Au-Delà du Sang – Chapitre 1-Resurrectio

13 mins

Dans le parc, une odeur sucrée parfumait l’espace, Alissa profitait de ce moment de répit et de calme pour s’allonger dans l’herbe surplombée de ses fleurs aux milles couleurs. Aux pieds des montagnes, à l’extrémité de la plaine, d’épaisses forêts entouraient les terres arables. Chênes, châtaigniers, sapins, ifs, noisetiers, tous ces arbres se côtoyaient dans un foisonnement inextricable de verdure, entourant des grottes et des ruisseaux, ainsi que de somptueuses clairières. Une route traversait cette forêt, aux frondaisons si épaisses que parfois le soleil y entrait peu. Les yeux fermés emportés par la douce musique émanant de son casque, Alissa rêvait d’un monde de liberté. La musique était une partie essentielle de sa vie. Son amour pour la musique, elle le tenait de son père qui lui avait toujours montré tous ses disques vinyles des groupes de sa jeunesse.

            La sirène, indiquant la fin du temps imparti, retentissait, la ramenant à la dure réalité de ce monde dévasté. D’un pas nonchalant et la mine maussade, Alissa regagnait la sortie, laissant derrière elle une odeur suave et indécise, formée de milles parfums différents et laissait sa place au prochain chanceux. Cet espace nature avait été créé pour pallier le manque de verdure de la ville. Néanmoins, l’accès à Green Park y était limité à quelques heures par semaine. Une fois dehors, elle retrouvait sa ville, grise et triste. Autour d’elle, des maisons datant de l’avant pandémie étaient en ruines. Les fenêtres sans carreaux, les portes d’entrées dont la peinture était à moitié effacée, des ronces et de mauvaises herbes avaient éluent domicile et s’agrippaient tout autour. Au loin, un grand immeuble vide surplombait le reste de la ville, à ses côtés quelques petites maisons délabrées formaient un ensemble de constructions disparates et sans caractère. A côté se tenait l’ancien cinéma, une des anciennes curiosités de la ville, beaucoup ne connaissaient pas la joie d’aller voir un film sur écran géant et bande sonore parfaite, est aujourd’hui un établissement en ruine. On ne voyait jamais le ciel, ici ; c’était comme d’être en cage. Au milieu de ce champ de ruine, la ville avait été reconstruite sur une grande structure de fer par les architectes, et les seuls arbres qu’elle pouvait voir servaient à alimenter le peuple. Il n’y avait qu’un mois par an ou le soleil avait la gentillesse de pointer le bout de son nez. Le reste du temps c’était gris, maussade et pluvieux. Alissa rabattit sa capuche lorsqu’une voix s’éleva dans les airs.

 — Alissa! Encore partit rêver?

Cette voix douce et suave, elle pouvait la reconnaître entre mille. Alissa se mordait les lèvres et affichait un joli sourire avant de se retourner, son regard fut plongé directement dans les yeux verts du jeune homme.

 — Logan! dit-elle de sa voix la plus naturelle possible. Et oui que veux tu, j’aime la nature et le soleil me manque terriblement.

Il passait son bras autour de son cou.

 — Je te raccompagne, c’est plus prudent. dit-il sur un ton quelque peu aguicheur.

            Elle profitait de ce moment, pour poser sa tête sur l’épaule de Logan, ce qui fut de courte durée, car cela était inconfortable. De plus, Alissa était beaucoup plus petite que lui, donc sa tête arrivait sur le haut du bras.

