Conte 5 : Belinda Laddhyn et la Torche Magique – 3ème Partie

5 mins

Lui était là parce qu’il voulait devenir infirmier. Il avait tout fait pour cela. Il avait tout fait pour enfin être là. Et maintenant qu’il y était, un nouvel obstacle se dressait sur sa route alors même qu’elle n’était pas encore assisse sur sa chaise de bureau. Son sourire narquois, son regard, sa façon de se comporter, d’être, tout lui disait qu’elle le ferait chier autant qu’elle le pourrait juste parce qu’elle avait ce petit pouvoir…d’emmerder le monde ! Peut-être même, juste, parce que cela l’amusait.

Et il n’eut pas tort. Trop fort mon pote comment t’assure !

Elle lui sortit alors tout un baratin sur son âge, sur son parcours professionnel, sur le fait qu’il n’avait pas les capacités de passer le concours…sans oser dire les capacités cognitives…moi aussi j’en connais des mots savants, pétasse !…en gros que c’était un con pour vous mettre les points sur les    « i »…et certainement pas pour suivre la formation et exercer ce métier, qu’ils n’en avaient pas les moyens matériels…cette feignasse de merde aux poches retournées, profiteur de ceux qui bossent ! Vas-y, dis-le poufiasse !



Mais en était-il seulement conscient ? Était-il conscient qu’il n’était qu’un pauvre imbécile, façon de parler, incapable de prendre une bonne décision ? Était-il seulement conscient qu’il n’avait rien à faire là ? Était-il seulement conscient que son odeur de merde de sans-le-sou empuantissait son bureau ? Elle voulait simplement lui faire entendre raison avant qu’il ne se plante comme le gros connard de merde qu’il était. Elle, elle était aussi là pour ça. C’était son travail, aussi !

Mais elle va fermer sa gueule la grognasse de merde. Elle va laisser mon copain tranquille ! Il lui a rien fait, salope va ! Hein ! Lui il a une fille à élever hein ! Et même bientôt une vache ! Une vache, merde ! Et tout ce qu’il a fait, ça compte pas, hein ! Tous les sacrifices ! Et toutes les fois où…non mais oh ! Pétasse ! Retire les doigts de ton cul ça te bouche les artères du cerveau ! Tête de con, va !…euh…désolé je me suis laissé emporter, c’est comme ça quand on s’attache à ses personnages, vous ne pouvez pas comprendre vous n’écrivez pas vous !…euh…salope, va !…désolé y en avait encore un à la traîne…voilà tout fini y a plus de gros mots dans la bouche du monsieur…euh…non…ouais c’est bon…on y retourne…



– « …j’espère que vous êtes conscient de tout ça ? 

Et vous ? Vous avez conscience des sacrifices que j’ai dû faire ? 

J’ai… 

S’il vous plait, j’ai écouté votre baratin, ayez au moins la courtoisie d’écouter le mien…rassurez-vous, je suis bien conscient comme vous dites, que vous n’en avez rien à foutre de ce que je peux dire ou de ce que j’ai pu faire. Je sais très bien que si vous pouviez me faire crever vous le feriez, juste parce que vous pensez pouvoir en décider et que vous vous dites que je n’ai qu’à subir vos petites manigances ou mesquineries, que je n’ai qu’à me soumettre à votre petit pouvoir juste parce que ça vous arrange…juste parce que je ne suis qu’un bon à rien, un incapable…

