La nuit

11 mins

Du bout des doigts, l’homme attrapa une petite boîte en carton dans l’espoir d’y trouver un contenu comestible. Il avait plutôt belle allure dans son costume gris bien ajusté. Ces gestes, un certain dégoût qu’on pouvait lire sur son visage et les œillades inquiètes qu’il jetait à la dérobée indiquaient qu’il n’était pas un SDF de longue date.

Légèrement suspicieux, Thierry s’approcha de lui. Cela faisait deux ans qu’il s’était retrouvé à la rue. Bir-Hakeim, c’était son territoire. Il aimait bien accueillir les nouveaux venus. Et puis, celui-ci l’intriguait.

– C’est ta première nuit ?

Georges se retourna, visiblement surpris.

– Pardon ?

– C’est la première fois que tu vas dormir dehors ?

Son interlocuteur rougit et réfléchit un peu avant de répondre.

– Oui.

– Ça se voit. Je vais t’expliquer. Ici, c’est mon territoire. Mais bon, on n’est pas dans Mad Max, en particulier pour la bouffe. Arrête de chercher dans ces poubelles, c’est dégueulasse.

Thierry crut entrevoir un léger sourire se dessiner sur le visage de son interlocuteur.

– Regarde tout autour de toi, il y a le Franprix et aussi des bars et des restos partout. C’est dans leurs poubelles qu’il faut chercher.

Dans les poubelles du Franprix, Georges trouva effectivement deux sandwichs emballés périmés depuis la veille.

– Allez, viens maintenant, on va parler. Je t’invite chez moi.

Ils s’approchèrent de la Seine avant de descendre sur les quais. Là, il y avait plusieurs embarcations illuminées. Georges regarda s’affairer les occupants avant de se retourner pour regarder scintiller la tour Eiffel.

– T’emballes pas. Ça, c’est les bourges. Moi j’ai pas l’électricité, mais c’est quand même plus agréable que le bitume.

À quelques dizaines de mètres, juste avant l’Île aux Cygnes, Thierry se dirigea vers une embarcation de taille modeste. Georges s’était arrêté pour regarder le nom du bateau :

– Ce n’est pas son nom d’origine « chez Thierry ». Il s’appelait « Lily » quand je l’ai trouvé il y a trois mois. J’aime pas ce nom, ça me fait penser à la chanson de Pierre Perret. J’ai jamais pu blairer Pierre Perret et je me suis très vite débrouillé pour en peindre un autre par-dessus. Après tout, c’est chez moi maintenant. Je ne sais pas s’il fonctionne et quand bien même, je n’ai jamais fait marcher un bateau. Il n’a pas l’air en très bon état, mais il flotte, c’est l’essentiel.

Les deux hommes descendirent dans l’habitacle où il faisait bon.

– Maintenant, assieds-toi et raconte-moi.

– T’as pas un truc à boire ?

Thierry sourit.

– J’ai un peu de Ricard. Et de l’eau. C’est pas ça qui manque ici.

– Euh…tu la prends directement dans la Seine ?

– Non, il y a un robinet un peu plus loin. Les gens y branchent des tuyaux d’arrosage pour nettoyer leurs bateaux.

Georges acquiesça, prit le verre que son hôte lui tendit et le regarda attentivement. Petit, trapu, les cheveux blancs, il se demandait quel âge il pouvait bien avoir. Sur le trajet depuis Bir-Hakeim, il avait remarqué qu’il avait du mal à marcher, il n’était en tout cas plus tout jeune. Thierry, silencieux, le scrutait lui aussi attentivement.

– Ta tête me dit quelque chose. Je te connais. T’habitais pas dans le quartier ?

– Si, pas loin.

– Et tu me calcules pas ?

– Je suis pas physionomiste.

– Bon. Elle vient ton histoire ?

Georges se redressa, respira profondément et resta silencieux pendant quelques instants avant de commencer.

– J’ai tout perdu.

– Une femme ?

– Oui. Enfin, je ne sais pas très bien. J’ai fait plusieurs erreurs. Mais il y a bien eu une femme au début de tout ça.

