J – 90 ans
Chapitre 1 : La rencontre.
Je m’appelle Eric Cantico, j’ai… en fait je ne sais plus quel âge j’ai, tout du moins, je ne sais plus comment interpréter mon âge terrestre car je ne vis plus sur terre.
Je suis un scientifique, un physicien… et j’ai fait une découverte.
Sur terre j’ai vécu seul depuis mon adolescence et les seuls contacts sociaux de ma vie d’adulte étaient ceux que j’avais avec mes collègues du centre de recherche. Et même là je peux dire que j’étais plus ou moins seul, non pas que j’étais rejeté ou autre chose de ce genre, simplement je vivais dans ma bulle, une bulle où j’avais besoin d’être seul pour avancer.
Aussi pour le scientifique que j’étais et dont la vie était dirigée par cette découverte, j’étais forcément aux anges, mais je ne pouvais pas divulguer tout cela, m’exprimer devant les autres, sans savoir expliquer précisément et avec certitude comment tout cela fonctionnait.
A cette époque, j’ai découvert que de nombreux trous de verre était disséminés sur terre et, sans rentrer dans des détails trop assommants, je pouvais désormais les emprunter, car savoir où ils se trouvaient ne suffisait pas, il fallait pouvoir les « activer » et bien que mes recherches ne me permettaient de le faire, je n’étais pas en mesure d’expliquer clairement leur fonctionnement.
Ce qui était sûr en revanche, c’est que l’on parlait là de téléportation, un bouleversement technologique qui allait changer la face du monde telle que l’on la connaissait.
Puis il y a eu ce jour où tout a changé, je n’oublierai jamais ce moment…, mes calculs me dirigeaient vers un trou de verre plus chargé en énergie que les précédents. Jusque là j’en avais découvert une bonne vingtaine mais jamais un aussi chargé.
Ce dernier se trouvait à Florence en Italie, en plein cœur de la ville mais dans une petite ruelle étroite.
A la différence de la plupart des autres fois, j’avais pu cette fois m’y rendre dès le week end car je me trouvais à ce moment en Suisse.
Sur place, j’ai immédiatement constaté un fait anormal. Jusque là pour pénétrer dans un trou de verre, je devais trouver sa source puis « ouvrir » le passage qui en théorie se refermait derrière moi ce qui fait que peut importe son emplacement, aucun trou de verre ne pouvait « aspirer » vers lui un passant, mais cette fois ce fut différent.
J’avais toujours ce mélange d’excitation et d’appréhension au moment d’y pénétrer mais cette fois l’appréhension fut plus grande car à peine avais-je été à une dizaine de mètre de ce dernier, qu’une force m’attirait doucement vers lui.
Il était actif et comme un aimant attire le fer je me sentais poussé vers lui.
J’étais seul dans cette ruelle, hasard ou pas, ce n’est qu’ensuite que j’ai compris que le hasard n’avait rien à voir là dedans, et je peux le dire sans honte que cette fois j’avais peur et cette dernière n’a fait que grandir lorsque je suis passé de l’autre côté.
Sans comprendre ce qu’il se passait, j’étais effaré du paysage qui se dévoilait sous mes yeux, un paysage de désolation, une terre sans vie. Il y avait des immeubles et gratte ciel entier couchés à même le sol comme si une main géante les avait fait tomber comme des dominos.
Une végétation épaisse avait envahi l’endroit dans lequel je me trouvai. Personne aux alentours, pas même un animal. Quant au ciel, je pouvais à peine le distinguer, caché par d’épais nuages bas d’une couleur orangé comme je n’en avais jamais vu. Ma peur était alimentée par mon incompréhension autant que par le silence qui régnait tout autour de moi. Seul le vent qui s’engouffrait doucement entre les gravats et les branches venait briser ce silence pesant.
J’avais beau regarder dans toutes les directions, cette vision angoissante s’étendait à perte de vue.
Je ne comprenais pas où je me trouvais, était-ce toujours la terre ? Avais-je atterri sur une autre planète ?
