Les journées de Conrad étaient plus agréables depuis l’arrivée de Tommy dans l’établissement, il avait quelqu’un de dissemblable de son psy avec qui dialoguer, psy qu’il ne voyait quasiment plus d’ailleurs. Une fois par semaine au lieu de deux, en fait. Et même si parfois ce bon docteur lui manquait, il se réjouissait de discuter d’autre chose que de son malheureux passé, et sur un ton autre que celui du docteur, que le jeune homme trouvait parfois trop « cérémonieux ». Ce qui lui permettait de se changer les idées.
Le lycée n’était plus un enfer pour lui, non, maintenant, il ressemblait plus au purgatoire. La différence ? Les flammes y étaient moins voraces, les démons moins nombreux, et il était possible d’en sortir un jour. C’était une considérable amélioration dans la vie de l’adolescent qui, à peine trois semaines plus tôt, naviguait à l’aveugle dans sa propre vie. Les deux jeunes hommes étaient la preuve vivante que les contraires vont de pair, ils étaient à la fois différents et similaires, comme des jumeaux. Par exemple, Tommy n’était pas aussi peu réactant aux humiliations et aux railleries que Conrad, il regimbait à la plus mineure provocation et ne laissait passer aucune occasion de lever les poings et de distribuer des coups, il lui rappelait Merrill, hardi dans sa manière de protéger les siens et de s’imposer, si bien que plusieurs des bourreaux de Conrad étaient très vite devenus muets. Dont, le fameux Scott.
Au fond, il devait bien le reconnaître, même s’il ne prêtait pas attention aux moqueries, il préférait la paix que lui offrait son amitié avec Tommy, aux pics et aux provocations des autres élèves. Il passait ses journées à autre chose qu’à dessiner, écouter de la musique trop fort ou penser à ses nombreux maux émotionnels tout seul dans son coin, il accompagnait son nouvel ami dans ses délirantes conversations parfois sans queue ni tête, s’amusait de ses blagues originales et de ses jeux de mots recherchés. Ils en étaient même venus à se voir en dehors du lycée, notamment l’un chez l’autre de temps à autre pour regarder ensembles des matchs de football ou des films, fort heureusement, Tommy n’habitait qu’à trois rues de chez Conrad, avec son père, un homme apparemment très occupé, et que Conrad trouvait parfois froid et cassant dans ses propos, et sa belle-mère, une jeune femme calme et assez effacée, parfois, l’on pouvait, à s’y méprendre, la croire absente. La petite famille vivait dans un confortable duplex, joliment décoré, qu’entourait un jardin où de nombreux parterres de fleurs parfumaient l’air.
Conrad était resté si longtemps seul qu’il en avait oublié ce qu’on pouvait rire à deux, lui qui n’y connaissait rien au sport et encore moins au cinéma et qui n’avait jamais su prendre du bon temps, découvrait avec joie les loisirs de la procrastination en compagnie de Tommy. Même s’il savait que son affinité avec Tommy venait principalement du fait qu’il lui rappelait son frère, il ne s’attardait jamais sur cette idée, après tout ce n’était qu’un détail. Les semaines s’égrainaient rapidement et leur duo se solidifiait de plus en plus chaque jour.
Finalement ce n’est pas si mal l’amitié, s’était surpris à penser Conrad.