           Elle avait 16 ans, le visage d’une poupée, pâle, avec de longs cheveux ondulés, roux, les yeux verts et les lèvres charnues. Ce qu’elle appréciait le plus chez elle, étaient ses taches de rousseurs, cela embellissait son visage porcelain. Alissa était très maternelle, elle savait recevoir les confidences de ses proches qu’elle réconfortait souvent et possédait un sens du sacrifice hors du commun demeurant malgré tout assez fragile. Elle avait quand même un côté sombre qui contrastait totalement avec sa personnalité de tous les jours. Notamment elle était très colérique. Aussi loin que remontent ses souvenirs, elle avait toujours eu un petit faible pour Logan. Malgré ses tentatives infructueuses pour le séduire, elle ne perdait pas espoir. La nuit commençait à tomber très tôt, sous la faible lumière des lampadaires, ils se dirigèrent vers le cœur de la plateforme en empruntant plusieurs rue aussi ternes les une que les autres. Pour se rendre chez Alissa rapidement ils devaient normalement passer le quartier 9 qui était le plus court mais aussi le plus dangereux. Des personnes se faisaient toujours agresser et de manières assez violentes. Ils le contournèrent, et passèrent par le quartier 6 – Alissa habitait au 8 – et coupèrent discrètement une partie du 1er Quartiers.

Les Quartiers 1 et 2 étaient réservés pour la haute société et étaient agréables à regarder, les maisons bien que collées les unes aux autres, ressemblaient plus à des maisons de lotissement, faites avec des pierres et non de la tôle, ils avaient même droit à leur espace fleuri. Logan attirait Alissa dans ses bras de justesse, un drône passa juste à ce moment. Ils restèrent blotti l’un contre l’autre pendant un instant dans leur cachette avant de reprendre leur route. Ils empruntent un escalier en colimaçon pour gagner les étages supérieurs. Un ascenseur aurait été le bienvenu, mais seul ‘L’élite’ avait le droit à ce petit privilège. De plus, cela leur aurait fait gagner du temps et de l’énergie, sans compter que bon nombre de personnes ivres s’étaient déjà retrouvées en bas. La géante de fer était bâtie sur plusieurs étages, ou des maisons de fortunes y avaient été fabriquées, la plupart en tôle ou la mousse avait tendance à se trouver à son aise. Ils étaient arrivés devant le perron de la maisonnette. Logan gratifia Alissa d’un baiser sur la joue avant de repartir en direction du quartier 5.

            18h30, l’heure du couvre-feu, aucunes sorties n’étaient autorisées avant 6h00 le lendemain matin. Les hautes instances avaient préconisé de rassembler le peuple dans une ville qu’ils ont renommé Resurrectio, ils avaient érigé des murs géants tout autour de la ville pour protéger les survivants du monde extérieur encore envahi par le virus. Dirigée d’une main de fer par Madame Mirella Pocrez, la présidente. Des rumeurs, indiquaient qu’il y avait une vie derrière ces murs. Elle avait entendu, un jour au lycée, parler d’une personne qui vivait à l’extérieur, reclus, qui ne voulait pas se mêler aux autres. Mais rien ne le prouvait à Alissa et c’était interdit d’en parler. Comme d’ouvrir des espaces de convivialité, bars ou restaurants par exemple, de proférer des menaces ou insultes envers Mirella. Tous les faits et gestes étaient surveillés par des drones qui survolaient la ville à toute heure de la nuit et de la journée sans interruption. Heureusement les conversations dans leurs maisons respectives, n’étaient pas épiées, respect de l’intimité disaient-ils. Le ministère avait une grande salle, remplie de prisons et ceux qui enfreignaient le règlement, avaient le droit à un séjour de longue durée. Personne ne savait vraiment ce qu’il s’y passait, mais une chose est sûre, c’est qu’on ne revoyait jamais lesdites personnes.

Alissa, comme à son habitude, prépara son repas, bien maigre. Il faut dire que les vivres étaient très rares. La viande est séchée pour en faire du pemmican, accompagné généralement de riz ou de pois. Quant au produit laitier, le lait est en poudre et le fromage se conserve plutôt bien. Une fois fini, elle prit le petit couloir étroit en direction de la salle d’eau. Elle entreprit un combat avec la tuyauterie pour remplir la vasque d’eau de moitié et l’autre moitié avec de l’eau qu’elle avait bouillir au préalable.

