Personne n’est parfait-chapitre 19

3 mins

Partie 2 : L’écho

Chapitre 19

2014, encore. Après sa sortie de l’hôpital, c’était d’abord Elizabeth qui avait entrepris un pas vers moi. Un petit pas, sur la pointe des pieds, comme lorsque toute la famille est couchée et qu’on ne veut pas la réveiller. Voilà comment discrètement, elle était réapparue dans ma vie et comment, de la même façon, j’étais réapparu dans la sienne.

Pourtant, à la façon dont elle m’avait envoyé balader la première fois, jamais je n’aurais cru avoir encore un jour de ses nouvelles. Je la pensais trop fière. Comme quoi, parfois, la nécessité de chasser la douleur se fait plus forte que le reste. Alors on s’est revus et on a essayé d’apprivoiser ce que nous étions devenus. Malgré tout, je restais sur la défensive, je ressentais l’incertitude. Ce sentiment qui me disait qu’on est jamais à l’abri. Et ce, même si j’avais l’impression d’emprunter un chemin que je connaissais déjà.

Ainsi, je lui parlais délicatement, à voix basse, comme si je ne voulais pas la déranger, comme si je voulais remettre les choses à leur place. Elle me faisait de la peine. Jamais je ne l’avais vu autant souffrir. Et pas seulement physiquement. Les mois ont passé, et les saisons aussi. Je lui ai réappris à marcher, à sourire, à croire, enfin c’est ce que je pensais.

En ce mois de novembre plus gris que jamais, je me suis présenté à sa porte, une fois de plus.

Ça m’a toujours fait rire ces scènes de cinéma ultra romantiques. Il pleut des cordes. On a l’impression que la flotte s’infiltre de partout, sauf sur les héros, sourires clinquants, yeux brillants, déclaration d’amour enflammée.

Moi, j’avais couru, j’étais trempé, grelottant mais il fallait que je la vois. J’avais passé plus de deux heures chez elle et j’avais oublié ma sacoche sur son canapé. Le peu de temps que j’avais mis à revenir avait suffit à me transformer en éponge. Déjà qu’avec l’âge, je me trouvais de moins en moins à mon avantage, alors ce jour-là…

Mes pieds baignaient dans l’eau, émettant un ridicule couinement à chacun de mes pas et j’aurais pu essorer mon jean comme une serpillière. Génial. J’avais les nerfs en pelote et une seule envie, dégager d’ici au plus vite, je devais prendre mon service.

Quand elle m’a ouvert la porte, j’étais en train de secouer mes bras dégoulinants et elle n’a pas pu s’empêcher de rire, s’en est excusée. En vérité, je crois qu’elle avait surtout besoin d’évacuer un trop-plein d’émotion. Car, ce que j’ai immédiatement remarqué, ce sont ses yeux rougis. En quelques instants, j’ai pris une douche froide.

Elle m’a proposé de rentrer, de me sécher, d’attendre que le temps se calme. Mais j’étais pressé.

– Je repasse demain, promis.

– C’est gentil Arnaud. Mais te donne pas tant de mal, passe quand tu peux.

Je venais ici souvent, j’imaginais lui faire du bien, et pas une seconde je n’avais envisagé qu’elle ne guérissait pas de ses blessures.

Sa sincérité était tellement désarmante. Depuis des mois, elle retenait ses sentiments prisonniers. Après notre rupture, elle avait eu d’autres hommes, oui. Mais elle n’avait jamais réussi à m’oublier. Et moi, comme un idiot, je m’immisçais à nouveau dans sa vie. Qu’est-ce que j’attendais ?

J’étais incapable d’exiger quoi que ce soit de sa part. Je voulais simplement la voir rejoindre le monde qu’elle semblait vouloir fuir, le monde des vivants. Alors je tirerais un trait sur le passé, j’accepterais ses reproches, si elle en avait. Je le lui devais, comme une vieille dette que seul le diable aurait pu me racheter. Je l’avais décidé, je me condamnais à la protéger quoi qu’il arrive. Je garderais nos secrets d’amants maudits. Pas avec toi, pas sans toi. Et tant pis. Elle avait besoin de moi, autant que de cette solitude dans laquelle elle s’enfermait de temps en temps. J’étais le seul à pouvoir l’aider à s’en sortir. Le seul à pouvoir la guider vers la lumière.

Je lui ai mis la main derrière la nuque en l’embrassant sur la joue, avant de me sauver en lui disant.

– Non, demain et plus encore.

Je n’avais rien prémédité. Mais ce jour-là, je me le suis promis. Je t’aimerai toujours, envers et contre toi.

Inspiration : November Rain, Guns N’Roses


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