Pour l’éternité (VIII)

7 mins

Comme si mon ventre se déchirait, mon cœur se brisa, la colère, la rage, je me débattais je voulais sauter à la mer pour aller tuer ce monstre, ma fille était perdue, je ne la reverrais jamais. Hassan tenta de me calmer en me prenant dans ses bras, il me fît une promesse, nous reviendrons chercher notre enfant mais en attendant une autre affaire nous attendait. Ghalia me donna un sédatif ainsi je ne vis pas la traversée. Un matin le bruit des mouettes me sortis de mon sommeil, une fois sur le pont je vis le port de Lisbonne devant nous, c’était le grand jour j’allais revoir mon père. Par précaution un message fût envoyé au château d’Armando, la réponse ne mit pas longtemps à revenir. Camila était morte suite à une forte fièvre peu de temps après mon départ, se retrouvant seul mon père avait eu le temps de réfléchir et s’en voulait de m’avoir juger à la hâte, il acceptait de nous voir dès que possible pour en discuter. Il me précisait que Tonio serait absent, une mission pour le Roi le retenait loin de Lisbonne.

Soulagée de ne pas avoir à faire face à mon demi-frère, l’espoir renaissait soudain. Ma nuque me fît mal, je passais la main dessus comme pour effacer la gêne. Je savais que mes jours étaient comptés, ne sachant ni quand, ni comment ma fin allait arrivée, je profitais de chaque instants sur ma terre natale. Rien n’avait changé, en passant la porte du parc je me sentis chez moi, je ne pus m’empêcher de repenser à la dernière fois dans le parc, comme une vision fantomatique je me vis courir pour échapper à Tonio, je frissonnais. Hassan me prit la main, Armando nous attendais sur le pas de la porte, un peu gêné il nous fît entrer dans le grand salon. Une fois les présentations faites mon père m’emmena dans son bureau nous avions à parler. Je lui racontais ma version de l’histoire avec Tonio, la colère succéda à la surprise en entendant toutes ces révélations. Se prenant la tête entre ses mains il resta silencieux un moment, quand il releva la tête ses yeux étaient remplis de larmes. Il se mit à genoux me prenant les mains et se confondit en excuses. Tellement soulagée que la vérité éclate enfin, je le relevais et lui pardonnait tout. Une fois calmé il prit mon visage entre ses mains et me demanda par quelle sorcellerie j’avais pu retrouver mon visage d’antan. Je choisissais de garder la version du harem, les alchimistes avaient fait des miracles et c’était plus facile à accepter pour mon père, de plus il était si heureux que je ne voulais pas lui gâcher sa joie en lui parlant de la malédiction. 

De retour dans le salon Ghalia nous avait rejoint, mon père un peu intimidé lui fit faire le tour du propriétaire. La nuit allait tombée et Armando avait fait préparer des chambres pour nous. Hassan se leva tôt, il souhaitait aller sur le bateau pour aller chercher quelques affaires. Avant de descendre prendre mon petit déjeuner je flânais un peu dans les différentes pièces du château, au moment de passer devant la chambre de Tonio, mon cœur se mit à battre plus fort, l’angoisse me figea sur place, un bruit de pas derrière la porte me fit sursauter, j’allais tourner la poignée quand ma femme de chambre sortit brusquement. 

« Madame ? Mais qu’est-ce que vous faites là ? Je veux dire devant la chambre de ce monstre… » 

