La confrérie chap 7

15 mins

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Mon cœur s’était remplie de haine d’un coup, moi qui n’avais jamais haïs personne je les haïssais plus que tout sans même savoir qui ils étaient, saleté de confrérie. Gora ne voulait pas en parler, il me disait que c’était le prix à payer pour avoir été déloyal envers moi. Mais moi je ne pouvais pas m’y résoudre. J’appelais Nto’o un jour pour lui demander des comptes :

– Bonsoir madame mon frère ! Comment tu vas ?

– Ce n’est pas un bon soir pour moi tu sais, je t’ai fait confiance Nto’o et Gora aussi, et toi tu l’as perdu de vu et voilà qu’il se fait agresser pendant qu’il est sous TA responsabilité

– De quoi tu parles Abeng ?

– C’est à moi que tu le demande ? je sais bien que s’en prendre à votre confrérie c’est risqué de se faire tuer non ? Alors on ne portera pas plainte, mais je tenais à ce que tu saches qu’aucun de vous ne serait plus jamais le bien venu chez moi

– Abeng de quoi tu parles, qui a agressé Gora ? Et quand ? C’est quoi tout ça ?

– Demande à tes autres frères de la confrérie Nto’o, demande leur…

Je raccrochais encore plus en colère. J’avais déversée ma colère sur Nto’o mais cela ne m’avais pas du tout calmé. J’éprouvais du ressentiment et je m’en voulais, je me disais que j’aurais mieux fait de refuser qu’il aille rejoindre cette confrérie de merde. Et je tournais et retournais ça dans ma tête sans savoir quoi faire pour que ces salauds paient ne serait-ce qu’un peu. Gora avait demandé à prendre ses congés, monsieur Ngane n’allant effectivement à la retraite qu’en Décembre de cette année-là, il lui restait donc encore trois mois à travailler. Et puis, la semaine qui suivi le coup de file que j’avais passé à Nto’o, alors que Gora et moi étions à la maison, moi dans le jardin, lui dans son bureau, je vis arriver deux hommes.

L’un d’eux me sembla être monsieur Ngane, Gora m’en avait si souvent parlé que je n’eus pas trop de mal à le reconnaitre mais l’autre ne me disait rien :

– Bonsoir madame ! Firent les deux hommes en passant le portillon

– Messieurs, puis-je vous aider ?

– Oui, nous aimerions parler avec votre époux, Gora

– Pourquoi ? et si ce n’est pas indiscret je peux savoir qui vous êtes ?

– Oui bien sûr, je suis monsieur Ngane, je suis un collègue et cet homme est un frère…

– Un frère de la confrérie je suppose ? dis-je, vous allez le faire disparaitre parce que j’ai menacé Nto’o ? il n’est pas au courant de ça, et s’il vous faut vous en prendre à quelqu’un c’est à moi que vous vous devrez vous en prendre, Gora ne sais même pas que j’en ai parlé à Nto’o

Les deux hommes se regardèrent étonnés :

– Nous ne sommes pas là pour menacer ou faire disparaitre qui que ce soit, pourquoi vous avez ce genre d’idée sur nous ? s’enquit l’autre homme

– Ne faites pas les innocents, dis-je, le genre de chose qu’à subit mon mari sont pratiques courantes dans vos assemblées de « frères » non ? Cela fait partie de vos moyens de maintenir les jeunes à leur place, et la loi du silence est de mise, de toute façon mon mari n’avait pas l’intention de porter plainte, mais moi je n’ai jamais voulu qu’il fasse partie de votre assemblée et je m’en suis pris à Nto’o parce que c’est lui qui l’en a convaincu et j’estime qu’il est au moins aussi responsables que ces espèces de…

Gora arriva pendant que je disais ça :

– Abeng… arrêtes de t’en prendre à eux, et calmes toi, me dit-il en me demandant de rentrer dans la maison

– Je ne vais pas te laisser seule avec eux, je leur ai fait confiance une fois et…