Logan avait 17 ans et était un jeune homme au charme naturel. Ce style de bad boy, du haut de ses 1m85 avait un poids tout à fait convenable et n’y portait d’ailleurs aucune importance. Doté d’une musculature avantageuse sans non plus être bodybuildé qui attirait bon nombre de demoiselles. Mais ce qui marquait en général chez lui, c’était son charisme qui en laissait plus d’un sur le carreau. Il faut avouer que son visage n’était pas à délaisser. Ses cheveux courts brun foncé suivant la luminosité, faisait ressortir son regard quant à lui, vraiment très expressif. Il était d’un bleu très clair des plus envoûtant et détacher son regard du sien était une expérience très difficile… Mais attention car à vous y perdre, il pourrait vous contraindre à faire ce que bon lui semble, ce qui l’aidait énormément, lorsqu’il se retrouvait dans une situation difficile face aux autres.

Alissa était au Lycée et avait pris la filière biologique, Il n’y avait que très peu de diplômes mis en place pour la survie de ce monde et afin que tout le monde participe au développement.

Les hommes d’églises qui pouvaient adoucir quelques maux et les gens croyaient encore qu’un dieu était présent pour les sauver – totalement absurde de point de vue d’Alissa- Les pêcheurs et les chasseurs professionnels, avaient un endroit qui leur était réservé et très contrôlé, vers la sortie de la ville, rien à voir avec Green Park. Afin de pêcher et de chasser. Le faire en tant que distraction était bien entendu prohibé. Les cuisiniers eux étaient réservés pour les usines, écoles et le ministère, bien qu’il y avait peu de mets à cuisiner il fallait bien nourrir les travailleurs, écoliers et surtout la “haute”. les Jardiniers biologistes et écologistes, la filière d’Alissa. Les jardiniers se retrouvaient dans le jardin de Resurrectio, pour les autres un laboratoire dans le quartier 1 leur était réservé afin de continuer les recherches sur le virus et de créer ainsi le fameux vaccin que tout le monde attendait, sans savoir vraiment de quoi il en retournait. L’hôpital se trouvait au niveau 10, tous étaient regroupés, médecins, infirmiers, chirurgiens. Il y avait aussi la filière de la maçonnerie, afin de reconstruire plus convenablement les baraquements de fortune. Sans oublier les forces de l’ordre, policiers et militaires qui se situaient tout en bas de l’édifice de fer et la partie militaire était rattachée au ministère.

Il faisait froid ce matin-là, les voitures étaient blanches et recouvertes de gelée. Les toits des bâtiments scintillaient à la lueur du soleil levant. Alissa, emmitouflée dans son manteau et sont bonnet se dirigeait vers son lycée, elle marchait prudemment afin de ne pas glisser, la route étant quelque peu verglacée. La sonnerie retentissait, Alissa restait bloquée en bas du grand escalier qui menait à l’intérieur du Lycée. Une main vint alors lui oter sont bonnet.

 — Ne fait pas cette tête Alissa, tout va bien se passer!

 — Merci Logan. Dit-elle sans grande conviction avec un signe de la main.

  Il était déjà quasiment entré dans le bâtiment. Alissa prit les escaliers gris et entra dans le grand couloir sombre au revêtement de sol usé. Elle était la dernière arrivée. Quelques lumières apparemment défaillantes, clignotaient et grésillaient. Les murs étaient nus, aucun tableau pour les égayer. Seule l’horloge suspendue au bout du couloir rompait cette terne monotonie, cette impression de désolation. Son tic-tac lacérait le silence ambiant. Alissa entra dans la classe lugubre qui gardait les relents de l’échec subi par ceux qui l’avaient précédée. Elle s’assit sur sa chaise à côté de Logan comme à son habitude, mais restait silencieuse. Elle avait un examen très important, cela déciderait si elle pouvait continuer sa future carrière ou si elle stoppait tout, ce qui la mis en état de stress. Si elle ratait cet examen, elle n’aurait pas d’autre chance de le repasser ou même pouvoir changer de filière. Ceux qui échouaient, se retrouvaient dans les usines puantes à traiter les déchets, pour du recyclage, du biocarburant ou tout simplement les déchets à brûler. Son avenir se jouait maintenant. Elle étudiait la biologie et voulait se spécialiser dans l’étude des plantes, quant à Logan, lui voulait se spécialiser dans l’étude des molécules humaines.

