Le Bureau des époques – Prologue : 1793.

16 mins

Paris, 2024. Il est 20h tapante, et Léon Durieux, chef de la sécurité du musée du Louvre inspecte l’immense hall d’entrée principal situé sous la pyramide de verre. Les rayons du soleil se reflètent dans le verre et projettent des traits lumineux partout, créant un effet kaléidoscope presque magique. C’est son moment préféré de la journée, celui ou un calme absolu a remplacé le brouhaha incessant, toutes les langues du monde résonnant en même temps dans cette espèce de trieur de touristes que forme le hall d’entrée principal. Ces vagues humaines qui vont et qui viennent tout au long de la journée sans interruption, Léon voit cela comme une mer capricieuse, qui parfois est calme, et le plus souvent agitée de vagues déferlantes, et c’est bon boulot de réguler les marées. Depuis maintenant dix ans, il règne en petit chef d’état dans le plus grand musée du monde. Il en connaît les moindres recoins, les moindres failles, mais pas toutes les œuvres. A vrai dire, Léon n’est pas un grand passionné d’art, ou d’histoire. Mais bien sûr, il le prétend toujours le contraire à ses supérieurs, et particulièrement au conservateur du musée. Pour lui les milliers de salles, de tableaux mythiques, de statues, de restes archéologiques et d’expositions, ne sont que secondaires. Son obsession, c’est la sécurité. Et pour l’aider dans cette mission, il a sous ses ordres une vingtaine d’agents, de vigiles, et quelques pompiers de garde. Cette petite armée prends le contrôle total du Louvre après le départ des milliers de visiteurs journaliers. Tout est surveillé, mis sous alarme, rien n’échappe au PC sécurité ou les agents ont un accès visuel direct à toutes les salles, sorties de secours, et alentours des bâtiments. Une souris, ou plutôt un rat nous sommes à Paris, ne passerait pas inaperçue. Les meilleures technologies de surveillance équipent le musée. En cas de problème, les hommes de Léon Durieux sont prêts. Depuis l’incendie qui a ravagé le toit de Notre Dame en 2019, la sécurité incendie a particulièrement été renforcée. Quand il entre dans le PC sécurité, tout le monde est à son poste, derrière les écrans, et les yeux rivés sur le mur vidéo géant qui fait face aux agents de surveillance. Il scrute quelques instants chacun des écrans, il sait qu’a la moindre image suspecte, à la moindre chose inhabituelle, tout le monde sera sur le pied de guerre pour résoudre la situation immédiatement. 

Au fond de lui, il sait bien que rien ne peut véritablement arriver pendant la nuit. Mise à part un départ d’incendie, et encore. Il sait bien que tous ces hommes sont surentraînés, et ne lâcheront pas une seconde leur attention. Il consulte sa montre, 20h30. Il donne quelques consignes à son équipe, les mêmes que chaque début de veille, ne rien laisser passer, respecter le protocole d’alerte, rester branché. Il quitte le PC sécurité, et c’est là que son autre travail commence. Repassant par l’immense hall d’entrée, il prend la direction des vestiges du Louvre médiéval, au sous-sol. Il sait que des caméras suivent ses moindres mouvements. Marchant au milieu des restes du Louvre de Philippe Auguste, des bouts de murailles, des fondations du donjon, son comportement est tout à fait naturel. Tout d’un coup, il s’arrête au milieu du chemin de verre qui serpente au milieu des pierres, et regarde sa montre. Il sait que là-haut, au PC sécurité, il y a son équipe qui l’observe, pensant probablement que leur chef admire ces vestiges du moyen âge. 21H. Il lève alors la tête, en direction d’une caméra de surveillance à peine visible dans un angle du plafond, et fais un léger signe de la main. Vu de l’extérieur, ça pourrait être un signe pour saluer son équipe de surveillance, un petit bonjour presque amical. Mais ça n’est pas son genre d’être amical, ni même cordial. Au même moment, le mur vidéo est traversé par un clignotement à peine perceptible, une fraction de millième de seconde, quasi invisible par un œil humain même sur attentif. Léon regarde à nouveau sa montre, et regarde l’aiguille des secondes parcourir une minute entière. 21h01. 

