Ecrire 1

Les premiers mots d’une longue aventure ? A suivre…

Ne serait-ce qu’un rêve ?

Ecrire. Pourquoi ? Pour qui ? Comment oser libérer tous ces mots retenus ? Dans quel but se livrer ?

Et pourtant, depuis que cette idée “écrire un livre” a surgi dans mon esprit, elle ne le quitte plus. Elle l’occupe tout entier dès qu’il est libéré des ses obligations quotidiennes. C’est comme si elle frappait derrière les carreaux d’une vitre. Avec douceur d’abord, pour manifester sa présence délicatement comme une enfant timide qui voudrait dire : “eh, je suis là, pense à moi”. Et puis au fil des jours qui passent et se ressemblent, elle cogne de plus en plus fort. On dirait que de la buée se forme sur les vitres, qu’elle étouffe. Elle ne demande qu’une seule chose : ouvre-moi !

Alors voilà, elle a gagné, ce soir, j’ouvre la fenêtre, je la laisse respirer enfin et peut-être exprimera-t-elle des choses auxquelles je n’aurais jamais songé en commençant à taper les premiers caractères de ce texte.

Mais que dire ? Je me soumets toujours à l’auto-censure et la culpabilisante voix qui tourne en rond dans ma tête en répétant à qui veut bien l’écouter que tout cela ne sert à rien et après tout ce n’est pas mon métier d’écrire. Toujours en quête de perfection impossible à atteindre. Alors pourquoi seulement perdre du temps à ajouter une lettre derrière une autre, une syllabe après l’autre, un mot puis un autre ?

Je veux faire taire cette petite voix misérable qui ne m’apporte rien de bon. Je ne veux plus lui laisser voix au chapitre. Qu’elle aille donc se loger dans les sombres archives d’un passé révolu ! A moi de ne pas lui laisser de place pour s’exprimer. Cela suffit. Elle a fait son temps.

Aujourd’hui, je veux ouvrir la fenêtre vers un nouveau monde. Un monde inconnu. Il fait un peu peur. Je fais le premier pas. Je ne sais ce qu’il adviendra. Peu importe. Sûrement que personne ne lira ces lignes. Je vais prendre les choses de cette manière, je crois. Ne pas penser au regard des autres, si j’écris, c’est pour moi. Je choisis en ces instants de prendre soin de moi et de mon monde intérieur. Ecrire pourrait être un moyen de déposer toutes les pensées qui m’habitent et tourbillonnent.

Oh non, écrire un roman n’est pas à l’ordre du jour. Je n’ai pas envie d’imaginer une histoire. Non, ce n’est pas cela qui m’attire. Je ne sais trop comment qualifier ce projet un peu vague. Tiendra-t-il plutôt du journal intime, des pensées plus ou moins spirituelles sur le sens que je voudrais donner à ma vie ? Mettre noir sur blanc mes réflexions au fil des jours ? Un recueil de pensées ?

La poésie. Un recueil de poèmes. Oui, cela éveille en moi un enthousiasme réel. Cependant, il y a déjà des poèmes écrits autrefois, il y a de très nombreuses années, sous le joug d’une souffrance. Rares sont les personnes de confiance qui ont eu l’heur de les lire. Auraient-ils leur place ? Ne serait-ce pas restreindre les possibilités futures que de partager ces errances douloureuses ? Pourtant, je ne pense pas souhaitable de faire fi de leur existence et de commencer à écrire en faisant comme s’ils n’existaient pas. Je ne peux les ignorer, ils font partie de ma vie, ils sont le miroir de mes pensées d’alors qui font que je suis devenue celle que je suis aujourd’hui.

Si maintenant je me mettais à écrire des poèmes… Sur quel sujet ? L’angoisse de la feuille blanche refait surface. On écrit sur commande un poème ? Je ne le pense pas. J’ai toujours eu l’impression que pour moi écrire signifiait répondre à un besoin intérieur. A la nécessité d’ouvrir la porte aux émotions et de les graver sur papier.

Comment oser partager ce que j’ai de plus intime, de plus secret avec un hypothétique lecteur ? Pourquoi le partager ? J’ai trop souffert de remarques négatives sur mes actions ou inactions du passé. Quelle serait l’utilité de mon acte d’écriture ?

D’aucuns disent apprécier ma façon d’écrire dans des circonstances ordinaires. Je veux bien l’entendre ou le lire. Seulement à quoi cela sert-il ? En quoi lire mes écrits apporterait-il quelque chose de positif au lecteur puisque je n’écrirais que pour moi ?

La boucle est bouclée. Voilà que je suis revenue au point de départ et que la fenêtre de l’enthousiasme créatif s’est refermée.

00h28