– Tu t’es fait arnaquer sur internet ?

Georges le regarda, surpris.

– Les gens qui se retrouvent dans la rue ont tous eu des emmerdes. Souvent, c’est des arnaques et les arnaques des nouveaux comme toi, aujourd’hui, c’est presque toujours sur internet.

Le Ricard avait faisait son effet et Georges se sentait maintenant beaucoup plus à l’aise.

– Il y a six mois, j’ai fait une rencontre sur internet. On a très vite accroché. C’était une étudiante new-yorkaise qui étudiait le français à la fac.

– Et puis en fait c’était un vieux brouteur d’Abidjan…

– Non, pas du tout.

L’avion descendait doucement sur JFK. Par le hublot, Georges regardait se dessiner Manhattan qu’il n’avait pas vu depuis plus de 20 ans. Les tours jumelles tenaient encore debout à l’époque.

Cela faisait tout juste deux mois qu’il avait fait la connaissance d’Abby. Il adorait discuter avec cette petite brune. Il avait été charmé par son français approximatif et par les récits de sa jeunesse vénézuélienne. Et puis, elle était très sexy. Ils avaient échangé quelques « nudes » et il était maintenant impatient de pouvoir concrétiser leur relation. Depuis son divorce, trois ans auparavant, il n’avait rencontré personne et la solitude lui pesait.

Plus que 10 minutes avant l’atterrissage. Il sortit de son portefeuille quelques photos d’Abby et sursauta en entendant la voix de son voisin auquel il n’avait jusque-là prêté aucune attention.

 – Mignonne, mais peut-être un peu jeune. Demandez-lui sa carte d’identité, c’est plus prudent.

Abasourdi, Georges se retourna vers le petit homme chauve assis à côté de lui qui lui décocha un sourire malicieux avant de replonger dans son mutisme.

 Arrivé sur le tarmac, Georges ralluma son portable. Pendant le vol, il avait eu un message de son frère, l’informant de l’état de santé d’un de ses oncles qui était en rechute. La mort rodait une fois de plus autour de l’increvable oncle Philippe, 93 ans à son actif, qui s’était tiré quelques années auparavant d’un cancer alors même que les médecins ne lui donnaient que quelques mois à vivre.

En attendant ses bagages, Georges répondit à son frère et lui demanda de le tenir au courant. Il ne connaissait pas très bien son oncle, mais Philippe, fortuné et veuf sans enfant, pour une raison qu’il ignorait, l’avait couché sur son testament.

Abby était bien là, comme prévu, avec un tee-shirt et un short en jean. Il faisait chaud. Elle lui sauta au cou et enfin, Georges put la serrer dans ses bras et goûter ses lèvres.

Dans le taxi, elle posa sa tête sur son épaule. Elle habitait un appartement à Tribeca.

– Il est super ton appartement.

– Le loyer est très cher. Tu veux un café ? Tu dois être fatigué avec le jet lag.

Abby lui expliqua plus tard qu’elle travaillait le soir et le week-end pour payer son loyer, mais qu’elle avait exceptionnellement pris un congé pour être avec lui.

– Là, ça va encore, mais oui, je veux bien.

Pendant que Georges buvait son café, Abby disparut au fond de l’appartement. Quand il entra dans la chambre, il entendit la douche couler et se saisit d’un passeport posé sur la table de chevet, à côté du lit. Abby avait bien 21 ans.

 Thierry bâillait. La nuit avait maintenant recouvert Paris et le bateau, bercé par le fleuve, contribuait à la quiétude de la soirée.

– Eh ben, mon gars, on vit vraiment dans des univers parallèles.

– Et toi, c’est quoi ton histoire ?

– Oh, moi c’est moins original, je faisais des petits boulots au black sur les quais et puis il y a deux ans, j’ai eu un accident. De toute façon, j’ai maintenant plus de 60 ans et ces acrobaties sont plus de mon âge. Ça a duré combien de temps ce conte de fées à New York?