Tommy était son alter égo, moins perfectionniste, plus susceptible, assez expressif et sociable, drôle et doté d’une imagination sans bornes, Conrad le sentait déteindre sur lui, comme par contagion. Et, au fil du temps, Conrad ne fut plus le seul à apprécier sa compagnie, petit à petit, d’autres élèves vinrent, aléatoirement, agrandir le groupe lors de ses allers et venues dans les couloirs du lycée, des filles la plupart du temps. Mais cela s’arrêtait là, Conrad n’avait donc pas à s’inquiéter, sa relation avec Tommy était bien plus profonde que cela. Les deux jeunes hommes passaient toutes leurs journées ensembles, ils avaient un planning pour la semaine entière, de telle sorte, ils ne s’ennuyaient jamais :
le lundi, ils allaient au parc de la huitième avenue près du port, tantôt à vélo, munis d’un ballon ou tout simplement pour observer les passants et tuer le temps, respirer l’air frais et profiter du calme pour courir, oui, Conrad s’était mis au sport et il avait même pris goût. Le mardi, ils allaient au grand lac qui se trouvait près de l’ancienne fabrique de tissu des MC Colley, ils s’y baignaient des heures durant, faisaient des aller-retour à la nage et grignotaient en bavardant sur la berge, ils s’étaient même déjà surpris à pêcher, très souvent au vide d’ailleurs. Le mercredi, ils allaient au cinéma, profiter des dernières sorties cinématographiques et s’amusaient à jeter du pop-corn sur les autres spectateurs en critiquant le film à voix haute, ce qui leur valait souvent d’être mis dehors. Le jeudi, ils se rendaient plus loin en ville, à l’aéroport, plus précisément, sur l’ancienne piste d’atterrissage de ce dernier. Le terrain y était idéal pour faire du vélo et surtout, elle était libre ce jour-là, les deux comparses s’amusaient à foncer dans les piles de cartons et les rangées de chariots abandonnés pour agacer ceux qui avaient pour tâche de les ranger, avant de disparaître aussi vite qu’ils étaient apparus. Le vendredi, après la séance de Conrad chez le Dr Nelson, ils allaient au fast-food, celui qui se trouvait en face du restaurant Le Cristal, l’un des plus chics de la ville, ils passaient là leur journée à se moquer des attitudes snobes et des tenues originales des « richards » qui venaient y dîner. Et enfin, ils passaient le weekend l’un chez l’autre à regarder des films et grignoter devant l’écran…
Le duo respectait le plus souvent ce programme, en dehors des jours où ils se sentaient d’humeur spontanée. Même dans ses songes les plus fous, Conrad ne se serait jamais imaginé vivre cela, il avait un ami, rien que cela.
***
Edouard, même s’il ne le montrait pas, était soulagé de voir son fils reprendre goût à la vie, il souriait dans sa barbe lorsqu’il rentrait du travail et qu’au lieu de le savoir enfermé à double tours entre les quatre murs blancs de sa chambre, il voyait son garçon rire aux éclats devant un film et des chips en compagnie d’un ami. Au fond de lui, il était soulagé de le savoir moins seul, il se savait trop introverti, distant même parfois, pour être l’ami plus que le père. Aussi, il se disait que si Conrad y était arrivé, lui aussi pourrait un jour laisser derrière lui toute cette culpabilité qui le rongeait, se pardonner, de ne pas avoir été là, à cause de son travail qui l’avait, encore une fois, privé de ce weekend en famille qui avait été pour sa femme et son aîné, le dernier.
Son travail l’avait de nombreuses fois privé de ces bons moments, Theresa s’en plaignait très souvent, ils en arrivaient à chaque fois à se disputer, elle, lui reprochant de ne pas être assez présent pour les garçons et elle, et lui, soutenant que s’il travaillait autant c’était pour leur bien, pour leur offrir une vie confortable, pour qu’ils ne manque jamais de rien. Au final, c’était elle qui comme toujours avait eu raison, à quoi lui servait tous ces biens qu’il avait accumulé pour leur confort maintenant qu’ils ne pouvaient plus en profiter, s’il l’avait écouté, il aurait à la place de merveilleux souvenirs qui l’auraient aidé à surmonter la douleur, des souvenirs heureux qui auraient remplis ses nuits et ses pensées à la place de cette culpabilité, de ce vide qui l’accusait, cette solitude qui le pointait de doigt. Il avait troqué les sourires et les caresses de sa femme contre des piles de dossiers, des voyages d’affaire ennuyeux et une pression à nul autre pareil, il s’était éloigné de ses deux garçons pour se rapprocher de son bureau, de ces nuits blanches à rattraper son travail en retard, et le pire, c’est qu’il n’aurait plus jamais l’occasion de se faire pardonner. Pour seule cure de deuil, il n’avait trouvé que le travail, son ami de toujours, son fardeau auto infligé. Il en oubliait parfois de manger, ces trois dernières années, il était passé de quatre-vingt-dix-huit à soixante-huit kilos et ça continuait de descendre, au même rythme auquel poussait sa barbe ébouriffée par le stress.
Son entourage, du moins celui qu’il lui restait, lui conseillait de se relever, lui répétant inlassablement que Theresa n’aurait pas voulue qu’il se fasse autant de mal, qu’il devait avancer, vivre pour Merrill et elle, facile à dire se disait-il, mais comment recommencer à vivre après ça, et pourquoi, dans quel but ? Un jour, peut-être, il trouverait comme Conrad le moyen de continuer sa vie au mieux, mais sans doute jamais, de la refaire.
