Terrimonium Chap.3

4 mins

Cette nuit là je n’ai pas trouvé le sommeil. Les lumières des gyrophares ont disparues vers 3h du mat. Le silence était si pesant. Je crois que mes parents n’ont pas beaucoup dormis non plus. Vers 5h30 alors que le soleil pointe son nez, un sentiment étrange me serre la poitrine, comme une impression de manquer d’air, je porte mes mains à ma poitrine puis à ma gorge, je suffoque. Sans m’en rendre compte je me lève et ouvre la fenêtre en grand, j’aspire une goulée d’air et je me fige. La silhouette sous l’arbre est là et elle m’observe, tout mon corps est raide, des gouttes de sueur froide perlent dans mon dos.

“Qu’est-ce que vous faites là?”

C’est la voix de mon père qui me sort de ma transe. L’ombre disparait aussitôt. Je ne suis pas fou, il l’a vu aussi. Le téléphone sonne, j’entends ma mère qui répond d’une voix froide à son interlocuteur, après quelques minutes elle raccroche et j’entends ses pas dans l’escalier. Elle tape à ma porte et entre avant que j’ai le temps de lui répondre.

“Il … Il faut que tu …te prépares, la police va venir chercher ton ordinateur et il veulent te poser quelques questions.”

– Mais pourquoi? J’y suis pour rien moi, maman tu sais que je ne ferais de mal à personne?

A ce moment là j’avais besoin du réconfort de mes parents mais au lieu de çà j’ai vu la peur dans les yeux de ma mère.

“Arrête Alex, Arrête!! Sois raisonnable, va au commissariat sans faire d’histoire et on verra bien ce qui se passera.”

Elle éclate en sanglots et part s’enfermer dans sa chambre. Je suis triste que ma mère me pense coupable et inquiet de devoir suivre des policiers, dans les films çà ne finit jamais bien. J’enfile mon jean et un sweat-shirt, je me brosse les dents et j’attends les mains posées sur les genoux dans le canapé du salon, je n’ai rien pu avaler mon estomac est noué et un mal de tête m’empêche de réfléchir.

On sonne à la porte c’est mon escorte policière qui vient me chercher. J’ai pris le soin de débrancher mon ordinateur, je ne leur fait pas confiance. Dans la voiture de police je me sens mal, ma poitrine me fait de nouveau souffrir, je m’agite et demande à ouvrir une fenêtre mais le visage patibulaire des agents m’indique que je n’aurais pas le droit à cette faveur. Une fois au poste on m’installe dans une pièce sombre uniquement meublée d’une table et de 2 chaises, et j’attends, j’attends, les minutes me semble des heures, je perds complètement la notion du temps. J’ai très chaud, puis froid, j’ai soif, très soif.

La porte s’ouvre d’un coup, comme un courant d’air Lenny fait éruption dans la pièce. Elle a les joues rouges et ses nattes ne sont plus aussi impeccables.

“Il faut que tu sortes de là, tu es en danger.”

– En danger? mais pourquoi, j’ai rien fais moi!

“Ce n’est pas ce qu’ils pensent à côté.”

La porte s’ouvre à nouveau et Lenny se cache dans un coin de la pièce, une policière la petite quarantaine s’assoit devant moi en posant un gobelet et un dossier assez épais devant elle. Sa boisson à l’air si fraîche et j’ai la bouche si sèche, ma tête me fait souffrir, je suis sujet aux migraines depuis tout petit. Je tiens ma tête entre mes mains et tente de me masser le front, la femme m’observe et finit par faire glisser le verre dans ma direction.

“Je peux prendre le comprimé dans ma poche, c’est pour mes migraines?”

La femme hoche la tête et plonge son regard dans le dossier. L’interrogatoire me semble sans fin, elle épluche tout mon emploi du temps, elle veut connaître tous les noms et les numéros des gens que je côtoie. Le cachet commence à faire effet et je me sens un peu comme dans du coton, c’est le moment que choisit l’inspectrice pour me demander pourquoi j’ai tué ma voisine. Comme une décharge électrique dans le corps je me redresse et m’agite dans tous les sens en criant mon innocence. La flic me regarde avec une expression de dégoût. Je ne veux pas l’impliquer mais je me tourne vers Lenny et je lui demande de dire que je suis innocent, mais elle a quitté la pièce.

“A qui parlez vous?”

– A mon amie, Lenny, elle est venue me voir avant votre arrivée, elle a dû sortir quand vous êtes entrée.

“Je ne sais pas à quoi tu joues et franchement quand je lis ton dossier je n’ai plus de doutes sur le fait que tu es un grand malade, mais j’aimerais comprendre pourquoi tu t’es laissé avoir après autant de meurtres, pourquoi s’en prendre a cette pauvre fille juste à côté de chez toi, t’as pris la confiance c’est çà?”

Comme pour illustrer ses mots elle étale devant moi les photos de plusieurs corps recouverts partiellement de terre, il y a des hommes, des femmes, jeunes, vieux, ils ont tous des plaies sur le corps. A la vue de ses images mon estomac se retourne et je vomis. L’inspectrice recule en grognant. Elle tapote un message sur son téléphone et quelques minutes plus tard un homme d’entretien vient nettoyer sous ma chaise. On me donne une serviette pour que je m’essuie la bouche.

“J’y suis pour rien moi… C’est elle, c’est la Louve”

– Ne perds pas ton énergie, on a fouillé ton ordi, tout est là et tu as retranscris et détailler tous tes crimes et puis arrêtes de raconter que tu prends des médocs pour tes migraines, on sait grâce à ton dossier médical que tu es suivis pour des troubles du comportements. Dans un sens c’est logique quel homme avec un cerveau sain pourrait commettre des choses aussi horribles.

A ses mots j’ai l’impression de tombé dans un gouffre, des souvenirs défilent dans ma tête, plein de situations où j’ai senti une gêne de la part de mes parents, les visites trimestrielles chez le neurologue, enfin si s’en était un. Je comprends mieux pourquoi mes parents ne m’ont jamais encouragé a partir de la maison, pourquoi ma mère avait peur de ses histoires que je raconte. Mais Lenny pourquoi est-elle partie? Pourquoi ne peut-elle pas témoigner de ma bonne foi?

Avec l’énergie du désespoir je me lève et crie de toute mes forces que ce n’est pas moi et que j’ai pompé tous mes textes dans un livre trouvé à la bibliothèque. La policière recule à bonne distance et fait signe à quelqu’un de venir. Deux balèzes entrent soudainement et m’attrapent les bras me forçant à me plier en deux et a poser ma tête sur la table, à ce moment là alors que je pensais avoir touché le fond, mon regard se pose sur la photo devant moi, deux longues tresses entourent le visage d’une jeune femme, elle semble dormir mais le trou dans sa poitrine et le stade de décomposition avancé de son cadavre ne laissent plus de doute possible, c’est elle, Lenny. Une brûlure dans le bras me fait sursauter et je sombre.

To be continued…

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5 Commentaires
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Gaëlle Galindo
4 années il y a

Cette histoire me tiens en haleine !

Fleurs Étoilées
4 années il y a

Franchement, j’ai vraiment apprécié car le rythme est impeccable et ça m’a l’air fort bien. Merci, de le proposer en lecture j’ai soulevé quelques coquilles. En somme pas grand chose. Lenny le fantôme pourquoi pas 🙂

John Lucas
3 années il y a

ça s’accélère et le mystère s’épaissit
toujours plaisant à lire

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