Elle sortait ses fiches pour une dernière relecture mais avait du mal à se concentrer, la boule au ventre, les lèvres sèches, elle sentait même les larmes montées. Alissa agitait sa jambe et se mordait les doigts ou les ongles, sont regard etait perdu dans le vide, fixant le grand mur blanc juste devant elle. Elle était persuadée que les nombreux admissibles étaient supérieurs et qu’elle ne ferait pas partie de la squelettique cohorte de reçus. Après avoir passé des semaines à écouter les oraux insipides des autres élèves ou le savoir rivalisait avec la médiocrité d’une prestation impersonnelle et sans surprise, Alissa était bien décidée à jouer une autre carte si elle souhaitait avoir un peu plus de zéro chance.

 — Corey Alissa! Hurla le professeur.

Alissa sursauta, le souffle coupé, le cœur battant à la chamade, avant de se lever, Logan lui offrit un baiser sur la joue, Alissa ne pu s’empêcher de rougir et se sentit agacée, ce n’était pas le moment d’avoir la tête ailleurs, elle lui lança un regard furieux avant de ce diriger vers la salle suivante. Elle était tout aussi froide et terne que sa classe habituelle. Trois femmes et deux hommes étaient assis, leurs blasons en or en forme de losange indiquaient qu’ils faisaient partie du ministère et semblaient déjà épuisés.

 — Alors qu’avez vous préparé? Demanda l’un des hommes avec lassitude

 — Un sujet sur la disparition de la flore. Dit-elle à mi-voix, la gorge serrée

 — Allez-y je vous en prie…

Alissa gonflait ses joues tel un hamster, puis lâcha une grande respiration avant de commencer son oral.

  — Conservation de la nature et exploitation de ses ressources… Problèmes qui remontent dans leur essence même et ce depuis l’apparition de l’homme sur terre. Car dès ses premiers débuts, l’humanité eut une influence sur son habitat…

Le machinisme engendre la modification organique et cellulaire des plantes et le fait que nous nous servons également des plantes pour notre bien être affecte leurs vie sur terre…

Une heure plus tard, elle passa la porte, cette étape était finie. Derrière, se tenait Logan, il l’attendait, avec un large sourire, qui pour la première fois eu aucun effet sur Alissa.

 — Alors ma Lili? je suis sûre que tu as tout déchiré! dit-il

Elle haussait les épaules et restait muette. Logan la gratifia d’un baiser sur la tête et tous deux se dirigeaient vers le réfectoire. Comme à son habitude Logan pris le strict minimum. Alissa pensait qu’il devait faire attention à sa ligne pour garder ce corps musclé si parfait. Pour penser à autre chose, Logan l’emmena avec lui, visiter les recoins de la ville les plus inaccessibles. Ile se dirigèrent vers la ruelle sombre et étroite perpendiculaire à la rue principale, entouré de haut mur délabrée dont le parfum ressemblait à celui de toilettes.

 — Nous n’avons pas le droit d’être ici! grognait-elle

 — La vaillante Lili aurait-elle peur?

Elle assénait Logan d’un coup de poing à l’épaule, qui, apparemment ne lui fit aucun effet.

 — Tu plaisantes j’espère!