Il enjambe alors la barrière qui sépare le chemin emprunté par les visiteurs et les pierres et restes des fondations, et s’engouffre dans un petit espace qui plonge dans une base de tour d’enceinte. Au PC sécurité, personne ne réagit, parce que personne n’a vu ce que le chef vient de faire. Les écrans affichent des images parfaitement tranquilles, et tous les agents continuent de voir Léon parcourir les salles avec une démarche sereine. Mais celui-ci vient d’arriver en réalité dans un tout autre lieu, le Bureau des époques. Le sol est pavé de grandes dalles en céramique formant un motif en damier noir et blanc, rappelant les vieux cafés parisiens ou les halls majestueux des châteaux européens. Ces dalles brillent sous l’effet des suspensions en cuivre et laiton suspendues à de longues chaînes, dont la lumière chaude et dorée baigne l’espace d’une aura de nostalgie et de mystère. 

Les murs sont habillés de boiseries en chêne sombre, sculptées avec une précision artisanale. Sur ces boiseries, des écrans intégrés affichent des images holographiques en mouvement perpétuel : scènes de batailles historiques, moments de découvertes scientifiques, et portraits vivants des personnages marquants de l’histoire. Au centre du hall, le comptoir en acajou massif attire immédiatement le regard. Ce dernier, de forme elliptique, est surmonté d’un plateau en verre sous lequel un assortiment de sables du monde entier crée une mosaïque de couleurs et de textures. Chaque grain semble raconter une histoire, capturée sous ce dôme transparent. Tout autour, des étagères en bois richement ornées portent des objets anachroniques : des globes anciens, des instruments de navigation marqués par le temps, des livres reliés en cuir contenant les secrets des siècles passés. Chaque objet semble avoir été choisi pour évoquer la dualité du temps : à la fois immuable et éphémère. Des groupes de fauteuils en cuir vieilli, profonds et accueillants, sont disposés autour de petites tables en acajou, offrant un espace pour la réflexion ou la conversation discrète. Les coussins, rembourrés et confortables, invitent à la détente, tandis que de petites lampes de lecture fournissent une lumière suffisante pour étudier des documents ou des cartes anciennes. 

Dans les profondeurs du Bureau des Époques, Léon s’immerge dans un monde où le temps n’a pas de maître. En parcourant les dalles en céramique, il s’approche du comptoir central où Marianne, la coordinatrice des opérations, trie méticuleusement des dossiers. Elle lève les yeux vers Léon, son expression mélangeant respect et inquiétude. 

  • Ah Léon, enfin. Tout va bien là-haut ? 

  • Qu’est-ce qu’on a ce soir ? 

Marianne cesse de trier les dossiers, et jette un œil rapidement sur un écran à côté d’elle. 

  • Le système de détection des anomalies temporelles semble calme, pour le moment. Pas de fluctuations, pas d’irrégularité.  

  • Parfait, je vais peut-être pouvoir retourner à mon autre travail de surveillance, et pour… 

A ce moment-là l’agent Voltaire, Clarisse Dubois de son vrai nom, une des analystes temporelles du bureau de époques, fait irruption, ce qui n’est jamais bon signe pour Léon. 

 

  • Un capteur, enfin plusieurs capteurs s’agitent en 1793. Ça n’arrête pas depuis 10 minutes, les algorithmes s’emballent. En clair, on a tous les signaux qu’une anomalie va arriver. 

  • Vous avez une date précise ? 

  • C’est à confirmer, tout le monde est sur le coup. Mais ça serait janvier 1793. 

Léon et Marianne se regardent, et ont exactement la même pensée au même moment, ils savent ce que cette date potentielle signifie, avant même d’avoir une confirmation des analystes. La nuit va être longue. C’est une des dates que Léon redoute le plus. Son véritable travail : directeur général du bureau des époques, viens de prendre le dessus sur tout le reste, le Louvre de 2024 peut bien passer une nuit sans sa présence.  