– Chérie je t’en prie, dit-il en me serrant, je te promets que je n’irais nulle part avec eux, nous allons juste parler ici

Je regardais Gora, mais je n’avais aucune confiance en ces deux types :

– S’il te plaît ma belle, dit-il encore et je fini par lui obéir

– Venez nous allons nous installer dans le coin là-bas, leur dit-il en leur indiquant l’un des bungalows

C’est tout ce que j’entendis de leurs échanges. Je tournais en rond pendant tout le temps que dura cet aparté. De temps en temps je jetais un œil dehors pour constater qu’ils étaient bien là tous les trois. Gora étais assis les bras croisés sur le torse callé dans son siège, mal à l’aise. Ils avaient dû lui demandé de leurs raconter ce qui s’était passé. Deux bonnes heures ou peut-être trois avaient dû s’écouler pendant qu’ils parlaient, puis je vis les deux hommes se lever et prendre congé. Gora lui, était toujours assis, je sortis le rejoindre et m’asseyais à côté de lui :

– Je te demande pardon Gora, je n’aurais pas dû en parler à Nto’o, lui dis-je en baissant la tête

– Ce n’est rien tu as cru bien faire, murmura-t-il

– A l’avenir je vais apprendre à m’occuper de mes affaires, fis-je en me levant

– Non Abeng reste là, il faut que je te parle,

Je repris place sur mon siège et me tins en silence attendant qu’il parle :

– Depuis que tu as perdu le… enfin… depuis que je suis rentré de Libreville, on ne s’est pas vraiment parlé, et il ne me reste plus qu’un mois de congé alors je voudrais qu’on discute un peu tous les deux

– Je t’écoute, dis-je

– Tu… (il souffla), j’ai honte de tout ça… tous les deux on n’a jamais vécus comme ça… tu es dans ton coin, tu me parles à peine, on passe des journées entières à la maison chacun dans son coin, je sais bien que c’est de ma faute (il se tu un moment), tout ça… tout ce qui se passe là, tout est de ma faute. Je me suis conduit comme le pire des idiots, et voilà que tu as changé de chambre et que nous vivons comme deux inconnus et encore je ne suis pas sûr que tu sois revenu sur ta décision de demander le divorce, il dit ça en se passant la main dans les cheveux et soupira, Abeng je t’en prie je voudrais… que tu me pardonnes, je me suis tellement trompé ma belle… tellement,

Il s’était arrêté de parler et me regardait simplement maintenant sans rien dire et moi, je ne savais pas quoi lui répondre. Il m’avait blessé au plus profond de moi, j’en étais arrivée à ne plus savoir de quoi parler avec lui. Et cette fille qu’était-elle devenue ? C’était quoi leurs projets à long terme ? Il voulait une deuxième épouse, une maitresse, et moi j’étais supposé faire comme si elle n’existait pas ? Et s’ils avaient des enfants un jour, me faudrait-il les tolérer chez moi ? Il semblait qu’elle au moins avait l’assentiment de sa mère. Et vu comment il était heureux chaque fois qu’il revenait de passer quelques heures chez elle avec cette fille, cela semblait lui tenir à cœur :

– Ne dis pas ça ! Fit-il

– Pourquoi ? parce que ce n’est pas vrai peut-être ? dis-je, je ne peux pas t’en vouloir de préférer une femme qui s’entend si bien avec ta mère

– Abeng je t’en prie… chérie je… je n’ai pas les mots pour m’excuser…

– Ce n’est pas ce que je te demande Gora, cette fille tu comptes en faire quoi ? criais-je

– C’est fini, terminé, tu n’as plus à t’en faire pour cette histoire

– Mais j’ai de quoi m’en faire pour une autre, n’est-ce pas ? Je suis désormais trop vieille pour toi, et puis ça fait trop longtemps qu’on est ensemble alors il n’y a plus la magie du début… tu as besoin de vivre quelque chose d’autre, avec une femme plus jeune, une femme plus belle plus…, je dis ça à voix basse

– Abeng… tu ne me pardonneras jamais c’est ça ?