Ils continuèrent leur balade, et empruntèrent une rue sur la droite, il était indiqué sur la panneau “rue du calvaire”, l’odeur nauséabonde avait disparues, les murs étaient tagués, cela datait sûrement d’avant la pandémie, les couleurs étaient passées et il manquait à certains endroits des pans de mur. Un tag interpellait Alissa, ont pouvait y voir, un vampire, les yeux rouges sang et de longues canines avec la mention “Attention regardez toujours derrière vous!” Puis un “#antivacc”

Elle se sentait mal à l’aise, elle avait entendu des rumeurs sur des vampires ou des personnes qui disparaissaient. Un frisson lui parcourait le dos, ce qui n’avait pas échappé à Logan, qui l’a pris dans ses bras. Alissa était aux anges et profitait de ce moment intime si rare qu’elle pouvait avoir avec lui.

— J’aurais aimé connaître le monde d’avant. dit-elle d’une petite voix

— Quand on y pense il n’y avait pas plus de liberté. Dit Logan. Enfin je suppose, de ce que j’ai pu entendre. S’empressa t-il d’ajouter.

Il était seize heure passé lorsque l’hymne de Resurrectio résonnait dans la ville, Nos deux héros, qui ne devraient pas être dans cette ruelle à ce moment-là, s’empressèrent de rejoindre la grand rue, les écrans géants de la ville s’allumèrent, quelques personnes du ministère faisaient leurs apparitions. La Présidente Mirella Pocrez, au milieu, toujours affublé de sont tailleur noir, D’apparence très stricte, les cheveux blonds tirés en arrière avec un chignon toujours bien fait, de grand yeux bleu-gris, sont maquillage était prononcé, noir, et ses lèvres toujours couvertes de rouge pimpant. A sa gauche le premier ministre Carl Auvrey, Un homme d’un certain âge au cheveux mi-long de couleur grisâtres, le visage cerné par une barbe blanche bien taillée. A la droite de Mirella, se tenait le ministre des armées, Robby Corey, doté d’une musculature hors norme le visage carré, des yeux verts émeraude et noirs de cheveux ébouriffés. A ses cotés son assistante Jeanne Corey, une jeune femme plutôt petite et fine à la peau très claire et de long cheveux roux ondulés. Elle avait les yeux marrons et toujours ce superbe sourire qui illuminait son visage et rendait ses lèvres charnues encore plus jolies – Les parents d’Alissa -Tous avaient bien en vue leurs blasons dorés accrochés à leurs costumes.

Mirella prit la parole.

“Chers Citoyens, Chères citoyennes de Resurrectio,

Il y a vingt ans, nous avons subi le plus féroce des virus qui décimait notre pays! Vous connaissez toutes les horreurs que nous avons vécu. Pour les plus jeunes d’entre vous qui connaissent exclusivement la vie au sein de Resurrectio, sachez que tout à été mis en place pour votre sécurité. Aujourd’hui nous allons célébrer ce renouveau, le travail fourni par chacun d’entre vous pour garantir la paix dans notre cité. Il y a dix-huit ans, lorsque j’ai été promue au rang de la présidence, je me suis jurée et je vous ai fait la promesse que ces jours ne seraient pas oubliés. C’est pour cela, que ce soir exceptionnellement, nous nous rejoindrons tous au centre de la ville devant la Fontaine de la Perdrix pour nous rappeler et honorer nos être chers perdus. Je vous donne tous rendez-vous à 20h30 pour une commémoration solennelle. Une minute de silence sera exercée en guise de recueillement pour nos défunts.

Chers Citoyens, chères citoyennes de Resurrectio, restez dans la lumière.”

           L’hymne retentit de nouveau et l’écran passa au noir. Ils n’avaient plus envie de se balader et de prendre des risques inutiles après ce discours. L’heure du couvre feu officiel approchait, Alissa et Logan décidèrent de se quitter ici pour mieux se retrouver à la commémoration.