  • Je veux plus de précisions, rapidement, donnez-moi des précisions, préparez une unité d’intervention rapide temporelle, agents expérimentés. Monte Cristo, et Cosette. Briefing dans 10 minutes. Préparez aussi une équipe de soutien, au cas .  

Tout le monde se sépare, pour aller chacun préparer le briefing de la potentielle mission. Léon traverse les allées silencieuses du Bureau des Époques, ses pas résonnant légèrement sur les dalles de marbre poli du couloir. Arrivé à la porte de son bureau, il insère une clé ancienne dans une serrure moderne, un symbole du mélange d’ancien et de nouveau qui caractérise toute son organisation. Le bureau est vaste, avec de hauts plafonds qui renforcent une sensation d’espace et de grandeur. Les murs sont recouverts de boiseries en chêne sombre, sculptées avec minutie, portant les marques d’un artisanat exquis. Sur ces boiseries, des tableaux de maîtres du XVIIIe siècle, acquis lors de missions temporelles approuvées, offrent une fenêtre sur le passé, leur palette de couleurs sombres contrastant élégamment avec la teinte plus claire du bois. Au centre de la pièce trône un large bureau en acajou, dont la surface polie reflète la lumière douce émanant des lampes à huile électrifiées, disposées de manière symétrique de chaque côté du bureau. Sur un mur, une fresque murale dépeint une scène de la Révolution française, rappelant les époques turbulentes que l’agence est chargée de surveiller. Le mur opposé est orné d’étagères encastrées, remplies de livres reliés en cuir, de chroniques historiques, et de dispositifs temporels désactivés, chaque pièce ayant sa propre histoire et son propre but. 

À côté du bureau, un petit salon informel est aménagé, composé de plusieurs fauteuils en cuir brun, profonds et accueillants, disposés autour d’une table basse en chêne. Léon s’installe derrière son bureau, son regard capturé un instant par une petite mappemonde ancienne posée à côté de son ordinateur. Il fait tourner lentement le globe avec un doigt, un geste réfléchi pour quelqu’un qui détient la responsabilité de garder le cours de l’histoire sur son axe. C’est ici, dans cette pièce qui marie le passé à l’avenir, que Léon Durieux façonne le destin, non seulement de son agence mais de tout le continuum temporel. Dans un coin discret de son bureau, Léon a aménagé un petit bar cosy, une touche d’élégance et de confort. Le bar est équipé d’une sélection raffinée de spiritueux, y compris du cognac vieilli et de l’armagnac, rappelant les traditions françaises. Le comptoir du bar, en bois de cerisier sombre, est orné de motifs de feuilles d’acanthe, et les tabourets assortis offrent un siège confortable pour une pause réfléchie ou une discussion informelle. Il se lève pour aller se servir un verre d’armagnac, ramené d’une mission récente, personne ne peut se vanter autant que lui d’aller se fournir à la source des bonnes choses, privilège qu’il ne peut pas partager dans sa vie et son métier “ civils”. Il lève le verre vers la fresque murale dépeignant la prise de la bastille, en pensant que pour une fois, son travail va peut-être concorder avec cette scène de l’histoire française. Pas pour le meilleur, pense-il. 

A peine a il le temps de terminer son verre, qu’entrent dans la pièce Marianne, l’agent Voltaire, et l’unité d’intervention rapide temporelle, les agents Monte Cristo et Cosette. Tout le monde vient se placer devant le bureau du directeur. L’agent Voltaire prends la parole en premier, comme c’est son rôle d’analyste temporel. 

  • Bien, nous avons confirmation de la date, 20 janvier 1793, soit … 

  • Soit la veille de l’exécution de Louis XVI, réponds Léon. 

  • Effectivement, reprends l’agent Voltaire, nos algorithmes ont passés en revue toutes les probabilités les plus plausibles d’une perturbation du flux temporel attendu ce jour-là, et l’intelligence artificielle à sorti les scénarios les plus crédibles, en prenant en compte l’actualité de la période, les enjeux, les protagonistes, les menaces. Et les évènements déjà arrivés à cette date dans le flux. Ça nous laisse deux choix : la libération du roi de la tour du temple, veille de son exécution, ou l’assassinat de Robespierre.  