– 10 jours. On a passé la plupart du temps au lit, mais on a aussi fait quelques visites. C’était magique. J’avais du mal à y croire. La dernière journée a été particulièrement déchirante.

– Raconte.

Allongé sur le lit, Georges prit le joint qu’elle lui tendit. Abby se colla contre lui, l’embrassa, et posa une main sur son torse.

– Viens vivre ici, avec moi.

Georges caressa longuement ses cheveux noirs.

– Tu sais bien que c’est impossible. Toute ma vie est là-bas.

Pendant une minute, silencieux, ils regardèrent la ville se dessiner dans le cadre de la fenêtre.

– Tu peux vendre ton appartement à Paris. On en achètera un ici.

Georges se retourna pour l’embrasser.

– J’ai un travail Abby, je suis fonctionnaire. Il faudrait que je démissionne…

– Et, alors ? Ici, c’est pas comme chez vous. C’est facile de trouver du travail.

Elle se colla encore un peu plus contre son partenaire, fit glisser une jambe entre ses cuisses et commença à le caresser.

– Pas maintenant, il faut que je prépare mes affaires. Mon vol est dans moins de 3 heures.

Lorsque le taxi arriva, Abby se mit à pleurer.

– Tu reviens quand ?

– Je sais pas ma chérie, c’est compliqué.

Tremblante, elle lui tendit une carte de visite.

– Au cas où, je connais quelqu’un dans l’immobilier à Paris qui pourra t’aider si jamais tu changes d’avis.

Sur le trajet du retour, Georges réfléchit beaucoup. Finalement, Abby avait peut-être raison. C’était peut-être le bon moment pour refaire sa vie. Il venait d’avoir 50 ans, c’était maintenant ou jamais. C’était peut-être aussi le seul moyen de vraiment tourner la page du divorce. Abby avait l’âge de ses enfants. Peut-être les lui présenterait-il un jour. Machinalement, il sortit la carte qu’elle lui avait donnée.

Lorsqu’il ralluma son portable à Roissy, il y avait un nouveau message de son frère. La santé de son oncle s’était dégradée rapidement et il venait d’être admis en soins intensifs. Les médecins ne lui donnaient plus que quelques jours.

En retournant au ministère, le lendemain, il croisa sa chef, visiblement embarrassée, qui le pria de venir la voir dans son bureau.

– J’espère que votre voyage s’est bien passé. Vous êtes allé aux États-Unis, je crois.

Georges acquiesça en souriant, se demandant où elle voulait en venir. Elle se tordit les mains avant de reprendre.

– Pendant votre absence, nous avons dû prêter votre bureau.

– Ah, d’accord.

– La personne est toujours là.

– Jusqu’à quand ?

– Justement, c’est bien le problème Georges. Je ne sais pas du tout.

– Mais moi, je vais où alors ?

La chef de Georges haussa les épaules.

– Il y a la salle de réunion. Quand la salle sera prise, on trouvera bien une solution. Ce ne sera peut-être pas long.

Lorsqu’il rentra chez lui le soir, Georges composa le numéro inscrit sur la carte d’Abby. Son correspondant décrocha immédiatement.

– Allô, Andreas Bibiescu ?

Amusé par le récit, Thierry s’était resservi un Ricard.

– T’en veux un autre ?

– Juste un verre d’eau, merci.

– Alors, c’est à partir de là que tout a déraillé ?

– Oui, à peu près. J’ai jamais senti ce Bibiescu. Rétrospectivement, je réalise qu’il y avait plein de trucs bizarres qui auraient dû m’alerter, mais sur le moment, j’avais tellement envie d’y croire… J’étais aveugle.

– T’as démissionné ? C’était pas un peu précipité ?

– Peut être mais ça fait longtemps que j’en avais marre. Et puis, j’avais la perspective de l’héritage. Mais même aujourd’hui, je ne le regrette pas vraiment

– Ton oncle ?

– Il est toujours en soins intensifs. Aux dernières nouvelles, il va même un peu mieux.