Elle mit la main devant sa bouche comme pour s’interdire de parler d’avantage. Je ne pus m’empêcher de remarqué que sa main portait des cicatrices et son œil arborait les dernières traces vertes d’un coquard. Je la questionnais à la hâte, tremblante elle me fit comprendre sans rentrer dans les détails que l’aide qu’elle m’avait apporter lui avait value quelques corrections qui étaient devenues régulières. Si elle faisait quelque chose qui déplaisait à Tonio, ce dernier s’arrangeait pour lui faire payer et si elle en parlait à quelqu’un elle perdrait son travail et sa réputation. Je ne sais pourquoi mais je ressentie le besoin d’entrer dans son sanctuaire, que cachait-il dans ses tiroirs, la pièce était très bien rangée, il y avait peu de décoration, elle reflétait parfaitement son côté militaire. Je fouillais son secrétaire, j’ouvrais tous les tiroirs, ils étaient remplis de courriers en tous genres, de documents officiels. Un tiroir était fermé, ma curiosité était si forte que je me saisis du coupe papier et forçais la serrure. Une paire de gants abimés et une petite pochette en tissu attira mon attention. Une forte odeur de cuir me monta au nez, je me figeais, glissant la main dans la housse j’en ressortait un tissu plein de sang et un bout de mon masque de Geisha. Soudain les images repassèrent dans ma tête, l’agression, la main gantée sur ma bouche, cette odeur si forte de peau de chèvre la même que la paire de gants dans le tiroir. 

« Tu n’as pas pu t’empêcher de revenir, je savais que tu étais amoureuse de moi dans le fond, sinon pourquoi tu serais ici, dans ma chambre ? » 

Le son de sa voix m’avait glacée le sang, Tonio était dans l’embrasure de la porte, il tenait la femme de chambre d’une main, la pauvre ne pouvait pas crier. Dans un geste lent il saisit sa dague et transperça la jeune femme, son corps tomba lourdement sur le parquet. Me sentant prise au piège, ma nuque me brûla et j’eu une nouvelle fois l’impression que quelqu’un prenait le contrôle de mon corps. Sans pouvoir contrôler mes gestes je me vis me diriger vers lui, mon corps ondulait. Je posais mes mains sur son torse et l’attirais à moi vers le lit. Un peu surpris, Tonio ne se fît pas prier, m’enlaçant par la taille, il me jeta sur le lit, nos lèvres se cherchaient avec passion, nos mains impatientes arrachaient nos vêtements. J’avais la nausée, j’hurlais intérieurement, ma tête me faisait tellement mal et ma marque était brûlante. Je me rendis compte que j’exerçais un pouvoir sur Tonio, il était complètement à ma merci, il était ivre de désir et ne se rendit pas compte que mes jambes l’enserraient, je me retrouvais assise sur lui, prenant ma pique à chignon j’allais lui planter dans le cœur mais il ouvrit les yeux à ce moment-là me retourna sur le sol, ses mains serraient mon cou, je manquais d’air, mes pieds tapaient le parquet et mes doigts cherchaient quelque objet pour me défendre. Avant de perdre connaissance j’eu le temps de voir Hassan briser la nuque de mon agresseur. Dans un dernier sursaut une petite flamme verte s’échappa de ma bouche, je n’avais plus la force de me battre, je fermais les yeux. 

« Lucia, Lucia, réveille-toi, respire mon amour, tu ne peux pas me laisser seul, aller réveille-toi ! » 


– Hassan, il faut que je te dise quelque chose, Lucia à passer un pacte avec le diable, elle n’était pas censée quitter le pays de ton père, je suis surprise qu’elle soit arrivée vivante au Portugal. Laisse la partir elle à fait son choix. 

J’assistais à cette scène comme une spectatrice, je flottais au-dessus de mon corps. La petite flamme verte s’approcha de moi, elle me proposa un marché, je réintégrais mon corps et devenait immortelle, à condition que je ne mette plus jamais les pieds sur la terre ferme, j’étais condamnée à vivre sur un bateau avec mon mari, sa mère et l’équipage, ces derniers vieilliraient plus lentement qu’un homme normal et à terme je me retrouverais seule sur mon navire à errer sur les mers du globes. Avant d’accepter je souhaitais revoir ma fille, la flamme accepta ma requête et me promis que je pourrais la voir une fois par an, je devrais rester sur le bateau et la petite sera sur la plage, je ne pourrais jamais plus lui parler, juste l’observer. Sans vraiment réfléchir aux conséquences j’acceptais le marché. J’ouvris les yeux Hassan pleurait, je lui caressait le visage, la joie remplaça la peine, il me serra fort dans ses bras. Ghalia soulagée me questionna du regard. J’expliquais le pacte que je venais de faire et comme pour me rassurer sur ma décision, mon mari m’embrassa. Sa mère en revanche quitta la pièce sans dire un mot. 

