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France et Etranger
Un conte pour petit et grands
Il était un petit roi
Pas plus gros qu’un petit pois
Qui aimait bien chevaucher dans les bois,
Quand le loup n’y était pas.
Car si le loup y était
Le petit roi, il mangerait !
Aussi à chaque fois
Que notre petit roi
Au petit bois, partait,
D’une belle voix, il criait :
– Loup es-tu là ?
Et si le loup ne répondait pas,
Notre petit roi au bois
Sur son beau destrier, chevauchait.
Sauf qu’une fois
Que notre petit roi
Pas plus gros qu’un petit pois
– Loup y es-tu ? s’écria
Nul ne répondit
Et ce fut la tragédie !
Car dans les bois
Notre loup qui y était
De sa belle voix chantait :
– Il était un petit roi
Pas plus gros qu’un petit pois
Qui un jour finira en bon repas
Car il est dit que dans ces bois
Le roi, c’est bien moi.
Il est vrai ajouta-t- il en se frottant le ventre, que le plus souvent
Je me délecte de brebis, des moutons, des agnelets.
Voire en cas de disette, des glands de chênes, des baies,
Ce qui est pour moi le loup, très consternant.
Mais un roi au grand jamais
Ne me fit constituer un choix de met.
Mais bientôt cela se fera,
Car foi de moi, je mangerai ce roi !
Et à l’affût, il se tapit,
guettant la venue de celui-ci
Qui assouvira son insatiable appétit.
Ainsi commença notre tragédie.
À l’aube d’un jour nouveau
Et que la rosée à la fleur, perlait
Qu’aux arbres chantaient les oiseaux
Et qu’au matin annoncé, le coq lançait son cocorico.
La reine pour son roi s’inquiétait
De qu’il adviendrait
Si le méchant loup, il rencontrait !
Elle descendit au grand salon dire à son royal époux, ce fait
Qui depuis moult jours et tant de nuits, la tracassait.
– Mon cher petit roi, pas plus gros qu’un petit pois, et si ce matin au bois, vous balader, vous n’iriez pas, car si le loup y était, il vous mangerait !
– Comprenez ma mie, mais, en ce palais je m’ennuie, répondit celui-ci.
Et j’aime au frais matin, chevaucher plus que de raison,
Avoir dans les cheveux, ce vent doux de saison
Entendre le bruit sourd des ruisseaux,
Ainsi qu’écouter chanter les oiseaux
Il n’est de plus belle nature
Que celle offerte au petit matin
Et je sais que par mon bravoure pour ces aventures
Je reste vigilant à ce que le loup ne me mange point !
Et notre roi, son cheval sella, partant fier et serein.
Mais n’en doutez pas, car ce qui devait arriver, arriva.
À peine eut-il franchi l’orée du bois
Que le loup d’un bond, sur lui, sautât.
Mais ce ne fut sans compter sur la promptitude de notre roi
Qui de son étui,
Son épée sortit.
– Holà fit le loup. Auriez-vous l’intention de me tuer ?
– Oui, car vous-même, ne vouliez-vous point me croquer ?
– N’est-ce point dans l’ordre des choses, que je vous mangeât ?
– Et moi que je m’en défendis ? répondit notre roi.
– Cela est vrai, vous avez raison. Mais n’est-ce pas parce que vous avez la chaire bien charnue, appétissante à souhait, même si n’êtes pas plus gros qu’un gringalet ?
– Certes j’en conviens, mais je suis roi et un roi, cela ne se mange pas.
– Et pourquoi je vous prie ?
– Cela n’est dans les convenances : On ne mange pas son roi, même si pour vous, je reste un met de choix.
– Ah cela est bien dit,
et je vous en remercie.
Ce qui fit que de l’épée faisant fi,
le loup sur le roi, bondit.
Et le croqua en un seul coup de dent.
Car c’est bien connu,
lorsque la faim prédomine, les loups font fi des convenances.