Autrui. Chaque personne possède sa réalité et son lot de souvenirs, physique, mental, abstrait ou réel. Toucher et être transporté non-loin des nôtres ou dans l’inconnu le plus total pousse les mains à s’ouvrir et les doigts à se refermer ;un grand moment de partage dont il faut profiter et ne passer à côté sous aucun prétexte pour mieux s’enrichir et s’imbiber de ce que l’autre peut offrir. Discuter comme Socrate l’aurait fait, être sage, un honnête Homme.
En se livrant artificiellement, la parole peut amener à de nouveaux horizons, la glace pourrait s’y heurter ; lors d’un dialogue profond le voyage est mémorable, la glace est anéantie, les coques s’y fendent. Inoubliable, un lien se créer, les chaînes sont de fer mais pas un n’est forcé ; les mains se lient, un nœud à l’interpersonnel naît. Ces soirées par exemple, où une chaise d’apparence basique peut transporter à un tout autre lieu, une distorsion spatiale et temporelle, une bulle pour ces personnes qui s’ouvrent entre elles. N’est-ce pas là une raison valable de s’accorder cette chaise ? Cette opportunité ? Cet individu ? Tout comme le dialogue l’attend ? Hélas, la timidité, la réserve ou la peur en brident certains, surpasser cette peur, ce blocage, parfois, une phobie, c’est s’ouvrir au monde, à la richesse qu’y nous est allouée, celle même recherchée par les plus malheureux d’entre nous. Tout commence par les valeurs accordées à la parole et ses silences. Une douce mélodie, une berceuse, un lyrisme qu’on insuffle dans ces communications où un mot peut en valoir des centaines ne porte pas comme seule condition la voix. Le regard, l’apparence et les gestes suffisent et, généralement, ce que l’on veut et peut garder d’une personne ou d’un lieu n’est pas physique mais sensiblement nostalgique.
La première et dernière souvenance, c’est un son, un nom, une odeur, un goût ou une image. Éphémère ou éternelle, jamais un souvenir ne pourra se consumer tant qu’il existera des personnes pour donner un sens au dialogue et ses moments que l’on capture.
Un beau texte à portée philosophique. Tous ces regards que l’on croise, un instant ou souvent, sont des voyages aux multiples paysages…