– Je ne sais pas ! dis-je en tournant les yeux vers la barrière, tu sais Gora, j’aurais voulu être le genre de femme capable de tromper son homme, peut-être qu’alors tu aurais eu un peu de respect pour moi, parce que ce n’est pas tellement le fait que tu ais eu une liaison avec une autre, mais tu m’as traité de moins que rien, « tu n’as même pas assez d’imagination pour conserver ton homme » c’est ce que tu m’as dit un jour, et puis tu as douté de moi en disant que tu te demandais qui étais le véritable père d’Akeng… et ça tu vois, je ne pourrais jamais l’oublier, tu as remis ma loyauté en question, mes sentiments pour toi, et tu m’as traitée comme si je n’étais à tes yeux qu’une fille sans éducation que tu avais prise chez toi par… pitié…

D’aucun pourrait dire que j’en faisais trop, surtout au vu de ce qu’il traversait mais et moi ? J’avais perdu mon bébé dans tout ça et qui s’en souciait ? Il me fallait tourner la page aussi simplement que ça. Oublier, pardonner, recommencer, comme si tout ceci n’avait été qu’un mauvais rêve, juste ça. Je me levais et retournais dans la maison, j’étais fatiguée, le médecin m’avait demandé de me reposer mais je n’en faisais qu’à ma tête, car il suffisait que je ferme les yeux pour que tous ces souvenirs douloureux remontent à la surface, et que je me sente comme la plus méprisable des femmes. J’avais mal, et pire j’avais le sentiment d’avoir échouée, j’avais construit mon petit monde et tenté de mettre ceux que j’aimais à l’abri dedans mais je n’y étais pas parvenue. Je me dis que j’allais en parler à Aboghé peut-être fallait-il que je me mette aux somnifères ? Pourquoi pas ? Cela réussissait bien à d’autres.

J’allais m’allonger dans la chambre dans laquelle j’avais aménagé et une fois allongée sur le lit je fermais les yeux. Je ne sais pas depuis combien de temps je dormais, mais en ouvrant les yeux je me retrouvais dans les bras de Gora. Il s’était allongé près de moi et m’avais prise dans ses bras. Je restais là un instant en me demandant quoi faire, il n’avait presque rien mangé de la journée, il avait passé une bonne partie de sa matinée à travailler dans son bureau et là il dormait. Je passais doucement ma main sur le bras qui me tenait, ce qui le réveilla :

– Tu vas mieux ? Me demanda-t-il

– Oui j’étais juste fatiguée,

– Je te croyais plutôt en colère

– Oui aussi,

– Abeng !

– Hum !

– Je te demande pardon pour tout, je sais bien que ça ne s’efface pas comme ça, je veux juste que tu saches que je me rends compte de ce que je t’ai fait d’accord ?

– D’accord, mais laisse-moi me lever, il va falloir que tu manges quelque chose…

– Pas encore, juste un petit moment, ça fait longtemps que je ne t’ai pas tenu dans mes bras comme ça, alors ne sois pas si pressée je t’en prie, me dit-il en fermant à nouveau les yeux

Je ne dis rien, me contentant de rester tranquillement dans ses bras. Je ne sais pas si à ce moment précis je me sentais bien. Je crois que j’étais simplement fatiguée d’être en colère, fatiguée de trainer tout ce fardeau avec moi tout le temps. J’avais besoin de me reposer et de nouveau je m’endormie. A mon réveil Gora était assis sur le rebord du lit les yeux fixés sur le sol, il paraissait réfléchir. Dès qu’il se rendit compte que je m’étais réveillée il me sourit, puis me passa le dos de sa main sur le front :

– Quand tu t’es rendormie tu t’es mise à chauffer j’ai eu peur, mais ta température est redescendue, tu vas mieux ?