  • Votre choix le plus crédible agent Voltaire ? Demande Léon. 

  • La libération du roi de la tour du temple, on sait qu’il y a eu plusieurs projets d’évasion jamais concrétisés par manque de moyen, ou qui ont été déjoués. C’est le scénario le plus probable, selon moi. 

  • Monte Cristo, Cosette, ça vous paraît faisable d’empêcher qu’une de ces tentatives arrive à marcher ? 

  • Envoyez-nous aux abords de la tour du temple à cette date, et vous avez ma parole que l’histoire suivra son cours, réponds Monte Cristo. Cosette approuve d’un signe de tête. 

  • Très bien, réponds Marianne, on va vous préparer des faux papiers, et laisser passer signés du comité de Sureté Générale, de la convention, et même signés de Robespierre en personne pour que vous puissiez circuler et surveiller sans être gênés. 

  • Armement ? 

  • La tour du temple était bien gardée, garde nationale, déjà bien armée, normalement vous n’avez pas besoin d’être armés aussi, mais prenez le minium au cas . Je vous laisse vous préparer, Marianne va vous préparer les documents, vous passez à l’habillement, et je vous retrouve pour le départ dès que possible. 

Tout le monde acquiesce, et sort du bureau de Léon. Celui-ci se sers un autre fond d’armagnac, et se dirige vers la porte du bureau pour sortir. Il avance d’un pas résolu à travers le couloir souterrain éclairé par une lumière tamisée qui semble palpiter au rythme du temps lui-même. Il débouche dans la salle des portails, un vaste espace qui sert de cœur pulsant au Bureau des Époques. Le sol en granit poli reflète les douces lueurs émanant des panneaux lumineux disposés stratégiquement autour de la pièce, créant une ambiance à la fois mystérieuse et technologiquement avancée. Au centre de cette salle spectaculaire trône le dispositif de voyage temporel, conçu comme une arche monumentale. Sa structure, composée de titane et d’alliages spéciaux résistant aux fluctuations temporelles, encadre un portail d’énergie pulsatile. Des motifs complexes de fils de cuivre et de tubes luminescents serpentent autour de l’arche, alimentés par des générateurs de champ quantique qui bourdonnent d’une activité incessante. Ces générateurs, dotés de la dernière technologie en matière de manipulation temporelle, sont capables de créer des bulles de temps stabilisées pour permettre des passages sûrs entre les différentes époques. 

Sur les murs, des écrans numériques affichent des données vitales : niveaux d’énergie, stabilité des flux temporels, et diagnostics des systèmes. Des tableaux de bord interactifs montrent des cartes de flux temporels et des chronologies détaillées, permettant aux opérateurs de surveiller et de contrôler chaque aspect du voyage imminent. Les opérateurs, des techniciens hautement qualifiés en combinaisons isolantes, manipulent les commandes sur des panneaux tactiles avancés. Ils ajustent minutieusement les paramètres pour s’assurer que le portail reste stable et sécurisé. Leur expertise est cruciale ; la moindre erreur pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le tissu même du temps. Un véritable centre de commande et de gestion des opérations. A côté de la salle des portails, se trouvait la salle de préparation au départ. La lumière blanche et froide éclairait chaque recoin de cet espace vaste et fonctionnel, créant un contraste saisissant avec l’atmosphère d’anticipation palpable. Les murs de la salle étaient tapissés de rangées de casiers métalliques, chacun portant le nom d’un agent temporel. Le sol en béton lissé, ponctué de marques et de lignes, indiquait les différentes zones de préparation. Des rangées de portants en acier inoxydable s’étendaient à perte de vue, chargés de costumes minutieusement reconstitués. Chaque tenue semblait raconter une histoire : les étoffes chatoyantes des robes de cour du XVIIIe siècle côtoyaient les uniformes rigides des soldats napoléoniens et les habits simples des paysans médiévaux. Les étiquettes, inscrites d’une écriture élégante, précisaient l’époque et la région de chaque vêtement. La section des armes était une véritable caverne d’Ali Baba. Des épées à la lame étincelante, des mousquets finement gravés, des arbalètes aux bois patinés par le temps et des poignards à la garde ornée étaient disposés sur des râteliers en bois sombre. Cyrano, alias Christian Rochefort, l’armurier aux mains robustes et à la barbe grisonnante, brieffait les agents sur l’utilisation des armes. Sa voix résonnait avec l’autorité de l’expérience, offrant des démonstrations rapides mais précises. Chaque arme était soigneusement entretenue et vérifiée pour s’assurer qu’elle était fonctionnelle mais aussi historiquement correcte. Des tables de travail étaient encombrées de gadgets modernes dissimulés sous des façades historiques : communicateurs cachés dans des médaillons, scanners intégrés dans des boussoles anciennes et caméras miniatures dissimulées dans des broches ou des montures de lunettes. Aramis, alias Jacques Desmarais, un ingénieur discret aux lunettes cerclées, supervisait cette section. 