– Raconte-moi comment tu as perdu ton appart. Je vais aller pisser, tu me raconteras quand je rentrerai.

Lorsque Thierry disparut, Georges scruta rapidement le contenu de la cabine. Dans un coin, il avisa un petit colt qu’il prit et cacha dans sa veste, pensant que cela pourrait peut-être lui servir.

– Abby m’a parlé de vous. Vous avez donc pris votre décision. Je peux tout arranger. Il faut juste voir pour le transfert des fonds.

Tout en écoutant Andréas, Georges entendit qu’un message arrivait sur WhatsApp. En raccrochant, il vit que c’était Abby qui lui annonçait que le propriétaire de son appartement acceptait de le vendre.

Georges vida son logement parisien en deux semaines et prit une chambre d’hôtel. Il trouva très vite un acquéreur, ce qui le surprit un peu. Tout se déroulait à un rythme effréné.

L’achat de l’appartement new-yorkais s’organisa depuis une étude de notaire dans le 19e arrondissement où l’accompagna Andréas. Plus tard, quand il retourna sur les lieux et qu’il pût constater que l’étude avait disparu, il se souvint que les locaux lui avaient semblé étrangement neufs lors de sa première visite.

Le produit de la vente de l’appartement de Georges était suffisant pour acheter l’appartement de New York, mais il y avait beaucoup de frais annexes : notaire, commissions d’Andréas… si bien qu’il dût fermer un certain nombre de comptes et en particulier vider son assurance vie.

À ce stade, Georges commença à être inquiet et nerveux.

– Allo, Andreas ? C’est Georges.

– Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?

– Je m’étonne que l’on n’ait pas parlé de l’acte chez le notaire.

– De quel acte parlez-vous ?

– Et bien, l’acte de vente. Celui qui prouve que je suis le propriétaire de l’appartement de New York.

Il y eut un petit silence de quelques secondes qui ne rassura pas Georges.

– Ah oui, l’acte de vente. Il sera signé sur place la semaine prochaine à New York.

– Il faut que je me rende à New York la semaine prochaine ? Mes économies sont un peu faibles en ce moment…

– Il me semble que vous n’êtes plus retenu par grand-chose à Paris. Un aller simple suffira.

– Pourquoi vous ne m’avez pas prévenu ?

Le ton d’Andréas se durcissait maintenant.

– L’information est arrivée cette nuit, à 4 heures du matin. J’allais vous prévenir. Écoutez Georges, calmez-vous. Tout se passe parfaitement.

Georges était loin de partager cette vision. Il avait l’impression de marcher au bord d’un précipice.

– Donc, c’est dans une semaine, le 24 ?

– Oui, c’est ça.

Il était 8h du matin le 24 septembre, lorsque son avion atterrit à JFK. Abby, un peu plus vêtue que lors de son dernier passage, l’attendait et sourit amoureusement en le voyant sortir de l’aéroport. Georges ne sut jamais si c’était une formidable comédienne ou une fille incroyablement naïve.

 – Bonjour mon chéri. C’est super de te revoir aussi rapidement. Et maintenant, tu vas rester et on a un vrai chez nous. Andreas m’a tout raconté.

Georges la laissa l’embrasser, mais il était ailleurs.

– Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu as l’air tout bizarre.

– Je viens pour la signature de l’acte.

– Ah, Andréas ne m’en a pas parlé. C’est lui qui s’occupe de tout ça.

L’après-midi se déroula dans une ambiance tendue. Georges n’ouvrit pas la bouche en dépit de tous les efforts d’Abby pour le distraire. Vers 17h00, il essaya sans succès d’appeler Andréas. Alors, il explosa.

– J’y crois pas. Tout ça était un coup monté depuis le début !

– Mais de quoi tu parles ?

– Tu m’as bien roulé dans la farine, sale pute !

Abby commençait à pleurer.

– Arrête de pleurer, c’est insupportable. Rien, tu comprends, il ne me reste rien.

– Ben si, moi. Nous sommes un couple.

