Le sol dur et froid, aussi tranchant qu’une lame, ne faisait qu’accentuer ce sentiment d’amertume qui avait pris forme dans le cœur de Mageia après qu’Ases l’ait possédé avec tant de bestialité.
Sa robe déchirée flottait dans l’air glacé. Ses longs cheveux bruns voilaient son visage fin et pâle, cachant ainsi ses traits fatigués. Tout en marchant, des larmes coulaient sur ses joues creuses que la jeune mère ne cherchait pas à retenir. Elle observait les vestiges de son mari. Désastre, ruines et poussière. Il ne récolterait guère plus, ni mieux d’ailleurs. Mageia s’arrêta au pied d’une immense voûte de pierres au sommet autrefois pointu. Elle posa sa main sur la matière froide, attarda ses doigts dans les renfoncement granuleux des jointures. Enfin, elle passa à travers l’arcade et repris sa route jusqu’à la fin de Maghaer.
La déesse-Mère contempla cette immensité qui lui faisait face. Elle ferma les yeux et remplit d’air ses poumons asséchés. Qu’y avait- il au devant de ce vide? Quel monde renfermait- il? Y en avait-il seulement un?
La déesse s’agenouilla au bord de Maghaer, à demie désemparée à l’idée d’une éternité à errer dans cet espace qu’elle commençait à peine à mépriser. Elle tapa du poing sur la roche noire qui émit un craquement. Une fissure laissa entrevoir une lueur bleutée étincelante.
Après avoir plongé sa main dans la fente de lumière, Mageia sentit une force incroyable la submerger de l’intérieur ainsi qu’un flot de connaissances infinies sur le monde, les émergences à venir sans oublier les milles et une possibilités de les mettre en oeuvre. Un nouvel univers lui avait ouvert ses portes et l’esprit la Mère- Magie s’y était engouffrée avec avidité. Il lui fallait connaître tout. Ce tout lui permettrait de quitter ce cimetière.