L’ambiance dans la salle de préparation était intense et chargée d’une énergie palpable. Les conversations étaient brèves et précises, ponctuées par le bruit des cintres en métal, le cliquetis des armes, et le bourdonnement des équipements technologiques. Les agents Monte Cristo et Cosette se tiennent côte à côte, chacun concentré sur sa propre préparation mais échangeant de temps à autre des regards de connivence. Les couturiers ajustent les dernières coutures, les armuriers passent en revue les équipements dissimulés, et les ingénieurs technologiques s’assurent que tous les gadgets sont opérationnels. Monte Cristo, d’une précision presque militaire, ajuste chaque pièce de sa tenue avec un soin méticuleux. Il vérifie les gadgets intégrés dans son manteau, assure le bon fonctionnement de son communicateur dissimulé dans son chapeau et teste la flexibilité de ses bottes renforcées. Il inspecte minutieusement chaque bouton et coutures, s’assurant qu’aucun détail ne trahit la modernité de ses équipements. Enfin, il cache des lames de jet dans les ourlets de sa veste et glisse un pistolet à silex dans une poche intérieure. Cosette se prépare avec une grâce méthodique, enfile sa robe et ajuste soigneusement chaque jupon pour une silhouette parfaite. Elle glisse ses gadgets modernes dans les poches secrètes de son mantelet, vérifie la fonctionnalité de son petit drone de surveillance et active discrètement son dispositif de brouillage. Elle fixe la capeline en dentelle sur ses cheveux bouclés et serre les lacets de ses bottines renforcées. Avant de partir, elle s’assure que son réticule contient tous les outils nécessaires pour la mission, inspecte son petit poignard et attache discrètement une fiole d’antidote à l’intérieur de sa manche. Les techniciens et couturiers effectuent des vérifications finales, ajustant les coutures, vérifiant les poches secrètes et s’assurant que tous les gadgets sont opérationnels.  Monte Cristo et Cosette font quelques mouvements pour tester la flexibilité et la fonctionnalité de leurs tenues, prêts à se lancer dans leur mission avec une confiance inébranlable.  

Une fois préparés, il se dirigent vers la salle des portails pour le briefing final avant la mission. Au cœur de la salle des portails trône la table de briefing opérationnel, imposante et futuriste. De forme elliptique, elle mesure trois mètres de long et deux mètres de large, sa surface en verre trempé noir parsemée de veinures argentées rappelant une nuit étoilée. Au centre, une console en aluminium brossé projette des écrans holographiques en 3D, affichant des cartes temporelles et des profils historiques. La surface tactile permet une interaction fluide avec les données, et les ports de connexion dissimulés offrent une intégration technologique parfaite. Le cadre en acier inoxydable, accentué de bois d’acajou gravé de motifs historiques, est rehaussé de bandes LED ajustables. Des stylos numériques et des haut-parleurs intégrés facilitent les briefings, tandis qu’un support de documents en cuir accueille cartes et rapports. 