La gifle partit toute seule et envoya valser Abby. En tombant, sa tête cogna au coin d’un meuble et elle perdit connaissance. Terrorisé, Georges s’empressa de quitter les lieux. Un ami canadien qu’il réussit à contacter lui fit un virement qui lui permit de reprendre un avion pour Paris le soir même.

Thierry bâilla et se frotta les yeux.

– Et donc, c’est comme ça que tu es arrivé ici ?

– Oui, mon avion est arrivé ce matin. J’ai taxé un voyageur à Roissy pour m’acheter un ticket de bus pour rentrer à Paris.

Thierry réfléchit un instant avant de parler.

– Tu l’as tuée, Abby ?

– Je sais pas. Tout est allé très vite.

Une moue réprobatrice se dessina sur le visage de Thierry, mais il préféra passer à autre chose.

– Je ne vais pas pouvoir te garder ici cette nuit. Comme tu vois, c’est beaucoup trop petit pour deux, mais je peux te prêter une couverture si tu veux.

Comme Georges regardait son portable, Thierry ajouta :

– Pour le recharger, demande Christiane chez Casto. Dis-lui que tu viens de ma part.

Georges était ému, voire gêné, par l’attention de son hôte. Il lui serra longuement la main avant de sortir.

– Merci Thierry, tu es trop bon.

– Je sais, ça me perdra.

Georges ne dormit que très peu. La nuit fut froide, même avec la couverture de Thierry et il n’était de toute façon pas remis du décalage horaire.

Il finit tout de même par s’endormir au petit matin. Il fit un rêve étrange qui se finit en cauchemar dans lequel il se noyait. Sa respiration devenait de plus en plus difficile.

Il poussa un cri, se réveilla et sentit le tranchant de la lame sous sa gorge. Andréas se pencha sur lui.

– Je savais que je te retrouverais là. Tu as complètement déconné Georges, on va pas pouvoir continuer à travailler ensemble.

Paralysé par la peur, Georges ne disait rien. C’est alors que le portable de Bibiescu se mit à sonner. Ce dernier fit une grimace, grommela quelque chose que Georges ne comprit pas et décrocha. Il n’entendait pas l’interlocuteur à l’autre bout du fil, mais il put lire une certaine inquiétude se dessiner sur le visage de son agresseur.

– Oui.

– Non, toujours pas.

– Je sais que cela fait trois mois, mais je suis désolé, ce bateau est introuvable. Oui, Lily, c’est bien ça. Je vous la retrouverai, votre cargaison d’héroïne.

Georges tendit l’oreille. Il pensa à Pierre Perret et à Thierry.

– Quoi ? 24h ? Vous n’avez pas pu obtenir un autre délai ?

– Ah. Je vous tiens au courant.

En raccrochant, Bibiescu n’en menait pas large. Georges s’était levé.

– Je sais où est ton bateau.

Andréas le regarda les yeux écarquillés.

– Comment tu pourrais savoir ? Tu bosses avec ces gens-là ? Tu bluffes ?

Georges eut la très bonne idée de ne pas répondre et s’efforça d’adopter une expression vague.

– Bon, OK. Dis-moi où il est et je te rendrai ton fric.

– Non.

– Quoi, non ?

– Je veux mon fric d’abord.

Le visage de l’homme de main reprit quelques couleurs.

– Tu es un marrant. Tu crois vraiment que tu es en mesure de négocier quoi que ce soit ?

D’un geste rapide, Georges retira de sa veste le colt de Thierry et appuya le canon sur la tempe d’Andréas.

– Oui.

Peut-être plus déstabilisé par la surprise que par la peur, l’homme n’en revenait pas.

– Putain, mais t’es qui, toi !?

Georges ne répondit pas et se contenta de lever le cran de sécurité.

En fin d’après-midi, lorsqu’il vint récupérer son téléphone portable au Castorama, il put constater que le versement avait bien été effectué. Le lendemain, il regarda les annonces immobilières.

Plus tard, il lui arriva de penser à Abby et Thierry, mais il n’eut plus jamais de leurs nouvelles.

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