Je me souviens que mes jambes étaient pétrifiées et ce n’est qu’après de longues minutes qu’elles avaient commencé à avancer.
J’avais déambulé plusieurs minutes au milieu des gravats. Tout était détruit, il n’y avait que des ruines de constructions. Sous les amas de végétations j’avais deviné des formes de véhicules de mon époque. Tout semblait faire croire que j’étais bien sur terre.
Après quelques minutes seulement j’allais recevoir un deuxième choc.
J’étais assis sur un gros bloc de béton, les mains sur la tête, tentant de comprendre ce qui se passait lorsqu’une voix douce et tranquille s’est mise à parler dans ma tête.
Des années après, je me souviens de ce moment avec une émotion forte.
Voix inconnue : -Mr Cantico ? Mr Eric Cantico ?
Eric : -Qui me parle ? J’entends une voix dans ma tête !
Voix inconnue : -Mr Cantico, calmez-vous, vous n’avez rien à craindre ne vous inquiétez pas.
Eric : -Comment voulez-vous que je me calme ? Vous… Je vous entends sans vous voir. Qu’est ce
qu’il m’arrive ? Et où je suis ?
Voix inconnue : -Mr Cantico, vous êtes un scientifique à l’esprit ouvert, calmez-vous et vous allez comprendre, installez-vous sur le fauteuil derrière vous, vous serez plus à l’aise.
Eric : -Le fauteuil ? Mais d’où sort ce fauteuil ?
Voix inconnue : -Je viens de le créer pour vous, n’ayez crainte, asseyez-vous et détendez-vous.
Très bien, voilà, votre stress descend doucement.
Mr Cantico, je suis là pour vous aider à comprendre et je suis sûr que lorsque votre taux de stress sera au plus bas, votre esprit saura traiter correctement les informations que je vais vous dévoiler.
Eric : -D’abord dites moi où je suis, est-ce la terre ?
Voix inconnue : -Vous êtes bien sur terre, plus précisément dans la ville de Sydney.
Eric : -Sydney ? Cette terre désolée c’est Sydney ??
Voix inconnue : -Mr Cantico, votre taux de stress remonte. Faites quelque chose pour moi, fermez vos yeux juste cinq secondes. Quatre… trois… deux… un…voilà, ouvrez les yeux, c’est mieux ainsi n’est ce pas.
Eric : -Mieux ? Je suis sur une plage déserte… nous avons passé un trou de verre ?
Voix inconnue : -Non, nous sommes toujours à Sydney, mais votre esprit se trouve lui sur une petite île dans l’océan Pacifique.
Eric : -Je ne comprends rien à tout cela…
Voix inconnue : -C’est normal Mr Cantico. C’est bien, vous vous calmez, j’aurai du commencer par cela excusez moi. Cela va mieux ? Oui ? Alors nous allons pouvoir commencer à vous éclairer.
Pour commencer donc vous vous trouvez bien sur terre, mais la terre des années plus tard, quatre-vingt-dix années plus tard pour être précis.
Eric : -Quatre-vingt-dix années ? Nous sommes en 2114… Mais je ne comprends pas, les trous de verre ne permettent qu’un déplacement d’un point à un autre sur terre et peut être hors de la terre, mais il n’a jamais été question de déplacement dans le temps.
Voix inconnue : -Et pourtant c’est bien le cas. Nous suivons vos travaux depuis vos premières notes Mr Cantico. A vrai dire, nous ne pensions pas qu’un être humain de votre époque puisse trouver les trous de verre présents sur terre.
Vous faites parti des personnes dignes d’en savoir plus. C’est pourquoi nous vous avons quelque peu aiguillé vers le trou de verre de Florence afin qu’il vous amène ici, quatre-vingt-dix années plus tard.
Eric : -Mais pourquoi ? Et pourquoi ce paysage de désolation ?
