Le virus ARN se propage et décime tout sur son passage. Il tue, transforme et personne ne semble immunisé. Le monde s’affole, les médias lancent des messages d’alertes, il faut évacuer. Certaines villes sont désertes, les gens se sont enfuis vers d’autres contrées plus habitables -en théorie-
Les sirènes hurlaient, le monde devenait fou, les rescapés se rassemblaient dans des bunkers militaires pour échapper à l’infection. Les voix s’élevaient dans un capharnaüm assourdissant. C’était la panique, la vie sombrait dans les méandres du néant.
Malgré la confusion, Mirella poursuivait ses échanges avec le corps médical qui étaient en train de constituer un vaccin, elle ajustait ses manches, agitant ses bras pour donner des consignes aux autres laborantins. Elle tentait de maintenir le calme en gardant son sang-froid. Son rythme cardiaque s’accélérait et la température de son corps était dangereusement haute. Mais elle tenait bon, elle n’avait pas le choix!
Jeanne se réfugia à ses côtés et lui agrippa sa veste. La peur se lisait sur son visage, ses dents claquaient sans pouvoir les contrôler. Elle était apeurée. Mirella prit son visage entre ses mains.
— Jeanne, rejoins les autres, installe-toi auprès d’eux et place toi dans le fourgon qui nous est réservé.
— Je ne pars pas sans toi Mirella, tu es ma meilleure amie et j’ai un mauvais pressentiment.
Ses grands yeux gris s’emplissaient de sang, la ministre lui envoyait un sourire faussement rassurant et la prit dans ses bras avec tendresse.
— Je te rejoins une fois que les élus seront prêts, je te le promets. Maintenant va Jeanne!
Rob fit son apparition et la prit par le bras pour l’emmener avec lui. Elle hésitait un instant puis finit par reculer sans lâcher Mirella des yeux. Jeanne, avait bien remarqué le changement de couleurs des yeux de Mirella, mais préféra ne rien dire sur le moment et lui en parler plus tard. La situation était déjà assez stressante.
— On la retrouvera après, il n’y a pas de temps à perdre. Viens avec moi.
Avant de franchir le seuil du bunker, il s’adressa à la ministre:
— Mirella, ne tardez pas trop, c’est l’enfer derrière les portes!
— On se retrouve de l’autre côté. Répond-elle le visage fermé.
Ils grimpèrent dans le fourgon, les élus arrivèrent un par un et s’installèrent sur les sièges. Une fois les ceintures attachées, le moteur se met à gronder et toujours pas de Mirella. Jeanne tenta de regarder par la petite fenêtre et interpella le gars de la sécurité.
— Rob, on ne peut pas partir sans elle!
Elle sentait ses larmes monter sans pouvoir les retenir
— Elle arrive! Attendez!
Mirella se joignait à eux, s’installant devant et lança le signal du départ.Elle prit sa carte et l’ouvrit pour indiquer le chemin au conducteur. Depuis que le virus était arrivé, la communication était devenue compliquée, les réseaux ne fonctionnaient plus. Le fourgon s’élança dans un vrombissement assourdissant, les passagers se faisaient secouer dans tous les sens. Un homme se posta devant le fourgon, ses yeux rouges brillaient comme des phares, le chauffeur sans pouvoir faire autrement, le percuta violemment. Jeanne poussa un cri de terreur, mais l’homme se releva aussitôt , une grosse balafre traversait son visage et en un éclair, se referma. Dans la panique, Mirella prit la première arme qu’elle trouva, une hache, et alla à la rencontre du monstre. Le conducteur la rejoignit également avec une batte de baseball Après quelques efforts et une bataille qui semblait interminable, la tête de l’homme aux yeux rouges vola sur le pare-brise du fourgon. Mirella se retourna, elle avait les yeux exorbités, rouges, le visage en sang, dans la confusion, personne n’avait vu ce petit détail, le conducteur était salement amoché et ne pouvait plus prendre le volant. Il échangea alors sa place avec un autre mec de la sécurité, Mirella reprit sa place et ordonna au chauffeur de foncer sans s’arrêter.
Le reste du voyage se fit sans encombre. Jeanne restait prostrée sur son siège, elle n’avait jamais eu l’étoffe d’une combattante ou d’une héroïne, ce rôle était souvent approprié à Mirella. Ils arrivaient devant un grand mur, surplombé de mirador et de fil de fer. Le portail géant s’ouvrit à leur arrivée dans un bruit strident.
— Bienvenue à Resurrectio! Dit Mirella. Nous allons être en sécurité ici.
Plusieurs autres fourgons étaient aussi présents, les personnes qui en descendaient semblaient désorientées. Jeanne descendit à son tour et découvrit une ville gigantesque, entre bâtiments neufs, ruines et autres constructions.