°°°
Même si Tommy était arrivé à faire taire plusieurs des mauvaises langues qui lapaient leurs réputations à Conrad et lui, il y en avait toujours qui s’accrochaient, des langues de vipères lâches qui chuchotaient continuellement dans leurs dos comme des diables, accroissant le nombre des rumeurs qui planaient déjà au-dessus de leur amitié. Au début, les deux amis n’y prêtaient pas plus d’attention que ça, habitués aux commérages et las des règlements de comptes, ils essuyaient chaque rumeur d’un revers de la manche, espérant que leurs antagonistes se lasseraient, et ça leur réussit un moment, mais cela ne fut que de courte durée…
Parmi leurs nombreux adversaires, il y avait une hydre à cinq têtes, tous élèves en terminale, Jim, Jordy, Adam, Louis et Henry, plus commères que des collégiennes, ils se faisaient une joie de les titiller méchamment, n’hésitant pas à pousser le bouchon le plus loin possible. Leur acharnement ressemblait de plus en plus à une distincte expression de haine pure et simple, du mépris à l’état pur. Au milieu des multiples poisons qu’ils avaient injectés dans les esprits des autres élèves, il y en avait un qui faisait plus de dégât que les autres. En effet, depuis plusieurs semaines, ils étaient la cible d’insinuations blessantes sur la nature de leurs rapports et d’injures synonymes telles que : pédés, baltringues, tapettes… les allégations offensantes et les commentaires homophobes faisaient chorale dans les couloirs, ce qui ne manqua pas, bientôt, d’attirer l’attention des corps professorale et administratif. Plus d’une fois ils avaient été convoqués chez le psychologue pour des séances de questions plus gênantes les unes que les autres, ainsi que des discours sur la tolérance, l’acceptation et la confiance en soi. Ils se seraient passés avec joie de ces entrevues glauques avec Mr Stanton, avec ses manières efféminées et son style vestimentaire douteux, il avait l’air de s’impliquer un peu trop dans le problème. Cela n’aurait pas pu être plus gênant, du moins c’est ce que pensaient les deux amis avant que cela n’arrive.
Un matin, alors que les deux amis parlaient déjà de leur après-midi ensembles en gravissant l’escalier menant à leur étage, ils virent la secrétaire du proviseur venir à leur rencontre un air étrange gravé à la cire sur le visage :
_ Messieurs Ray et Davis ?
Les deux garçons s’étaient regardés d’un air interloqué, avant de répondre
_ Oui, pourquoi ?
_ Le proviseur veut vous voir.
Tout d’abord hésitants, ils se laissèrent finalement guider jusqu’au bureau du « grand manitou ».
Au moment de passer l’imposante porte en Cyprès vernis du bureau de Mr Kollin à la suite de la délicieuse Sandra et de son délicat tailleur bleu marine, Conrad et Tommy sentirent leurs cœurs battre au rythme d’un jeu de cymbales assourdissant, et ce qu’ils y trouvèrent ne fit qu’aggraver cette tension :
_ Papa !! S’étaient écriés les deux jeunes hommes en chœur lorsqu’ils avaient croisé les regards effarés et honteux de leurs géniteurs assis tous deux en face du proviseur :
_ Asseyez-vous messieurs, leur dit le proviseur en leur indiquant deux sièges près de leurs pères respectifs, en arborant cet air sévère qu’il tentait vainement de se donner.
Si vous êtes ici aujourd’hui, c’est parce que nous nous inquiétons pour vous, au sujet de certains échos qui nous viennent de certains de vos camarades…
La suite de l’entrevue parue durer une éternité entière et fut si gênante que l’un comme l’autre, les deux « accusés » avaient gardé les yeux rivés sur le tapis rouge rubis qui tapissait le parquet du bureau tout du long, évitant les regards stupéfaits de leurs paternels en présence. Entre les questions et les assertions des adultes présents dans la pièce, ils avaient eu du mal à parler sans bégayer, et ce même lorsque le père de Conrad avait demandé à ce dernier si c’était pour cette raison qu’il manquait depuis peu ses rendez-vous chez le Psy, face à cela, le jeune homme fut incapable d’aligner deux mots.
Ils savaient tous deux qu’après un tel micmac, leur amitié ne serait pas la même… ils se demandaient ce que pouvaient bien se dire leurs pères et à quoi ressemblerait la suite de la journée, devraient-ils se voir moins souvent ? Avoir des petites amies pour lever les soupçons, ou reprendre les règlements de comptes là où ils les avaient interrompus ? Que de questions sans réponses.