Voix inconnue : -Parce que nous pensions que l’heure était venue pour vous de nous rencontrer, ou tout du moins, de nous entendre, car sur terre, vous n’aviez plus grand chose à apprendre.
Quant au paysage de désolation, il fallait que vous voyez de vos propres yeux que vous n’avez plus rien à faire sur terre.
Quatre-vingt-dix années après votre « départ », la terre est en ruine, il ne reste plus aucun humain, ce que vous avez vu tout à l’heure est étendu au reste du monde. L’humanité n’est plus.
Eric : -Plus personne…
Voix inconnue : -A l’instant où nous parlons, vous êtes le seul être humain sur terre.
Eric : -Mais que s’est t-il passé ?
Voix inconnue : -Aussi fou que cela puisse vous paraître, la race humaine a subie la même extinction que les dinosaures. Une météorite, pourtant plus petite de moitié que celle tombée sur terre il y a plusieurs milliards d’années est venue s’écraser en Europe il y a de cela vingt-quatre ans.
Malheureusement cette météorite était entre autre constituée d’un gaz extrêmement toxique pour les êtres humains. Sans ce gaz, une partie du monde aurait pu survivre.
Eric : -Pourquoi n’avons nous pas dévié cette météorite ? Nous en avions les moyens en 2024, ne me dites pas que cela était impossible en 2090 !
Voix inconnue : -Vous auriez pu en effet. Mais les soixante années après votre mort ont vu la terre sombrer par la main de l’homme elle même. L’homme a utilisé les ressources de la planète jusqu’à un point de non retour puis s’est renfermé sur lui même.
Et lorsque la menace de l’impact fut présentée, aucune des forces qui dirigeaient la terre n’avaient le temps ni l’envie de prendre cette menace au sérieux, en fait, la communauté scientifique vivait depuis plusieurs années en communauté quasi autonome et avec des moyens très restreints. Ils n’étaient plus vraiment écouté sauf si le sujet de discussion portait sur une innovation technologique pouvant aider les forces militaires. A ce moment là, même sans l’impact, la race humaine était perdue. Ce n’était qu’une question de temps.
Eric : Alors il ne reste plus rien…
Voix inconnue : -Ce voyage dans le futur n’est que temporaire, il nous est uniquement possible de vous donner un bref aperçu du futur, une projection indépendante de toute réalité.
La courbure du temps que j’ai créé va se résorber dans quelques minutes et vous allez revenir dans le temps réel en 2024 mais effectivement, quatre-vingt-dix années plus tard, il ne restera que des décombres.
Pour vous il reste une possibilité, un choix qui s’offre à vous, soit de rester sur terre, soit de me suivre, de continuer votre vie durant de très nombreuses années, autre part que sur terre.
Eric : -Vous suivre ? Mais je ne sais même pas qui vous êtes ni à quoi vous ressemblez. Vous rendez-vous compte de toutes les questions que je me pose ?
Voix inconnue : -Je le sais, et c’est pourquoi je ne me présente pas physiquement à vous car cela ne ferait que susciter de nombreuses autres questions.
Voix inconnue : -Eric, nous allons parler de scientifique à scientifique.
Je vais vous révéler certaines informations, malheureusement je ne pourrais pas tout vous révéler car votre cerveau tel qu’il fonctionne actuellement ne pourra pas traiter toutes ces informations. Vous subiriez un choc cérébral irréversible. Cela sera possible petit à petit mais pour cela il vous faudra apprendre à déverrouiller votre cerveau qui pour l’instant ne fournit qu’une faible partie de ces capacités.
Eric : -Est ce que j’ai le droit de savoir qui vous êtes ?
Voix inconnue : -Mon nom ne se prononce pas dans votre langue mais vous pouvez m’appeler Takîyn.
Chapitre 2 : Le départ.
Takîyn : -Comme je vous l’ai dis, je suis un scientifique tout comme vous. Je vis sur une planète similaire à la terre dont la naissance remonte à un peu plus de neuf milliards d’années terrestres et qui se situe dans la galaxie que vous nommez « Andromède ».