Il ne fallait pas tarder à remonter sur le navire, mon père étant en ville pour son travail il fallait nous débarrasser des corps. Le vieux puit condamné dans la cours du château ferait l’affaire. Les corps de Tonio et la femme de chambre furent jetés dedans, les rats feraient le reste. Hassan replaça la grosse pierre sur le dessus, personne n’en saurait jamais rien. Je laissais une lettre à Armando lui expliquant qu’il fallait que je rentre au plus vite voir Leyla, elle me manquait trop. Le soleil se couchait quand nous montâmes sur le bateau, un dernier regard vers le quai et bientôt les côtes n’étaient qu’une ligne à l’horizon. Je n’ai jamais compris comment mais l’équipage ne s’est jamais posé de question et à continuer à naviguer sans vouloir accosté, on aurait dit des automates, peut-être étaient-ils dépossédés de leurs âmes ? Ghalia fût la première à nous quitter, elle vécut très mal notre exil, un matin nous l’avons retrouvée pendue dans sa cabine, une lettre d’adieu posée sur son lit. Ce n’était pas toujours facile mais ce qui nous faisait tenir était notre rendez-vous annuel pour voir Leyla. Nous l’avons vu faire ses premiers pas, monter son premier cheval, devenir une belle jeune fille, se balader avec son mari, ses enfants. Notre navire était invisible à la vue des hommes mais un jour Leyla a tracé un cœur dans le sable, elle s’est agenouillée devant l’océan et nous a fait un signe de la main, elle avait les cheveux gris et semblait fatiguée. Hassan était vieux à présent, de l’équipage il ne restait personne. Je sentais que notre rendez-vous de cette année serait surement le dernier pour lui. Je n’ai jamais su comment Leyla savait qu’il fallait se rendre sur la plage. Alors que nous attendions de la voir, un objet attira mon attention, une bouteille avec un bout de papier à l’intérieur. Hassan la récupérera. Il nous fut impossible de l’ouvrir, la journée passa et aucun signe de vie sur la plage. La nuit tomba et comme par magie le bouchon de la bouteille sauta, nous pûmes récupérer la missive. Quelques mots écrits à la plume, une écriture féminine mais tremblante. 

« Mes chers parents, 


Je vous écris cette lettre car je suis souffrante, ne pouvant pas venir sur la plage cette année, il faut que vous sachiez que tante Jenna s’est bien occupée de moi, elle m’a parlé de vous pour entretenir votre mémoire. Je pouvais sentir que vous n’étiez jamais bien loin, quand j’étais triste ou dans les grandes étapes de ma vie, il suffisait que j’aille sur la plage que je regarde au large pour me sentir mieux. J’espère que vous avez été fiers de moi. Je ne sais pas si vous aurez mon message mais sachez qu’il est temps pour moi de rejoindre notre créateur, j’espère qu’on se retrouvera là-haut ou dans une autre vie. 


Je vous aime, votre fille Leyla. » 

Des larmes coulèrent sur les joues de Hassan, un mélange de tristesse et de joie, il me serra dans ses bras et me chuchota à l’oreille « Il est temps, je vais la rejoindre, pardonne moi. » 

Il ferma les yeux et son corps partis en fumée emporté par la brise marine. Je restais seule sur ce bateau fantôme a errer sur les mers du globe, attendant que le diable ai pitié de moi et me libère de notre pacte.

FIN 

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