Du néant au frisson. Chapitre 15.

4 mins

Quand je suis arrivé devant L’Extravagant, Antoine était déjà là.

— Salut, lui dis-je.

Il s’approcha rapidement de moi et me fit la bise.

— Salut, je suis tout seul pour le moment. On attend les autres ici ?

Je le détaillé, de haut en bas, comme j’en avais l’habitude. Antoine était un beau garçon. Grand, les yeux clairs, brun.

— Oui, ça me paraît être une bonne idée.

Je sortis une clope de mon paquet lui en tendit une. Il l’accepta. Les autres n’ont pas tardé à nous rejoindre.

On se mit en terrasse. On ne savait pas trop quoi se dire. On commanda à boire et Maria se jeta à l’eau.

— Vous avez passé une bonne journée ?

— Tranquille, lui répondit Julien.

— Pas mal de boulot, dit Johanne.

— Tu as repris le boulot ? lui dis-je.

— Oui, la psy a estimé que je pouvais reprendre. Tu sais, je suis standardiste, je peux bosser de chez moi. Du coup, on a décidé de faire comme ça. Je bosse trois jours à la maison et deux à la boîte.

— D’accord, et vous, vous faites quoi, dans la vie ? Leur demandais je.

Julien était mécanicien, il n’avait pas encore repris le boulot. Comme il avait eu le bassin touché, il lui fallait encore de la rééducation avant de reprendre.

Maria, elle était étudiante en médecine. Elle avait mis en stand-by ses études, l’accident, la perte de sa mère, l’avait affecté au point, de devoir revenir ici, dans notre petite ville du sud de la France.

Antoine, lui était le sous-directeur d’une compagnie d’assurance. Étant le blessé le plus grave de l’accident, il n’avait pas repris le boulot et visiblement, son patron l’avait vite remplacé.

On a parlé des heures, de tout et rien. À ma plus grande surprise, nous n’avons pas trop parlé de l’accident en lui-même. Ni même du procès qui arrivait. On avait juste parlé de nos vies. De ce qu’on aimait faire. Seul, Antoine restait plus discret.

À minuit, le patron du bar est venu nous voir pour nous dire qu’il fermait. On avait tous un peu bu. Maria sûrement plus que nous. On a décidé de la ramener. Tout le monde était venu à pied. Les transports dans notre ville ce n’était pas la joie.

Maria avait passé un bras autour de mon cou, et Antoine la soutenait de l’autre côté.

— Ça fait tellement longtemps que je ne m’étais pas autant amusé comme ça, dit-elle. On devrait se voir, plus souvent.

On riait tous. On était bien, détaché de tout ce bordel.

Un peu plus loin, sur la route, on entendit des cris, des hurlements, des éclats de rire.

Comme l’autre soir.

Intérieurement, je savais déjà ce que c’était. Je le savais parce que je l’avais vu.

Les autres ont voulu qu’on s’approche. J’ai lâché Maria. On a réussi à se frayer un chemin entre la foule.

Et c’est là que je l’ai vu. C’était bien lui. Il cognait ce type de toutes ses forces. Il le frappait tellement fort que l’autre n’arrivait même pas à se défendre.

Quand il releva la tête, nos regards se sont croisés. Axel, lâcha immédiatement ce type.

Ça en était trop pour moi. Une partie de moi adorait ça, et l’autre partie le détestait pour ce qu’il faisait. Je réussis à me faufiler dans la foule. Les autres m’avaient suivi.

— Eliya tout va bien ?

Antoine s’approchait de moi. J’étais à bout de souffle.

— Il faut que je parte. Je dois rentrer.

Je sentais l’angoisse monter en moi. Je fouillais mon sac, à la recherche de mes anxiolytiques. Mais il n’y avait rien. Évidement j’avais tous jeté la veille.

— Eliya, calme-toi ça va aller. Me dit Antoine.

— Elle fait une crise de panique, dit Maria.

Tout le monde avait dessaoulé, ils étaient inquiets. Et c’est là qu’il fit son apparition. Il est sorti de la foule et courrait vers nous.