Nous sommes donc très proches de vous mais notre technologie nous permet de rester caché à vos yeux.
Eric : -Caché ?
Takîyn : -L’univers si tant qu’on puisse le nommer ainsi, abrite des milliards d’espèces vivantes et intelligentes. Je ne peux pas vous expliquer pour l’instant pourquoi mais sachez que la terre est pour utiliser des mots terriens, sous tutelle.
Seuls les civilisations ayant passé un certain niveau de leur évolution sont autorisées à réellement distinguer le contenu de l’univers.
Eric : -Avez-vous évolué comme nous ?
Takîyn : -A l’origine oui mais plus maintenant. Toutes les civilisations ne sont pas différentes de la votre, toutes ont eu un commencement et une évolution.
Me concernant mon évolution est arrivée à son terme.
Eric : -Vous avez aidé la race humaine dans son évolution ?
Takîyn : -Je ne peux pas répondre cette question pour le moment.
Eric : -M’avez-vous aidé ? Est-ce grâce à vous que j’ai découvert l’existence des trous de verre ?
Takîyn : -Non Mr Cantico, vous vous faites partis des rares êtres humains ayant développé des capacités hors normes seul et c’est ce qui vous a amené ici.
Eric : -Il y en a d’autres sur terre qui vous ont rejoins alors ?
Takîyn : -Oui, beaucoup d’autres. Mais là où vous êtes unique, c’est que vous êtes le seul pour lequel nous avons momentanément courbé l’espace temps.
Il fallait que nous vous montrions l’avenir de la terre.
Maintenant vous êtes ici, et vous pouvez avoir l’opportunité de me suivre. Si vous le faites, vous vivrez sur ma planète qui est toute aussi recouverte de terres, d’océans, et de forêts, à ceci près que notre planète vit dans la paix et que ses ressources sont quasi illimités.
Naturellement si vous acceptez vous devrez passer par différents stades d’adaptations psychologiques. Au fur et à mesure nous pourrons déverrouiller votre cerveau et ainsi lui permettre de comprendre et de faire immédiatement des choses impossible pour l’instant.
Eric : -Si je viens, la terre restera condamnée alors…
Takîyn : -Plus rien ne pourra changer cela désormais.
Croyez moi, durant ces derniers siècles où j’ai pu suivre l’évolution de l’humanité, j’étais persuadé qu’elle finirait par guérir un à un les maux qui la rongeait mais cela ne fut pas le cas.
Eric : -Je ne peux pas croire que cela finisse comme ça.
Takîyn : -Je comprends votre sentiment, ma civilisation a subi le même sort qui attend votre planète. J’aurai aimé pouvoir faire quelque chose… j’aurai peut être pu faire quelque chose mais je ne pense pas que j’aurai pu en être capable. Mais je vous ai déjà trop dit, je ne peux vous en dire davantage à ce stade.
Eric : -Alors pourquoi ne nous avez-vous pas encore aidé une fois ?
Takîyn : -En aucun cas nous n’intervenons sur la nature de l’être humain.
Eric : -Est ce possible de me faire revenir plus loin dans le passé ?
Takîyn : -L’espace temps peut être courbé afin de visualiser le futur sur un court instant toutefois vous ne pourrez y passer plus de quelques journées terrestres avant qu’une force qui vous est inconnue ne rétablisse la réalité et ne vous ramène en arrière. Quant au passé, s’il peut aisément être parcouru, il ne peut être changé, aucune action faites dans le passé ne changerait le présent.
Eric : -Mais si l’on ne revient pas seul du passé ?
Takîyn : -Je regrette, je ne peux pas répondre à cette question.
Eric : -Comment les terriens vous ont-ils suivis ? Comment ont-ils pu croire à ça et accepter de vous suivre, de tout laisser ?
Takîyn : -C’est très simple, dans la majeure des cas lorsque nous les contactons, les personnes sélectionnées sont au terme de leur vie terrestre. Une nouvelle jeunesse les attend parmi nous.
