Le monde n’est que ténèbre, seule l’obscurité m’entoure, je n’y vois rien. Pourtant quelques heures auparavant la lumière perçait encore jusqu’à ma rétine, et me laissait entrevoir des formes.
Mon esprit vagabonde, perdu à la recherche d’une explication, les images surgissent en flash décousus, leur sens se perdant dans les ténèbre lorsque j’essaie de les saisir. J’étais quelque part… une ville peut-être ? Oui, je me rappelle des gratte-ciels, ou plutôt les formes et masses sombres qui formaient comme de gigantesques immeubles, s’élevant vers le ciel orangé… Les étoiles ! Il y avait des étoiles… je crois ? Une ombre ! J’étais poursuivie, je me suis enfuie. Ces souvenirs me semblent si lointains, en même temps si proches.
Les pensées surgissent de plus en plus vite dans mon esprit, je ne peux plus les contrôler, elles m’assomment d’images qui ne font plus de sens à ce moment.
Je sers les poings pour me donner un point d’ancrage physique puis canalise ce qu’il me reste de conscience pour former une question.
“Où suis-je ?”
Mes yeux ne veulent pas répondre à cette question, ou bien ne le peuvent pas. J’essaie de les ouvrir mais ils ne me répondent pas. La panique m’envahis, et je les ferme à nouveaux. L’obscurité est bien trop pesante, bien trop pressante mais elle me fait moins peur lorsque je choisie sa présence.
Si ma vue n’est pas capable de m’aider, je peux me reposer sur mes autres sens. Le sol est mou, tiède, moite. Un frisson, froid, parcours mon corps, et je sens une goutte de sueur perler entre mes seins.
Le silence qui jusqu’alors régnait de pair avec les ombres fini par laisser place à un bruit sourd, lointain, presque régulier. J’essaie de le comprendre, de lui associer un mouvement, des pas, peut-être. Ou bien quelque chose qui frappe à une porte ou un mur, pour rentrer ou pour sortir ? Difficile de le localiser, il semble tout autour de moi.
Je me sens fatiguée. Mon corps est lourd. Mon poing s’est desserré de lui même, je n’ai plus la force de le garder fermer.
Lorsque les battements de mon cœur finissent par s’arrêter, le son, lui aussi s’arrête, et je sombre à nouveau dans le sommeil.