— NE M’APPROCHE PAS !

J’ai hurlé ces mots tellement forts, que personne ne comprit. Ça n’a pas empêché Axel de venir jusqu’à nous pour autant.

— Eliya…

— DÉGAGE AXEL.

Antoine s’interposa entre lui et moi.

— T’as pas compris, vas t’en mec.

Axel le poussa, mais Antoine ne se laissa pas faire. Il se remit devant moi.

— Eliya ! Ne joue pas à ça !

— Il n’y a que toi qui joues Axel.

— C’est pour ce type que tu m’as laissé ce soir ? C’est pour ce mec-là.

Il repoussa Antoine de plus belle. Je n’en revenais pas de ce qu’il disait. Les autres nous regardaient tour à tour interdit.

— Eliya, tu connais ce type ? me demanda, Maria ?

Je ne lui répondis pas. Je savais que la situation allait déraper si je ne faisais rien.

— Laisse-moi tranquille Axel.

J’attrapais la main d’Antoine et celle de Maria. Julien et Johane devant nous.

Axel était resté planté sur le trottoir, seul.

Nous n’avons pas parlé du trajet. Personne n’osait me demander qui était ce type. On a ramené Maria jusqu’à chez elle, Julien et Johane sont repartis ensemble, il habitait le même quartier. Et malgré mes protestations, Antoine a absolument tenu à me ramener, même si ça lui fait un gros détour.

Il brisa le silence entre nous.

— Ça va aller ?

— Oui, je suis désolé, pour ce qu’il s’est passé ce soir.

— Tu n’as pas à t’excuser.

On continua de marcher un moment en silence.

— C’était qui ce mec Eliya ?

— Je ne sais pas.

Il s’arrêta.

— Ne me prends pas pour un idiot. Il connaît ton prénom, et tu connais le sien. C’est ton ex ?

— Pas du tout !

— Il t’a fait du mal ?

Je ne savais pas quoi répondre à cette question. Axel me faisait sentir vivante. Le frisson qui parcourait mon corps, à chaque fois que je le voyais, à chaque fois qu’il s’approchait de moi… Même quand il pétait les plombs. J’adorais ça. Mais une partie de moi trouvait ça tellement mal. Et je le détestais pour ça.

— Non.

On reprit notre chemin.

Je n’ai plus dit un mot jusqu’à arriver en bas de chez moi.

— Merci de m’avoir ramené.

— C’est normal. Tu es sûr que ça va aller ?

— Oui, ne t’inquiète pas.

Il me fit la bise et repartit.

Je cherchais mes clés. Je ne l’ai trouvée pas. Je vidai mon sac sur le trottoir.

— C’est ça que tu cherches ?

Axel était planté devant moi. Me tendant mes clés.

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bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

Décidément, quelle histoire mouvementée. Je m’attendais un peu à la confrontation entre Axel et Antoine à mon avis, ce n’est que partie remise. Eliya est consciente du piège dangereux dans lequel elle s’enferme. L’arrivée d’Antoine complique encore plus les choses!

bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

J’aime bien cette rencontre entre personnes d’environnement différent, même si la cause est tragique. C’est parce qu’elle n’a pas été "institutionnalisée" qu’elle s’est bien passée.

Ewili Arnold
2 années il y a

Rocambolesque.

DeJavel O.
2 années il y a

La poudrière se met en place de belle façon.

Axel peut maintenant s’attaquer au cercle d’amis, j’imagine qu’il va les dénigrer et montrer tout le mal qu’Eliya lui fait en ne lui donnant pas toute son attention. Le truc des clés! C’est pas mal ! Il y’a là une symbolique de contrôle extrême. Tu es chez toi par ma permission..,

Il me vient à l’idée que tu as planté la participation d’Axel à des combats de rue pour exprimer le besoin périodique des PN à s’exposer à des situations de grands dangers, des situations qui les mettent dans la vigilance extrême. Cela les excite, ils deviennent exubérants, ils vivent ces moments comme une décharge…

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