Toutes les classes sociales étaient réunis pour l’événement, tous vêtu de noir, certains portaient des chapeaux, d’autres des lunettes de soleil, bien qu’a cette heure ci la nuit était déjà présente. La fontaine coulait à flot, brillante à la lueur de la lune. L’eau s’écoulait du bec énorme de la perdrix, à ses pieds, des fleurs, gerbes et couronnes de fleurs ornaient la fontaine, des mots ainsi que des bougies autour de quelques photos. Seuls quelques lueurs qui provenaient des lampadaires laissaient deviner l’estrade qui fut aménagée juste derrière pour accueillir tout le gratin de la société. Un léger brouhaha se faisait entendre. Lorsque la présidente fit son apparition, le silence s’installa dans la foule, tous les yeux rivés vers elle. Pas de musique, pas de discours, elle leva sa main, son regard fixé sur la foule, puis l’abaissa et le décompte commença sur l’écran géant derrière elle: 3…2…1…Minute de silence. Aucun chuchotement, aucun bruit, juste l’eau de la fontaine et son clapotis résonnait dans la ville. Les gens têtes baissées, les mains en guise de prière ou juste droit, ne bougeaient plus. Une fois la minute de silence fini, un spectaculaire feu d’artifice fit son entrée. Des explosions de lumières jaillissaient de tous les côtés, vert, bleu, blanche ou rouge, on pouvait entendre les échos du feu d’artifice s’éloigner en dehors de la ville. Le feu se termina dans une étonnante explosion de lumière aux couleurs de l’arc-en-ciel. Les convives applaudissaient la prouesse. Alissa était totalement subjuguée par ce qu’elle venait de voir, c’était pour elle, la première fois. Des picotements envahissaient son corps et l’émotion la gagnait. Logan lui pris alors la main et chuchota au creux de son oreille

— C’est magnifique n’est-ce pas?

Elle acquiesça.

— Oui et romantique aussi, j’en ai des frissons partout.

— Je suis heureux alors que tu aies pu connaître ça. dit-il d’un air mélancolique

Elle le regardait d’un air intriguée.

— Tu me parles de ça comme si tu connaissais déjà ce que cela procure?

— Non pas du tout. se défend-il. Je suis heureux à cet instant avec toi.

Alissa se sentait très heureuse également, sur le chemin du retour, profitant de cet instant, sous un ciel étoilé, Alissa essayait encore une fois de faire jouer son charme envers Logan, elle lui prit la main et la caressait du bout de ses doigts. En voyant ses lèvres frémir, elle crut un instant qu’il allait enfin se dérider. Son cœur s’affola d’une manière irrationnelle, elle regardait Logan, la bouche à demi ouverte laissant échapper une légère brume entre ses lèvres. Aux prix d’un effort visible, Logan lui lâcha la main. Le visage d’Alissa s’assombrit, elle se sentait totalement idiote, Logan à dû remarquer sa tentative. Mais elle était sûre de lui plaire et ne comprenait pas pourquoi il la repoussait de la sorte, mais elle n’osait pas lui demander.

— Allez viens, il faut rentrer maintenant. Ordonna t-il brisant ainsi le silence qui s’était installé.

Logan, avait changé d’humeur, il paraissait en colère, prenant soin de se tenir à une distance convenable d’Alissa. Elle eut envie de lui hurler dessus et de le frapper jusqu’à ce qu’il parle, mais elle restait muette.

Lorsqu’elle passa le pas de la porte, elle se trouvait seule, ses parents n’étaient pas encore de retour. Il était 22h30, ne les voyant pas arriver, elle mangeât seule dans la petite cuisine et s’empressa de ce réfugié dans sa chambre. Elle enfila un gros pyjama et se dirigea vers la salle d’eau se débâtant de nouveau pour remplir le vasque et se brossa les dents.

Elle eut beaucoup de mal à s’endormir, elle se demandait pourquoi Logan l’avait emmené dans cette ruelle si glauque. Pourquoi était-il si proche et si distant en même temps sans parler de ses sautes d’humeurs qui commençaient à la rendre folle. C’était très clair, Alissa allait lui poser toutes ces questions dès le lendemain, cette fois elle était bien décidée et ne lâcherait rien tant qu’elle n’aurait pas eu de réponses convaincantes.

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