Autour de la table, sont réunis Léon, l’agent Voltaire, Marianne, et l’historien en chef du bureau des époques, l’agent Dantès, un homme d’une quarantaine d’années, au port altier et à la carrure imposante. Son visage est marqué par les épreuves du temps, avec des traits anguleux et une expression déterminée. Ses cheveux noirs sont coupés courts, encadrant un front large et des yeux perçants d’un bleu acier, toujours en alerte. L’agent Rousseau, de son vrai nom le Dr. Louis Bernard, directeur du comité d’éthique temporelle. Philosophe et juriste, Dr. Bernard est passionné par les questions de justice et de droit moral. Il veille à ce que toutes les interventions temporelles respectent les principes éthiques et contribuent à un bien plus large. Monte Cristo et Cosette se joignent au petit cercle. 

  • Bien, commence Léon, Dantès je vous laisse résumer rapidement la situation, les enjeux, les risques, le but de votre mission. 

L’agent Dantès se racle la gorge, pour être certain que ses paroles soient les plus claires possibles, et que ses informations soient les plus précises possibles. 

  • Vous allez être envoyés le 20 janvier 1793, comme vous le savez nous ne pouvons pas encore garantir l’heure d’arrivée. Vous arriverez à proximité de la tour du Temple. 

Une projection holographique des alentours du Temple apparaît devant les yeux de tout le monde au centre de la table. Les points névralgiques apparaissent peu à peu en rouge dans l’hologramme. 

  • Votre point d’arrivée sur place sera normalement une ruelle à 500 mètres de la prison, vous avez les papiers nécessaires pour franchir la première enceinte, et tous les portiques de sécurité qui emmènent directement à l’intérieur, il y en a en tout cinq, tous gardés en permanence. Une fois à l’intérieur, vérifiez les étages, les chambres, celle de la famille royale, du roi, pour vérifier que tout va bien et que rien d’anachronique ne semble s’y trouver.  

L’agent Rousseau prends la parole. 
 

  • Bien entendu, vous connaissez les règles, ce n’est pas votre première mission, aucune interaction directe avec les membres de la famille royale, vous entrez, vous prétextez vérifier leur sécurité, et vous ressortez. Vous ne répondez à aucune question, vous êtes des membres du comité de sureté générale, jouez ce rôle. Directs, froids, soyez autoritaires, vous appartenez à l’organe le plus redouté du moment.  

  • Avec ces documents, vous ne devriez pas avoir de problème, précise l’agent Dantès. 

  • Vous connaissez le protocole, en cas de problème, dit Marianne. Vous activez la balise, et dans les 10 minutes on vous envoie un agent de soutien et d’évacuation qui vous ramènera. 

  • Une fois que vous avez vérifié l’intérieur, vous restez au pied de la prison toute la journée, la nuit, et le matin, vous vous débrouillez pour suivre le cortège qui amène le roi place de la révolution pour son exécution. Vous les lâchez quand ils arrivent sur la place, vu le nombre de soldats présents le 21 janvier là-bas, il faudrait une puissance de feu monumentale et au moins deux cents hommes pour arriver à empêcher l’exécution. 

  • Bien entendu, vous pouvez assister à l’exécution, si vous ne l’avez jamais vue. La fenêtre de retour est fixée à 16h ce jour-là. 

  • Que sait-on exactement des tentatives pour éviter l’exécution qui ont eu réellement lieu ce jour-là ? Demande l’agent Monte Cristo. 

  • Une seule a eu lieu, sur le trajet entre la prison et la place de la révolution, mais elle a été rapidement empêchée par les hommes sur place, vous n’interférez pas.  

 

Pour la première fois, l’agent Cosette prends la parole. 

  • Si jamais il y a une réelle menace, et qu’on est dépassés ? 

Marianne s’apprête à répondre, mais Léon l’interrompt.  

  • L’agent Voltaire nous a assuré que les signaux étaient bien présents, mais minimes, n’est-ce pas ? 

  • Effectivement, nos analyses n’ont pas sorti d’alertes majeures, vous devriez être tranquilles. 

  • Et de toute façon, le protocole de soutien est activé. En cas de perturbation majeure, vous revenez au point d’arrivée, et vous attendez qu’on vous récupère. S’il le faut, je viendrai moi-même vous sortir de là. Tout est clair pour tout le monde ? 