Nous n’avons pas vraiment à les en convaincre, ils estiment d’eux même avoir le droit de saisir cette main tendue. Sachez également qu’il est arrivé que des familles entières nous suivent.
Toujours est-il que nous n’avons jamais forcé de décision, tout le monde ne veut pas forcement vivre des milliers d’années.
Eric : -Des milliers d’années ?…
Takîyn : -En acceptant notre offre vous comprendrez rapidement que votre corps est soumis à certains besoins dont vous pourrez vous passer et ainsi repousser de façon considérable votre existence.
Eric : -Je dois me décider maintenant ?
Takîyn : -Non vous pouvez revenir dans votre présent puis nous recontacter dès que vous aurez pris votre décision. Il vous suffira de dire que vous acceptez et dans la seconde un trou de verre apparaîtra devant vous.
Eric : -Et si je change d’avis ?
Takîyn : -Vous le pourrez simplement vous ferez l’objet d’un nettoyage cérébral afin d’oublier certaines informations. Mais sachez que notre communauté abrite plus de neuf milliards d’individus et que personne n’a jamais émis ce souhait.
Eric : -Dans ce cas je désire revenir dans mon présent, je suis quelqu’un de rationnel, j’ai besoin de repères, je veux revenir chez moi et prendre le temps de réfléchir.
Takîyn : -C’est normal, vous venez d’absorber beaucoup d’informations.
Maintenant fermez les yeux et réveillez-vous.
Lorsque je me suis réveillé, j’étais dans mon lit, dans mon appartement de Lausanne.
Comme n’importe qui j’imagine, je me suis demandé si j’avais rêvé tout cela.
Mais je savais bien au fond de moi que tout était réel.
Je devais donc faire le point et décider de quoi mon avenir serait fait et jamais chose n’avait été plus difficile.
En découvrant l’existence des trous de verre sur terre je savais que j’avais poussé loin les limites de mes connaissances et de mes capacités, pourtant le choix qui s’offrait à moi allait me faire repousser ces limites encore plus loin.
En tant que scientifique, on ne recherche que la réponse à cette question, « pourquoi ».
Je n’arrêtais pas de me dire que si j’acceptais, j’aurai peut être toutes les réponses, mais est ce que j’étais réellement prêt à les entendre ?
Et puis je dois avouer que l’idée que ce soit une sorte de piège m’a également effleuré l’esprit.
En fait j’étais perdu. Je ne savais pas quoi penser. Après tout, je faisais parti de ce monde, de ce temps, de cette époque. Est ce que j’avais le droit de les abandonner ?
Les jours qui ont suivis, je me souviens avoir passé mes journées à observer le monde, aux infos, et dehors. J’observai ce monde et consciemment ou inconsciemment, j’y voyais tout ce qu’il y avait de mal. Il y avait probablement du bon dans tout cela mais je pense qu’à cet instant ma décision était prise et que mon esprit ne cherchait qu’à me faire accepter plus facilement cette décision en me montrant que des mauvaises choses.
De souvenir je pense qu’il ne s’était pas écoulé plus d’une semaine avant que je ne me sois décidé. J’avais préparé mes affaires sans toutefois savoir si j’allais oser accepter.
Il était 8h04 à l’horloge, ça je m’en souviens parfaitement. Je me tenais debout devant la fenêtre, les yeux rivés sur les passants. J’essayai en vain de me dire que ma place était avec eux, sur terre mais au fond je savais que ce n’était pas ce que je désirai.
J’ai alors fermé les yeux, respiré un grand coup et j’ai dis « j’accepte ».
Aussitôt après j’ai senti un petit courant d’air derrière moi. C’était un trou de verre actif, là juste devant la porte.
Je me tenais debout devant lui avec pour seules affaires un ordinateur qui renfermait toutes mes données, trois gros bloc notes avec tous mes calculs ainsi qu’une valise avec des vêtements et nécessaires de toilette bien que je me demandai si tout cela allait me servir.