Je hochais simplement la tête. Il me prit la main et la caressait doucement :

– Je n’ai jamais pensé que je serais capable de te faire autant de mal tu sais, jamais (il soupira), je sais bien qu’avec le temps tout s’arrange du moins c’est ce qu’on dit, mais il y a une chose que je sais qu’aucun de nous deux ne pourra oublier, et je n’arrête pas de me demander comment je vais pouvoir vivre avec ça et je n’ai pas de réponse, mais peut-être que pour se donner une chance d’être à nouveau heureux tous les deux je pourrais quitter mon boulot, changer de ville, aller dans un endroit où on aurait de nouvelles choses à découvrir ça te dirais ?

– Je ne sais pas, dis-je en me redressant sur le lit

– Tu devrais aller te doucher, on va aller manger dehors tous les deux, ça nous changera

Encore une fois, je levais les yeux vers lui sans rien dire, il m’aida à me lever et ensuite à prendre ma douche. Il me fit remarquer que j’avais perdu beaucoup de poids :

– Je ne me sens pas très bien en ce moment, dis-je

– C’est pour ça que tu ne te nourris pas correctement ? ma belle hey, tu veux me torturer c’est ça ? ça ne se voit peut-être pas mais je m’en veux énormément…

– Ce n’est pas de ta faute, je n’ai goût à rien, envie de rien, je…

– Tu fais une dépression, pour une fois tu peux me laisser m’occuper de toi ? me dit-il en me forçant à le regarder dans les yeux, tu veux bien ?

– Gora…

– Tu me dis oui c’est tout et je m’occupe du reste aller dis-moi oui,… ma belle

– Oui d’accord, fais ce que tu veux,

Il me prit dans ses bras et me porta dans la chambre. Au lieu de m’assoir sur le lit pendant qu’il me cherchait une tenue, je m’allongeais et me rendormie, cette fois il me réveilla :

– Chérie arrête, fais un effort et lèves-toi, je t’emmène manger dehors, ça va te faire du bien

Je me levais et m’habillais, il avait sorti de mon armoire une jolie robe fleurie, c’est lui qui me l’avait offerte il y avait un bon moment, avant tout ça. Elle m’allait de nouveau, en fait entre le moment où il me l’avait offerte et ce soir-là j’avais pris puis perdu du poids. Je passais une paire de ballerine et une petite laine et j’étais prête. Nous habitions à salsa pas très loin de la route il nous fût donc facile d’avoir un taxi. Il avait décidé de m’emmener manger dans un petit restau au bord de mer, les tables étaient en plein air c’était pas mal. Une fois installé il me fit apporter un jus d’orange avant tout :

– Votre épouse à un souci ? Demanda le gérant, un libanais de l’âge de Gora, en s’approchant de notre table

– Elle fait de l’anémie et ça m’inquiète un peu, répondit-il en souriant

Le gérant revint avec un jus mais pas d’orange, une mixture de son cru, en disant que sa grand-mère au Liban lui faisait ça lorsqu’il se sentait un peu patraque, il m’encouragea à boire et il faut avouer que ça n’avait pas mauvais goût. Puis il se mit à discuter avec Gora de tout et de rien. La soirée commençait bien. Il venait d’arriver dans le pays et avait un peu de mal encore avec la ville alors pour les sorties il se limitait au centre-ville cela fit rire Gora, qui lui avoua que c’était comme ça pour tout le monde dans un endroit qu’on ne connaissait pas bien. Il lui dit aussi que pour sa femme c’était pire elle ne sortait jamais de la maison, si bien que pour faire les courses il était obligé de s’y coller à chaque fois.

J’observais Gora pendant toute la soirée il avait l’air bien et je m’en réjouis en réalité on avait tous les deux besoin de faire autre chose. Une fois le gérant partit, Gora me fit un clin d’œil en souriant. Puis il me prit les mains et les embrassa, il disait que cela lui avait fait plaisir que j’accepte de sortir, et aussi que j’ai acceptée de goûter la recette de la grand-mère du gérant. Il parlait en souriant mais s’inquiétait un peu que je ne lui réponde pas :

– Je ne sais pas quoi te dire,

– Alors dis-moi que tu m’aimes, même si c’est juste pour me faire plaisir, dit-il en me regardant

– Je t’aime !

