21 mai. 23 h 02.
Deuxième jour. L’attirance est plus forte que la peur de mal faire. Et c’est très bien ainsi. Toute la journée, j’ai pensé à ce moment où j’allais enfin pouvoir me retrouver devant mon clavier et tester l’écriture 3.0. Et cela m’emplissait de joie. Comme si après une trop longue nuit, tout à coup, le soleil se levait enfin, le soleil du bonheur qui vient de l’intérieur.
Je suis de plus en plus convaincue que le bonheur ne vient pas des autres, il est bel et bien à l’intérieur de nous, il suffit d’avoir le courage de le chercher et de l’appeler. Oui, trop souvent la peur nous mène à la baguette, trop souvent nous n’osons pas sortir de notre coquille. Il est tellement plus facile pour l’esprit de rester esclave d’un passé qu’il connaît, quand bien même ce passé soit désagréable, ce présent inconfortable. Au moins sait-on de quoi il est fait.
Durant des années, la peur m’enfermait dans un carcan. La peur de mal faire, la peur de ne pas plaire, la peur de me faire remarquer. Aujourd’hui subsistent encore des traces de ces peurs héritées de l’éducation que j’ai reçue. Je crois qu’on ne guérit jamais totalement de son passé. On peut juste apprendre à vivre avec et tâcher d’en tirer le meilleur. Il y a longtemps déjà que j’ai entrepris de me libérer peu à peu des chaînes qui entravaient ma liberté de pensée et d’agir. Quand le soleil en moi s’éteint, elles se referment à nouveau pour constituer à nouveau le cadre sécurisant que je connais.
Laissons donc de côté les idées sombres. Ce soir, j’écris à nouveau et c’est source de joie. Je n’aurais pas cru que c’était si facile de le faire sur un ordinateur. Je commence même à me demander si cela ne va pas plus vite que d’écrire à la main tant les mots s’enchaînent sur l’écran comme à la vitesse de la pensée. Presque sans aucun temps mort. Je m’étonne moi-même. Je ne peux croire que ce soit celle que je connais qui écrive vraiment ces lignes. Ça peut paraître absurde, mais j’ai le sentiment que c’est une autre personne qui écrit.
Et dès qu’un temps mort survient au détour d’une phrase, c’est comme si un éclair de lucidité me frappait et interrogeait : « Mais qu’est-il donc en train de se passer ? » Je m’étais pourtant fermement convaincue que je n’étais pas capable d’aligner des phrases de façon cohérente et surtout de façon aussi longue d’après le souvenir de mes dissertations d’école, et voici que les paragraphes s’enchaînent tout seuls. Je suis impressionnée. Agréablement.
Au fond, il fallait juste que je me fasse confiance à moi-même, que je franchisse ce fameux premier pas pour que suivent les autres. Cette découverte me réjouit. Je sais désormais que je peux considérer mon ordinateur autrement que comme un outil de travail mais bien comme un outil qui me permettra de vivre une seconde vie beaucoup plus passionnante.
J’aime beaucoup les citations, d’ailleurs je les collectionne dans un petit carnet depuis le lycée. Ma préférée jusqu’ici était celle de Gérard de Nerval « Le rêve est une seconde vie ». Tiens, ce serait un sujet d’écriture peut-être intéressant le rêve. Mais ce n’est pas le propos aujourd’hui. Aujourd’hui, j’aurais envie de détourner cette citation en disant « Écrire est une seconde vie ».
Cela rejoint l’idée que j’ai l’impression d’être quelqu’un d’autre en enchaînant si naturellement tous ces mots et caractères. Ce n’est pas le rôle qui me définit habituellement. Je viens de trouver un nouveau masque, un nouveau costume dans mon vestiaire. Mais est-ce vraiment un masque ? N’est-ce pas plutôt la vraie personnalité qui se fait jour dans ces mots ? D’aucuns pourraient trouver cela effrayant. Deux personnalités ? Mais alors, aurais-je peut-être besoin de soins ? Je ne sais. Ce dont je suis sûre par contre, c’est qu’endosser le costume d’apprentie écrivaine me convient parfaitement. La vie serait triste, si nous n’avions pas cette capacité de sortir de nos schémas habituels, sortir de notre routine personnelle ou professionnelle. Je trouve ça parfaitement agréable de savoir qu’un costume plus joyeux m’attend après ma journée consacrée aux obligations de tous ordres.
Hier soir, après avoir écrit mon premier “pavé”, je me suis endormie facilement, apaisée malgré les multiples contrariétés de la journée. J’ai passé une excellente nuit. Tout cela me porte à croire qu’écrire doit désormais faire partie de mon quotidien, comme un besoin vital que je n’avais jusqu’ici jamais écouté. Quoi de mieux que se retrouver face à soi-même et mettre en mots les maux et pensées qui nous traversent ?
Ce soir, je conclus avec la certitude que d’autres jours suivront pour approfondir ma relation naissante à l’écriture.
23h40
J’aime beaucoup ce côté journal intime.
Merci ! J’hésitais un peu à publier à vrai dire. Comment une personne extérieure peut trouver un intérêt à lire ce qui me passe de façon désordonnée par la tête… Ce soir, après nouvelle relecture, je publie la suite numéro 3 et j’écris la suite numéro 7 ????
Moi ça me plaît. Je pense que personnellement j’y trouve un intérêt car je lis tes textes comme une histoire. Et après tout, tous bon roman est partis de quelque chose qui passait par la tête de l’écrivain et d’idées désordonnée.
Continue. J’aime bien.