Et j’ai osé franchir le pas. Comme d’habitude j’ai ressenti cette même sensation comme si une grosse rafale vous pousse par derrière mais le tout sans sentir d’effet de pesanteur.
Normalement l’arrivée se fait de façon légère. C’est difficile à expliquer mais cela s’apparente à un réveil, debout mais sans désorientation.
Ce ne fut pas le cas cette fois ci… Une fois de l’autre côté tout était blanc, trop blanc, j’étais clairement désorienté et il m’a fallu quelques secondes pour réussir à me tenir debout et à demander si quelqu’un était là.
Puis une voix, celle là même qui m’avait déjà parlé, s’est manifestée.
Takîyn : -Bonjour Mr Cantico.
Eric : -Bonjour…
Takîyn : -Je suis ravi de voir que vous avez accepté notre offre. Vous êtes un peu désorienté, c’est normal, le trou de verre que vous avez franchi vous a fait parcourir un chemin plus long que d’habitude. Vous vous trouvez à un peu plus de deux millions d’années lumière de la terre.
Eric : -Je suis sur une autre planète… excusez moi, je n’arrive pas, pour l’instant je n’arrive pas y croire, j’ai déjà du mal à me tenir debout.
Takîyn : -C’est normal, comme je vous l’ai dit auparavant, votre cerveau ne peut pas traiter correctement bon nombre d’informations. Si je vous dévoilais tout d’un coup votre cerveau puis votre cœur ne le supporterait pas. Nous allons y aller progressivement.
Pour l’instant vous vous trouvez dans cette pièce blanche qui est nécessaire pour votre adaptation après ce « voyage ».
Nous avons plusieurs possibilités pour démarrer votre acclimatation.
Suivant la solution qui vous semble la plus adaptée à votre état psychologique je peux vous proposer soit de me rencontrer physiquement auquel cas vous serez confronté pour la première fois à une forme extraterrestre bien que vous le soyez vous même désormais, soit visualiser une partie de l’environnement extérieur, soit être amené dans vos quartiers afin de vous recentrer sur vous même le temps qu’il faudra, soit enfin, rencontrer une personne terrienne vivant ici même afin qu’elle vous aide à accepter ce changement radical.
Eric : -Ma tête déborde d’interrogations, j’ai beaucoup de mal à rester calme et à réfléchir posément mais lorsque j’étais sur terre à réfléchir à ma décision j’ai plusieurs fois songé à vous donc je pense que je souhaite vous rencontrer.
Takîyn : -Très bien alors je vais me joindre à vous dans un instant. Je vous demanderai juste de vous asseoir et de poser votre main droite sur la surface ronde et bleue.
Une substance qui vous est inconnue va réguler votre stress et va vous aider à enregistrer les premières informations visuelles que vous avez souhaité découvrir.
Prenez votre temps, dès que vous aurez posé votre main, je ferai mon apparition.
Je me disais que si tout était vrai, bon nombre d’ex terrien étaient passés par là. De toute façon ce n’était plus le moment de reculer.
Quand je me suis assis et que j’ai posé ma main sur cette surface ronde, j’ai immédiatement ressenti une sensation de bien être incroyable. Impossible de trouver son équivalent sur terre. Je ne sentais plus mon corps ni aucune trace de stress, j’étais prêt à rencontrer mon hôte.
Immédiatement, une sorte de grande porte s’est ouverte et un être est entré.
Il avait une forme humanoïde avec deux jambes, deux bras, et une tête.
Mais il était grand, plus grand que notre taille moyenne. Il devait mesurer deux mètres trente ou deux mètres quarante.
Son corps disposait de nombreuses branchies comme s’il sortait d’un élément aquatique.
Je ne saurai dire si c’était du à cette surface ronde qui devait réguler mon stress ou si tout simplement je n’avais pas peur de cette créature, mais je me sentais parfaitement bien, j’étais prêt à entreprendre une discussion.