– Ce n’est pas juste pour me faire plaisir, rassures-moi

– Faudrait savoir ce que tu veux, lui dis-je en souriant à mon tour

– Aller Abeng rassure-moi, me dit-il l’air triste, hey ma belle…

– Ce n’est pas juste pour te faire plaisir, même si je n’avais pas trop envie de te dire ça

– Parce que tu es en colère ? Fit-il en souriant de nouveau

– Oui parce que je suis en colère, Gora ne me provoque pas, dis-je sans pouvoir garder mon air sérieux

De nouveau il m’embrassa les mains :

– Je t’aime ma belle ! Si je te dis que je suis désolé encore une fois tu reviendras dormir dans notre chambre ? Hey,

– Gora…

– Je suis sérieux chérie, ça me tue… et sincèrement… je suis désolé,

Lorsque le serveur apporta les pizzas qu’on avait commandé, Gora se tu un instant, il m’avait lâché les mains, mais continuait de garder les yeux posés sur moi. Je voyais dans son regard qu’il n’était pas encore satisfait, il s’en voulait pour tout ce que nous avions traversé ces derniers temps, je lui en voulais aussi. Mais contrairement à lui je ne pensais qu’à notre enfant, et loin de tout lui mettre sur le dos je m’en voulais aussi. Je me disais que si j’avais gardé mon calme, si je n’étais pas passé le voir ce jour-là, si j’étais resté chez mon père, mon bébé serait encore là. Et à cause de la décision que j’avais prise ce jour-là je l’avais privé de son enfant.

Il mangeait en me souriant, et de temps en temps il coupait une petite part de sa pizza et m’obligeait à la manger :

– Je ne veux pas de ta pizza Gora…

– Pour le meilleur et pour le pire ma belle, aller mon cœur mange, cela l’amusait de dire ça

– Ok je mange, mais à quoi ça sert que tu m’ais commandé ma propre pizza ?

– Tu as ton propre corps cependant de temps en temps tu goûtes au mien non ?

– Tu racontes n’importe quoi Gora, dis-je en riant, mais il est vrai que j’aime le goût de ton corps, lui murmurais-je à l’oreille

– Alors tu veux bien revenir dormir dans notre chambre ? Fit-il, en me passant la main sur la joue

– C’est vraiment ce que tu veux ? dis-je toujours en lui murmurant dans le creux de l’oreille

– Oui ma belle, c’est vraiment ce que je veux, il dit ça en me déposant un baiser sur la main

En rentrant à la maison après cette charmante soirée avec mon mari, je voulu aller me coucher dans ma chambre, je m’étais déjà déshabillée pendant que Gora fermait les portes de la maison. Il alla dans sa chambre pensant m’y trouver puis il vint me trouver dans la mienne. J’étais allongée dans mon lit et m’endormais déjà :

– Hey Abeng, fit-il en me caressant les cheveux tout doucement

– Hum !

– Tu as promis que tu reviendrais dormir avec moi ma belle, je sais bien que tu es fatiguée chérie mais tu veux bien que je te porte dans notre chambre, dis-moi

– Oui d’accord, mais Gora ?

– Je t’écoute ma belle

– Tu sais je ne t’en veux pas pour notre bébé, ce n’était pas uniquement de ta faute tu sais ? Je n’aurais pas dû me trouver là et…

– Ne dis pas ça, c’est ta maison, et tu avais le droit d’y venir, par contre moi je n’avais pas le droit d’y faire venir une autre femme, et je te promets que cela ne se répètera plus jamais tu m’entends ?

– Hum hum !