Je n’ai… 

S’il vous plait !…  l’interrompit-il aussitôt, calmement, sans même élever la voix, si vous aviez bien lu mon dossier vous vous seriez rendu compte que je n’ai pas repris des études puisque je n’en ai jamais faites. Mais que j’ai passé le bac en candidat libre, que je m’y suis préparé en prenant des cours à distance et que je l’ai obtenu avec mention. Je ne l’ai pas fait en me disant « tiens je vais passer le bac ça va m’occuper, comme ça quand je serai convoqué à Pole Emploi j’aurai quelque chose à leur dire à ces connards »…non je l’ai fait parce que j’avais un objectif et pour l’atteindre j’ai dû faire des sacrifices…[elle l’écoutait parler plus ou moins, le regardant parfois. Et son regard hurlait que tout ça l’ennuyait profondément et qu’elle s’en foutait royalement]…que je me suis posé mille et une questions sur ce que j’aimerai faire, sur quel métier j’aimerai exercer. Je me suis bougé pour aller voir des gens qui occupaient ces métiers, voir comment ça se passait…la plupart du temps je me suis fait envoyer chier comme une pauvre merde ou alors on se foutait ouvertement de ma gueule. J’ai dû passer des bilans de compétences et des tests, participer à des réunions et tout un tas d’ateliers à la con qui m’ont fait perdre un temps que je n’avais pas à perdre…je suis venu vous voir il y a quelques mois et vous avez refusé de me recevoir. Vous m’avez dit que je n’avais qu’à regarder sur internet. Et que si je ne savais pas ce que c’était que le métier d’infirmier à mon âge, il valait peut-être mieux que je n’essaie pas de l’exercer. Je sais bien que vous m’avez oublié mais pas moi…et maintenant vous voulez me donner un cours sur le fait que je ne suis pas conscient de ce que je fais, de ce pourquoi je me bats…vous ne m’avez même pas essayé de savoir si j’étais motivé ou pas ou pourquoi je voulais exercer ce métier. Vous m’avez juste dit que je ne le pouvais pas parce que, juste comme ça dans un coin de votre tête vous l’avez décidé…parce que c’est comme ça, que je dois me soumettre à votre volonté, vous obéir parce que vous êtes derrière un bureau. Mais ce bureau ne vous rend pas meilleur que moi. Vous n’avez pas plus de droit que moi. Ce n’est pas à vous de décider pour moi ou m’obliger un faire un choix que je ne veux pas faire. Peut-être que je vais me planter, j’en sais rien…mais je ne vous laisserai pas en décider à ma place.

On ne fait pas toujours ce qu’on veut… se murmura-t-elle, on n’a pas toujours le choix.

Temps qu’on respire, on peut se battre alors dire qu’on n’a pas le choix c’est de la lâcheté » lui rétorqua-t-il en la regardant, elle, droit dans les yeux, sûr, tellement certain.

Elle sentit alors tout son corps se glacer comme si son regard était chargé de milliers de lances de glace qui vinrent la transpercer. Puis, d’un coup, aussitôt, elle se retrouva envahie d’une sorte de chaleur d’une intensité incroyable. Une intensité qu’elle n’avait jamais ressentie. Aussitôt, elle sentit son cœur se mettre à battre fort dans sa poitrine. Ce con devant elle, elle se mit à le haïr en une fraction de seconde. La colère, la rage monta en elle. Elle aurait pu se lever de sa chaise et lui planter son talon dans l’œil, elle l’aurait fait sans hésiter. Connard, va !

– « Ecoutez…vous voulez passer ce foutu concours, vous voulez vous planter c’est pas mon temps, c’est pas mon fric, c’est pas ma vie…[elle appuya sur une touche du clavier de son ordinateur]...voilà c’est fait vous êtes inscrit ! Monsieur est satisfait !

Je ne vous demandais rien d’autre que de me laisser ma chance…[Calmement, il se leva de sa chaise et se dirigea vers la porte de ce bureau]…je peux vous poser une question, Madame ?Que diriez-vous si quelqu’un n’avez qu’à appuyer sur une touche pour changer toute votre vie sans que cela ne lui coute quelque chose et qu’il ne le fasse pas ? Que lui diriez-vous ? ».

Si elle avait pu lui sauter dessus et lui arracher la gorge rien que pour voir son sang en jaillir et le voir crever lentement, elle l’aurait fait. Sans aucune hésitation.

– « Au revoir, Monsieur Hayllon ».

Il sourit, vu la gueule qu’elle tirait, il avait touché un point sensible.

– « A bientôt, Madame Laddhyn…je…à bientôt ».

Oh putain ! Ça, c’est mon pote ! Comment qu’il l’a défoncée la grognasse !…euh pardon…euh…je ne dirai plus de gros mots…

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