Chaque membre du petit groupe hoche la tête d’un air sérieux. Chacun d’entre eux connaît son rôle, sait ce qu’on attend de lui, d’elle, toutes les situations ont été répétées de dizaines, voire des centaines de fois. C’est une mécanique réglée au millimètre près, tout est prévu, analysé, anticipé. Toutes les sections du bureau des époques vont maintenant se focaliser sur cette mission, chaque technicien, analyste, historien, chacun des postes va être mobilisé pour assurer la réussite de la mission. Leur but : qu’il n’y ai aucun imprévu. Monte – Cristo mets les faux papiers dans une sacoche d’époque, et s’approche de l’arche du portail temporel, suivi de près par Cosette, qui vérifie une dernière fois ses habits. Marianne, Voltaire, Rousseau vont chacun à leur poste, derrière un opérateur et sa console. Léon, comme à son habitude avant le départ de chaque mission, va serrer la main de chaque agent et donne une petite tape sur l’épaule. Puis il recule de quelques pas en retrait du dispositif. Il se tourne vers ses équipes, tout le monde est prêt à enclencher le processus de départ quand il donnera le feu vert. Les deux agents de l’équipe d’intervention rapide temporelle sont face à l’arche, immobiles. La tension est palpable sur leurs visages, les poings serrés, le regard fixé sur le portail.  

  • Amorcez le départ, dit simplement Léon. Agent Monte Cristo, agent Cosette, n’oubliez pas la devise du bureau des époques : protéger, préserver, poursuivre. 

  • Protéger, préserver, poursuivre, répètent en même temps les deux agents. 

  • Début du séquençage, annonce Marianne, ouverture du point d’ancrage temporel dans 5,4,3,2…1, matérialisation du flux temporel, équipe d’intervention rapide temporelle c’est à vous, bonne chance. 

Dans un bruit assourdissant, un halo bleu apparaît au milieu de l’arche, formant petit à petit comme une sorte de voile flottant dans un léger vent, puis prends la forme d’une mer calme. Quelque chose commence à se dessiner, à se matérialiser, dans le portail. Comme si quelqu’un était en train de dessiner quelque chose à l’encre, avec les formes qui se rejoignent les unes aux autres, une sorte de puzzle qui s’assemble au fur et à mesure. Et puis apparaît une image ultra réaliste du point d’arrivée des agents, Paris en 1793. La ruelle évoquée par Marianne quelques instant plus tôt est là, de l’autre côté de l’arche, à quelques pas à travers le voile. C’est le passé qui vient de se matérialiser devant toutes les équipes, c’est le rêve de tout le monde, à portée de main. Chacun des techniciens, chacune des opératrices, aimerait être à cet instant précis à la place des deux agents, pour voir, pour explorer ce monde oublié qui s’ouvre devant leurs yeux. N’importe qui plongerait, sans réfléchir, à travers ce portail. Et c’est justement le problème, cette traversée instantanée vers le passé n’est pas à la portée de n’importe qui. C’est pour ça que les agents sont formés, pour mettre leurs émotions, leurs envies d’exploration, leur soif de découverte de côté. Ils ne sont là que pour accomplir leur mission, comme un commando d’élite, mais un commando d’élite temporel. L’agent Monte Cristo prends une grande inspiration, et franchi le portail, suivi de l’agent Cosette. En quelques pas et quelques secondes, ils passent de 2024 à 1793, aussi naturellement qui s’ils rentraient dans un magasin, ou chez eux après une journée de travail. Une fois les deux agents de l’autre côté, Léon se tourne vers ses équipes et fais un signe de la main, le portail se referme aussitôt. Il va rejoindre Marianne derrière un écran qui affiche une carte du point d’arrivée des deux agents, ou apparaissent deux carrés rouges marquant la position de l’équipe en temps réel. A partir de maintenant, ils ne quitteront plus cet écran des yeux jusqu’au retour de la mission. Léon regarde sa montre, et repose son regard sur l’écran de contrôle. Les deux carrés rouges se déplacent, la mission viens de commencer.

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