– Je t’aime ma belle, aller viens je t’emmène, demain j’irais te chercher des médocs chez ma sœur et des fruits, je vais m’occuper de toi un peu mieux

A partir de ce jour les choses allèrent un peu mieux entre Gora et moi. Je savais que plus rien ne serait comme avant mais, la paix était revenue à la maison. Nous avions recommencé à discuter, à faire des sorties ensemble et de temps à autre des balades dans la ville. Cependant j’avais encore peur d’être trahi par mon époux, et je continuais à me tenir loin de ses sorties, je m’explique. Je ne lui demandais pas de me raconter ce qu’il avait fait, s’il était sorti seul, ni où il était allé. Lorsqu’il sortait je ne lui demandais ni où il allait, ni ce qu’il allait y faire. Je ne voulais rien savoir de ce qu’il faisait en dehors de la maison. Et chaque fois qu’il me racontait ses déplacements je l’écoutais d’une oreille, il s’en rendit compte.

Un jour qu’il était allé voir son oncle pour prendre des nouvelles de sa mère qu’il n’avait pas vu depuis un moment, il était revenu légèrement contrarié. Mais je ne voulais pas savoir pourquoi, en réalité j’avais mal de découvrir qu’il puisse s’être remis avec cette femme, alors je me tenais assise près de lui pendant qu’il parlait sans vraiment l’écouter :

– Je t’ennui avec mes histoires de famille ?

– Non je…

– Alors pourquoi tu ne m’écoutes pas ? Tu as un souci ma belle ?

– Non pas moi…

– Qui alors ?

– Personne, personne,

– Tu ne… tu ne veux pas entendre ce que j’ai à te raconter c’est ça ? et ce n’est pas la première fois, dit-il en se passant la main sur le visage, je n’ai personne d’autre à qui me confier chérie, tu le sais bien

– Je sais mais je… à chaque fois que…

– Tu crois que je vais me remettre avec cette fille ou que je vais laisser ma mère s’immiscer entre nous… encore ? Après tout ce qu’on a vécu ? S’enquit-il en me fixant avec un regard triste

– Je n’en sais rien, fis-je, je n’en sais rien… j’ai peur tout le temps tu sais, j’ai peur que ça recommence…

Gora baissa la tête et resta ainsi une minute ou deux, puis il se redressa et me prit dans ses bras, après avoir déposé un baiser sur la tempe, il se mit à me caresser les cheveux. Je me sentais bien. Cela faisait presque deux mois que je travaillais à mi-temps à cause du traitement que m’avait prescrit la sœur de Gora. J’allais le matin au magasin jusqu’à 14h et ensuite je laissais les filles fermer. Je m’organisais pour faire tout ce que j’avais à faire durant ce laps de temps ensuite je rentrais à la maison après être passé acheter quelque chose à manger. En rentrant je prenais ma douche, mangeais et prenais mon traitement puis j’allais me reposer en attendant que Gora, qui avait repris le chemin du travail, rentre. Cela du lundi au samedi, mais le samedi Gora ne travaillait pas, il allait passer du temps chez sa mère ou son oncle, c’était selon. Parfois il allait voir ses sœurs.

Cela me laissait le temps de me reposer, et vu que la petite n’était toujours pas revenue vivre avec nous, je n’avais personne dont je devais m’occuper en rentrant. Gora était aussi très prévenant, il m’emmenait manger dehors ou faire de courtes promenades. En rentrant il me rapportait souvent des friandises. Depuis qu’il était passé chef du département électrique, il avait une voiture de service, et il pouvait aller faire un détour au centre commercial après le travail. Les choses se passaient bien, un peu trop bien même. De temps en temps il passait la soirée de vendredi avec ses amis du lycée technique, les seuls liens entre la confrérie et lui restaient la cotisation qu’il reversait tous les mois, et Nto’o qui était toujours de ses amis.

Après que je lui ai avoué ma peur de me trouver à nouveau dans la situation qui avait failli nous séparé il se dit qu’il fallait qu’il me redonne confiance en lui. Il faisait toujours la même chose, empruntait les mêmes trajets. Il appelait pour prévenir s’il devait rentrer tard, ou tout simplement pour me dire où il était, prendre des nouvelles de moi, et souvent juste pour me dire qu’il m’aimait. On en était là, un couple qui tentait de se remettre de blessures profonde sans savoir comment se faire de nouveau confiance. Comment guérir

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