Dracula Prologue

Le vieux cheval blanc continuait sa course vers le château, à quelques pas du village. Son cavalier sombrait de plus en plus dans la haine et la rage. Les arbres défilaient à la vitesse du vent qui tapait son visage. La nuit commençait à monter, ce qui le pressait à devoir en finir avec tout cela. Arrivé devant la porte, le jeune homme descendit de sa monture, la fit cavaler en-dehors du lieu, pour finalement disparaître dans la forêt.

Devant cette grande barrière en bois qui le séparait du monde des morts, le cavalier s’approcha à pas lents mais déterminés. Il agrippa fermement les poignées de la double porte avant de la pousser avec force. En entrant, ses premiers pas furent fermes et vifs, avant de devenir inquiets et discrets. L’environnement était plongé dans le noir, tous les rideaux voilant les fenêtres. Pas un bruit, pas une personne, tout était calme. Une personne qui ne connaîtrait pas les histoires du village penserait que l’endroit était abandonné, inhabité.

– Montres-toi sale démon, dit-il, s’armant d’un pieu qu’il eut spécialement confectionné pour la bête. 

Il continua de s’avancer prudemment vers le grand escalier trônant en plein milieu de la salle, un escalier en marbre noir très proprement entretenu pour une personne vivant seule ici.

Le lustre au-dessus de sa tête, quant à lui, semblait dans un bien piteux état. Certaines chaînes incrustées de diamants pendaient au milieu du vide et la moitié des bougies étaient en fin de vie.

– Tu ne pourras pas te cacher longtemps, ou bien tu crèveras de soif. Et je préfère largement que tu meurs à cause de moi.

Un fin bruit se glissa juste derrière le jeune homme, coupant sa respiration. Son cœur commença à tambouriner dans sa poitrine, l’inquiétude grandit de plus en plus. Il se retourna vivement, pointant le bout de l’arme devant lui, à deux mains. La porte, auparavant ouverte, se referma d’un geste brusque, lui faisant lâcher un sursaut.

Il gloussa en la fixant intensément, se demandant comment elle avait pu se fermer sans personne autour. Sûrement un coup de vent, pensa-t-il. Mais il ne pouvait pas venir de l’intérieur. Quelque chose l’avait fermé.

Il commença à reculer à pas lents, le pieu maintenu fermement dans ses mains.

Soudainement, il sentit avec effroi un souffle dans son dos, le glaçant sur place. Des tremblements commencèrent à l’envahir, le rendant moins fort qu’il ne le pensait. Il prit son courage à deux mains avant de se retourner, faisant face à la créature tant redoutée, les crocs à l’air. Sans hésiter, il tira son pieu en arrière, avant de l’élancer droit dans le cœur du vampire. La bête s’écria soudainement, la bouche toujours ouverte, regardant avec peur le pieu planté dans sa poitrine.

Le jeune homme fronça des sourcils, la respiration saccadée, avant de prendre de la distance avec le vampire. Ce dernier tint l’arme entre ses mains, continuant de la fixer avec terreur. Mais quelques secondes plus tard, il fixa un regard malicieux vers le jeune homme, un petit rictus se faufilant entre ses lèvres.

Celui-ci ne comprit pas pourquoi cela ne le tua point, avant de le voir avec horreur enlever le pieu avec aisance de sa poitrine. Le vampire balança l’arme à terre, faisant résonner un bruit métallique dans toute la salle.

– C-Comment…cela est censé vous tuer, s’exclama le jeune homme avec crainte, reculant jusqu’à être coincé contre la grande porte.

Il chercha de sa main la poignée, avant de la tirer comme il pouvait. Mais trop tard, quelques secondes plus tard, le vampire fut contre lui, les crocs plantés dans son cou, buvant son sang avec ardeur.

Au levé du soleil, on ne trouva plus que des flaques de sang laissées pour seule trace à l’entrée du château, laissant deviner que Brenevan était mort.