La sorcière qui avait perdu son balai.

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La sorcière qui avait perdu son balai.
 
Il était une fois une sorcière bien très belle,
Qui n’avait pas de chapeau pointu, mais une ombrelle.
Elle avait aussi un beau nez et les gants, un manteau de poils de chameau.
Un chat et un corbeau.
 
Le chat répondait au nom de minet, il avait une belle fourrure en rayures grise et jaune, où le contraire, je ne sais.
 
Le corbeau au corps beau d’un plumage noir de geai qui, à ravir, lui seyait, se nommait lui, Trobeau.
 
La vie se vivait agréablement dans la chaumière, entre le jour et la nuit. Entre les potions à mijoter, les visites rendues aux amis, sorciers, magiciens, trolls et farfadets, lorsqu’un jour funeste, un de ces jours que l’on aime voir, un jour bien noir, arriva.
 
Ce fut un jour qui commence un matins de printemps, alors que le soleil pointe derrière les montagnes, que l’on sent monter la sève des arbres et que l’on entend le chant des oiseaux. Que la fleur printanière offre ses senteurs, heureuse de fleurir après l’hiver, enchantant le nez des sorcières qui n’est pas toujours fourchu, chapeau pointu !
 
Dans cette belle humeur d’une belle raison qui s’annonçait, notre sorcière voulut s’enquérir de son balai, car comme il est en cette saison, est le grand nettoyage de toutes les maisons.
 
Mais de balai point, là où d’habitude, dans son placard, elle le rangeait.
–       Ah ! S’exclama-t-elle, l’aurais-je rangé dans un autre coin ? Point, je ne m’en souviens. Pomme de reinettes et pustules de crapauds, ne l’aurais-tu pas vu Trobeau mon cher corbeau ?
–       Non, désolé mais dehors je vais, car il fait un printemps de belle saison. Et d’un coup d’aile par la fenêtre ouverte, notre bel oiseau s’envola.
–       Et toi, ne l’as-tu vu ? S’enquit-elle auprès de son minet.
–       Non, désolé, mais je préfère encore dormir, j’ai eu une longue nuit à venir pour pourchasser les souris. Et fermant promptement ni une, ni deux, les yeux, s’endormit.
 
– Oublier une formule magique, cela peut arriver ! Se sermonna notre sorcière. Le grand livre de recettes magiques vous permet de la retrouver. Mais un balai ? Quelle idée ! Pourtant je suis sûre que dans mon placard, cet hiver, je l’eus rangé. Car n’est en cette saison de froid et de gelées, que nous sorcières, aimons voler !
 
Elle fouilla dans toute sa chaumière, du grenier à la cave, entre les toiles d’araignées, demandant même aux rats, à la souris épuisée d’avoir toute la nuit été pourchassée par ce « Vilain chat » . A la chouette qui hulule à la lune, mais elle non plus ne pu lui dire, où son balai était rangé.
 
– Serait-ce qu’une sorcière jalouse me l’aurait volé à la nuit dérobée, pendant que nous étions tous couchés ? Allons, allons se raisonna-t-elle, il est impossible en ce pays des magies imaginaires, que l’on me vola mon  balai.
 
Alors si on ne lui avait volé, serait-il perdu ?
–       N’aurais-tu vous pas vu mon balai demanda-t-elle à son chat qui venait de se réveiller à tout le tumulte qu’elle avait engendré.
–       Non, non répondit-il 
–       Mais, ajouta notre minet, ne l’aurait-tu pas oublié chez ta cousine lorsque hier, tu lui rendis visite ?
–       L’avais-je en repartant ?
–       Il me semble dit le chat. Mais en y repensant, ajouta-t-il en se grattant le menton. Ne t’es tu pas arrêtée auprès d’un arbre, pour ramasser des champignons ?
–       Oui, oui affirma Trobeau le corbeau qui venait de rentrer de son envolée. D’ailleurs ne sentaient-ils pas bons que tu voulu les ramasser pour t’en faire une bonne potion ?
–       Oui, je m’en souviens, j’en fit aussi une bonne omelette, une soupe avec des potirons. Alors retournons dans les bois, pendant que le loup n’y est pas, car s’il y était il me dirait peut-être s’il a vu mon balai. Fit-elle d’un air gai.
 
Et ni une ni de deux, ils s’en furent tous les trois, dans le bois voir si le loup y était et aurait vu son balai.
 
Mais avant de partir dans ce petit bois derrière chez soi, notre sorcière qui n’était pas une ingénue, prit soin de prendre un grand sac où elle mit du pain, du fromage. Un litre d’eau, une fiole de sirop. Des graines pour l’oiseau, du jambon, un saucisson, et une passoire pour attraper les têtards dans les mares et des canards, de quoi bien pour nourrir son chat. Parfois aussi, elle aimait pêcher des tout petits poissons si bons, si fameux, que l’on cuit le soir au coin du feu. Mais ne nous égarons pas, surtout dans les bois, car même si le loup y était, il se pourrait qu’il n’aurait point vu le balai. Notre sorcière prit aussi, un vieux tromblon, une sorte de ces vieilles pétoires qui tirent à un coup du gros sel et fait très mal aux fesses. Car dit-elle :
– On ne sait jamais. Il vaut mieux être prévoyant, surtout si on rencontre des brigands, des voleurs, des charlatans, des bandits, des êtres malfaisants.
 
Ainsi de son tromblon bien armée, le sac de provisions bien rempli, ils partirent sans peur, mais avec beaucoup de reproches d’avoir égaré ce balai qui lui venait de son arrière grand mère, elle aussi une sorcière.
 
