que je n’étais pas si loin. On était vendredi, 10h30. Il serait parti au bureau, ce qui me laisserait le temps de faire mes valises et de les descendre dans mon auto, sans qu’il fasse de scènes… Quand tout serait fait, j’allais pouvoir lui donner un rendez-vous pour qu’on s’explique une dernière fois, avant que l’on se laisse tout à fait.

Je m’assis sur le lit, détaillant avec satisfaction la chambre. La lumière filtrant à travers les stores m’apportait un autre éclairage sur l’ensemble. Mon regard se posa sur la table de nuit, sur laquelle était pliée une feuille. Je l’ouvris, toute à la joie déjà de découvrir ce qu’il m’avait écrit

“Buena giornata, Bella !

Je serai dans l’est en avant-midi. Que dirais-tu de me retrouver Chez Giorgio à 12h30 ? Tu peux me joindre au 555-3623…

                                Marc

A côté d’une assiette contenant divers fruits et un sac de mélange de noix, il m’avait laissé un double de ses clés, ce qui me permit de sortir et de barrer derrière moi, une pomme et une orange à la main, et le mélange de noix dans ma sacoche.

Il fallait que je me dépêche. Faire mes valises ne serait pas si long, et ce qui simplifiait les choses, c’est que tous les meubles appartenaient à Frank… mais je ne désirais pas m’attarder dans l’appartement : plus vite ce serait fait, mieux ce serait.

***

On entrait directement par le salon dans cet appartement, et du salon, on avait accès à chaque pièce. Je restai un moment en plein centre, ce qui me permettait de tout voir. Je pris un instant pour me permettre de vivre les émotions qui me traversaient…

J’avais aimé cet endroit, exactement de la même façon que j’avais aimé Frank. Il m’avait fait entrer dans un nouvel univers en m’ouvrant son coeur, et j’y avais élu domicile avec bonheur. Mais aujourd’hui, une fois ces premières impressions passées, ce sont les souvenirs de nos disputes qui remontaient à la surface.

Marc et moi qui boudions sur ce divan chacun notre tour, quand quelque chose n’allait pas. Les déjeuners que nous nous apportions au lit au début, et le jour ou il avait cassé ma tasse préférée. Les soupers aux chandelles avaient de plus en plus cédé la place aux soupers à l’extérieur, et aux discussions en aparté.

Cela me confirma que même s’il me demeurait un peu d’affection pour Frank, la vie avec lui était rendue non pas impossible, mais malheureuse, et très solitaire. Il était réellement temps de partir, il ne subsistait plus aucun doute.

Alors, j’allai d’abord dans notre chambre, et je sortis mes 3 valises mauves. J’y pliai tous mes vêtements, à commencer par mes robes dans le garde-robes, puis mes pantalons, avant d’aller chercher mes sweaters et mes t-shirts dans la commode, pour finir avec mes sous-vêtements.

Je pris ensuite mon sac-à-dos pour y glisser mon lavage, et apportai le tout proche de la sortie.

Je pris ensuite l’une des 3 boites que j’avais été chercher au supermarché pour y glisser mes bibelots de chevaux et de chiens, de même que mes boules à neige musicales représentant la Tour Eiffel, le Big Ben et Venise.

Dans la seconde boite, j’y glissai mon set de vaisselle en porcelaine… Frank avait le sien. Et dans la dernière, j’y rassemblai mes 12 tasses, ou chacune avait sa propre histoire.

Je scellai ensuite les 3 boites, et les descendis en premier pour les mettre au fond dans ma valise. Vint ensuite ma grosse valise, bien difficile à faire descendre les marches, mais une fois descendues, qui roulait très bien jusqu’à l’auto

Quand j’entendis Frank entrer, j’étais à la salle de bain, et il ne me restait plus qu’une valise et mon sac-à-dos à descendre. Je regardai ma montre: 12h13. Mais que faisait-il là ? Après un instant de silence qui me parut très long, je l’entendis m’appeler :

– Sandra, tu es là ? Qu’est ce que ta valise et ton sac-à-dos font dans l’entrée ?

Je sortis comme il finissait sa phrase, et je vis son expression quand il vit que le garde-robe et mes tiroirs étaient vidés. Il resta un moment interdit

– Ecoute, Frank, cela ne peut plus continuer comme cela ! On se dispute à propos de tout et de rien, et on passe de plus en plus de temps loin l’un de l’autre…

– Tu allais me quitter sans me le dire ?

– J’avais l’idée qu’on aille manger au “Steakhouse”. J’ai profité de mon vendredi de congé pour ramasser mes choses, tu pourras garder l’appartement…

– Evidemment que je vais garder l’appartement ! Il est à moi !

– Il était à nous , Frankie ! Nous étions deux à payer sa rente ! Deux à payer TOUS les comptes !

– Tu ne peux pas partir !

– Tu vois, Frank, c’est cela ton plus gros problème : tu nommes ce que tu veux, et il n’y a jamais place à la discussion avec toi : on doit toujours faire ce que tu souhaites ! Et tu arrives toujours à me faire sentir comme si tout t’appartient, que j’habite toujours chez toi, que je ne possède rien, et cela m’est rendu impossible de continuer à vivre dans cette atmosphère !

– Tu parles comme si j’étais le seul à avoir des problèmes ! Mais combien de fois t’ai-je dis que j’ai besoin de silence quand je rentre du travail, hein ! Tu fais comme si tu ne m’avais pas entendue, et tu continues d’inviter Véronique et Chrissie. Si encore vous ne faisiez pas tout ce raffut ! Combien de fois j’ai pensé qu’on devrait quasiment faire une chambre pour Chrissie, tant elle est ici souvent !

– Oh !… Oh !

J’étais tellement sidérée que pendant un instant, je ne sus pas quoi lui répondre…

– Oh, et bien ! Sois heureux, car elle ne viendra plus t’importuner ! Fis-je rageusement en saisissant mon sac-à-dos. Mais il me saisit par le bras, avant que je puisse continuer

– Il est hors de question que tu partes !

– Oh mais si, je vais partir ! Lâche-moi !

– Non !

– Oui ! Frankie !

– J’ai dit non !

– La demoiselle a dit vouloir partir. Lâchez-la !

– Qui vous êtes, vous ? Et de quoi vous mêlez-vous ? Sortez de chez moi !

– Je suis l’un des très nombreux amis de Sandra, et mon nom ne vous regarde en rien !

Marc fit une prise à Frank qui, aussitôt, me lâcha

– Sandra, je vous inviterais à prendre vos affaires, et à partir sur-le-champ, fit-il, d’une voix grave et posée

– Sandra ! supplia Frank, tandis que je saisis ma dernière valise

– Au revoir, Frank !

J’eus un regard de dépit pour lui.

– J’avais cru qu’on pourrait demeurer amis, mais dans ce contexte, pardonne-moi, mais je ne crois plus que ce sera possible

Et je m’éclipsai. Je rentrai dans ma voiture et mis mes derniers paquets par terre du côté passager, avant de m’attacher et de me mettre aussitôt en route. Je laisserais un SMS à Marc dans une dizaine de minutes… Pour l’instant, je voulais juste sortir du quartier et m’éloigner de tout ce qui m’était rendu coutumier ces 4 dernières années

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