Partie 2 : L’écho
Chapitre 39
Jamais là quand on a besoin de lui. Pourtant, il faut que je le vois. Il faut que je sache, qu’il m’explique. Comment pourrait-il ne pas être au courant ? J’ai toujours su qu’il me cachait des choses et j’ai préféré lui laisser croire que je ne savais rien pour retrouver son amour. J’espérais que mes efforts finiraient par payer, que notre relation se transformerait en un « happy end » digne des plus merdiques comédies romantiques. Je serais même encore capable de lui pardonner aujourd’hui. Quelle conne ! J’espérais simplement qu’il finisse un jour par tout m’avouer de lui-même, sans que j’ai besoin de le supplier.
Mais le hasard fait parfois mal les choses. Alors ce soir, c’est moi qui vais le provoquer. Je vais supplier Arnaud de me cracher la vérité. Toute la vérité. Sur lui et ma mère, sur mon accident, sur Jimmy… sur la mort de Jimmy. J’ai de quoi le faire parler et je suis prête à tout entendre. Même qu’il aime encore Émilie. Je l’ai toujours su au fond mais j’ai préféré m’obstiner, comme pour tout ce dans quoi je m’investis. Émilie… Sa lumière, son étoile. Moi… moi, j’aurais beau faire tout ce que je veux, je paraîtrais toujours terne. Voilà pourquoi ils ne me les a jamais présenté, ni elle, ni Raphaël. Je suis la nuit, elle est le jour. Émilie dégage cette douceur et cette sympathie qui font se sentir bien à son contact. Elle est la mère de son fils, elle est ce qu’il représente pour moi.
Je marche le long du canal, j’ai tellement de mal à respirer. Mon cœur me lâche. Je ne veux pas. Je ne veux pas mourir, je veux la vérité avant. Je décide de m’asseoir le long du canal, les larmes coulent doucement puis sûrement. En fin de compte, rien n’a d’importance dans cette vie, ni le temps, ni l’espoir. (Tout ça, c’est de la foutaise.)
Je suis seule ce soir, je suis seule dans ce décor que j’ai pourtant toujours trouvé magique. Paris. Je devine la flèche de la Tour Eiffel qui émerge des arbres verdoyants bordant le canal. La pierre a vécu ici, elle en a vu d’autres. Je la caresse en imaginant tout ce qu’elle a enduré. J’ai mal.
Je pose ma main sur ma poitrine, j’appuie fort, je voudrais que cela fasse disparaître la douleur. Mais elle persiste. Je me sens à l’étroit dans ce corps. Mon souffle est court, l’air se fait rare, ma tête commence à tourner. La réalité m’échappe.
Tandis que je commence à m’étourdir, il me semble qu’une main me saisit par le bras. Je ne comprends pas, je me retourne, sans un mot. Un inconnu s’inquiéterait-il de mon sort ? Non. Ce visage-là, je le connais. Le brouillard s’épaissit dans ma tête, j’ai peur de tomber. J’attrape mon sauveur par les bras, je voudrais qu’il m’aide à m’éloigner du rebord de ce canal. J’ai peur. En fin de compte, il suffit de pas grand-chose pour qu’une situation se retourne, de pas grand-chose pour qu’un malheur prenne fin.
Mes mains se crispent sur ses avant-bras, j’entends une voix à laquelle je suis incapable de répondre. Dans son regard, je lis de l’incompréhension. Cette personne ne comprend pas ce qui m’arrive, elle ne comprend pas mon comportement. Elle m’implore de lui donner des explications, elle m’implore de la lâcher mais elle est ma seule chance alors non, je ne veux pas lâcher. Elle essaie de se dégager de mon emprise. Elle s’agite, elle s’agite trop. Comment lui faire comprendre ?
Ses mouvements vifs me font perdre l’équilibre. Le contact avec le froid de la Seine me fait reprendre mes esprits. Devant mes yeux grands ouverts, je vois défiler ma vie, là, dans l’onde trouble et ce n’est pas très joli. Quel gâchis… Tant pis.
Je suis en apnée. Mes dernières forces se font la malle. Je ne veux plus lutter. Je ne veux plus la vérité. En fin de compte, rien n’a d’importance dans cette vie, ni le temps, ni l’espoir. Tout ça, c’est de la foutaise.
Inspiration : In the end, Linkin Park
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