Une autre de ces sorcières qui vivent si vieilles que …
Mais là, c’est une autre histoire, que je vous raconterais plus tard.
Si un jour j’en ai le temps, pour vous et vos enfants.
 
Reprenons notre conte qui pour vous, compte, car ne sera-t-il celui qui, le soir, se racontera ?
 
Ils croisèrent l’ours,
– As tu vu mon balai ? Demanda notre sorcière.
– Non pas vu de balai, mais un essaim d’abeilles avec du bon miel. Et il sen fut en se frottant son ventre bien repu.
 
Ils croisèrent l’écureuil,
–       As tu vu un balai ? demanda le chat.
–       Non, mais de belles noisettes que je vais vite ramasser avant qu’un autre ne vint me les voler.
 
Ils rencontrèrent le bouvreuil.
–       As tu vu notre balai ? Demanda le corbeau
–       Non. D’ailleurs à quoi cela ressemble-t-il un balai ? Mais avant que ne réponde Trobeau s’était envolé, l’oiseau.
 
Puis ce fut au tour d’un daim qui, d’un regard de dédain, affirma que l’on devait savoir ranger ses affaires, ainsi jamais on ne les perdrait. Et disant cela, dans un bosquet touffu, disparu.
 
Continuant leur recherche, ils rencontrèrent  un hibou qui du haut de son arbre fit hou, hou à un autre hibou qui du haut de son grand chêne, répondit que non plus il n’avait pas vu le balai.
 
Ils demandèrent au serpent qui serpente parmi les hautes herbes, à la musaraigne, la belette à l’alouette. Mais que nenni, que ni non, de balais, il n’en avait vu dans la région.
 
–       Et si nous demandions au fermier, voire la fermière ?  Demanda la sorcière.
 
Ils quittèrent donc le petit bois, pour se trouver non loin de la ferme, à l’orée de la clairière.
 
Le chien était attaché, mais pas le cheval, ni les gorets. Encore moins les vaches, les poules, le coq et une oie, les poulets qui les apercevant, ne purent se retenir de hennir, de crailler, de grogner, de meugler, de caqueter pour avertir les fermiers, qui, lui fourche à la main, elle d’un martinet, d’une grosse voix, vocifèrent :
–       Chasse à la sorcière, chasse à la sorcière. Chasse à son chat et à son corbeau, qui vont nous apporter la poisse à notre maison.
 
A cette époque étaient tenaces, les superstitions. Et l’on croyait encore que les chats, les corbeaux, les sorcières, n’apportaient que tristes misères, sorts en tous genres, et vilaines malédictions.
 
Sans demander leur reste, nos trois amis prirent la poudre d’escampette.
 
Essoufflés, harassées dépités, déconfits, désolés, pleurants, gémissants, grinçant des dents sauf le corbeau qui du bec, de peur, claquait, ils arrivèrent saufs, à leur chaumière.
 
Alors tous trois dans une harmonie de sons geignants, sciant et discordants, ils se couchèrent sans avoir mangé, car le sac en courant s’était déchiré, et tout ce qu’il contenait, fut perdu à jamais, sauf la passoire qui resta accroché à la queue du chat. Allez savoir pourquoi !
 
–       Puisque mon vieux balai ne sera jamais retrouvé à cause de ces vilains fermiers, demain j’irai au marché des sorciers, un nouveau, m’acheter. Vous deux, ici vous m’attendrez, car la route est longue pour aller à ce marché. Mais n’ayez point de crainte, je passerai par le grand sentier, celui qui passe loin, loin, du bois et de la ferme et de ces maudits fermiers. Il sera au soir du troisième jour, que se fera mon retour. En attendant soyez bien sages, pendant tout mon voyage.
 
En chemin du monde elle rencontra, car c’était un sentier fort emprunté par tous les mages, les farfadets, les magiciens et les sorciers, qui par les fermiers, n’aimaient être houspillés, traqués, molestés, fouettés, voire parfois, invités à manger.
 
C’est ainsi qu’elle croisa, dans le désordre : Un templier, Merlin l’enchanteur sans son frère, ni sa soeur, mais son beau frère qui était un peu aussi menteur. Un âne et son ânier, une chèvre et son chevrier qui portait bouc et barbe à papa. Un farfadet, un troll, tous deux très drôles car se racontant des histoires à faire mourir de rire ceux qui les écoutaient. C’est pour cela, que notre sorcière se boucha bien les oreilles, voulant mourir bien vieille.
 
Elle croisa aussi un petit chapeau rond rouge posé sur la tête d’un loup élégant, qui apportait à sa mère-grand, un petit pot de beurre, une galette, un gros bonnet et les gants. Un berger, sa bergère, leurs moutons qui par-dessus les haies, sautaient, endormant vite tous ceux qui les croisaient. Après de nombreux croassements avec tous ces gens, au marché arriva enfin, fourbue, heureuse mais ayant très faim. A l’auberge se restaura, et enfin, au marché son balai acheta.
 
Et comme il fut dit,il fut fait, c’est ainsi qu’au soir du troisième jour, notre sorcière avec son nouveau balai, fit son retour.
 
Car on peut être une sorcière,
habiter une vieille chaumière.
D’un balai il faut savoir s’équiper,
si au printemps,  en dehors de vouloir avec son balai, voler,
on désire que sa demeure soit bien … Balayée !
 
 
 
 
 
 

 

 
 

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4 Commentaires
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Cécile Henourt
5 années il y a

À lire jusqu’au bout ! La fin est sympathique

, Tu écris régulièrement des contes ?

Cécile Henourt
5 années il y a

Le prochain conte peut être très intéressant, effectivement il y aurait beaucoup de rapprochement avec les événements actuels…

As-tu proposé "La sorcière qui avait perdu son balai." à des maisons d’édition ?

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