Une fois sortis de l’étouffant bureau, en sueur et confus, le duo avait été conduit en classe où le cours d’espagnole de Mme Santiago avait débuté depuis plusieurs minutes. Dans le couloir qui menait à leur salle, un silence assourdissant régnait, les deux complices, chacun dans ses pensées, marchait tantôt les mains dans les poches, tantôt une main sur la tête à la recherche de pellicules imaginaires, même une mouche n’osait battre des ailes. Une fois arrivée en classe, ils s’assirent en silence, sans échanger une phrase ou un geste complice, sous les regards curieux de leurs collègues qui s’étaient mis à chuchoter à leur arrivée. Comme les deux jeunes l’avaient pressenti plus tôt, une gêne vicieuse s’était installée entre eux, ce jour-là ils ne mangèrent pas ensembles à la cafeteria et ils ne choisirent pas la même équipe en cours de sport, Conrad se sentit démunit une seconde fois, il perdait un autre frère, mais cette fois, il avait le choix de se battre, il n’abandonnerait pas si facilement. Il redoutait maintenant de retourner à sa solitude, aux rendez-vous chez le psy et aux autos flagellations qui avaient fait son quotidien trop longtemps, il ferait ce qu’il faut pour empêcher ça.
A la fin de la journée, il rassembla son courage et sa détermination et alla voir Tommy. Après l’avoir cherché un moment dans les couloirs et la cour, il le trouva finalement devant le portail principal, il était sur le départ et discutait avec Susanne, une collègue de classe qui venait apparemment aux nouvelles étant donné que lorsqu’elle l’avait vu, elle s’était empressée de prendre congé de Tommy, Conrad en profita pour parler à son ami, s’il l’était encore :
_ TOMMY ! Attends, il faut que je te parle.
_ Laisse-moi deviner, c’est à propos de la journée merdique qu’on vient de passer ?
_ Comment t’as deviné ? demanda-t-il un sourire aux lèvres.
_ Je ne sais pas toi, mais moi, je voudrai oublier tout ça au moins jusqu’à ce que mon père me le rappelle ce soir.
_ A vrai dire, moi aussi, en fait je voulais juste être sûr qu’on est toujours potes.
_ Mais oui t’inquiètes… il lui avait dit cela en lui frappant amicalement l’arrière du crâne.
Malgré son soulagement, Conrad ne put s’empêcher de souligner le ton qu’il avait utilisé et le fait qu’il le regardait à peine et élargissait l’écart entre eux au fil du trajet, il se sentit vexé, mais ne dit rien, il ne pouvait que comprendre ce qu’il ressentait à ce moment précis. Curieusement, Conrad ne parvenait pas à chasser de son esprit l’image de Gregory Ray, le père de Tommy, cet homme à l’allure démesurément imposante et au regard glacial, que soutenait une mâchoire carrée, ses doigts aux ongles rongés et rougis, et l’expression permanemment colérique de son visage aux sourcils froncés, tous ces détails lui donnaient des sueurs froides. Il se rassura en voyant l’air aise de son ami, et au manque d’appréhension qu’il souligna chez ce dernier concernant sa conversation prochaine avec son père. Il se dit que s’il y avait quoi que ce soit à craindre, Tommy le lui aurait confié, ils étaient amis après tout. Il s’efforça donc ne pas juger trop vite Mr Ray, son physique était certes effrayant, mais il n’en était pas violent pour autant. Ils étaient rentrés ensembles ce soir-là, comme le soir de la veille et tous les autres soirs depuis le début de leur amitié, ils n’étaient pas allés se baigner mais ils avaient bavardé le long du chemin du retour, ils avaient ri en bavardant de tout et de rien, c’était déjà pas mal.
Dans le salon, Edouard était assis dans le sofa, le dos vouté et les mains jointes en face d’un verre de whisky, son visage éclairé par la lumière artificielle des ampoules allumées dans le salon faisait peine à voir, ses yeux verts étaient encerclés de veinules rouge, on aurait dit que du sang allait en couler, ses lèvres gercées par l’alcool appuyait sa barbe dans son aspect pitoyable, il ressemblait à un clochard. Il portait encore son costume, mais sa chemise était bien moins soignée que ce matin lorsqu’il s’était préparé, sa veste reposait sur un coin du sofa près de lui, il soupira en se servant un autre vers. Il lui fallait au moins ça pour affronter cette situation, il réfléchissait à ce qu’allait être sa conversation avec son fils, à ce qu’il allait lui dire, et dire qu’il ne s’était douté de rien, il n’avait jamais eu beaucoup de temps pour sa famille, et même maintenant que Conrad était sa seule famille, il trouvait le moyen de le délaisser. Il se rendait compte avec effroi à quel point son fils était pour lui un inconnu, il ne connaissait ni sa couleur préférée, ni son film favori, il ignorait son chiffre porte-bonheur, à quel âge il avait eu son premier baiser à supposer qu’il l’avait déjà eu, et si c’était le cas, avec qui était-ce, une fille ? Un garçon ? Et même, il y avait peu de chance qu’il le ou la connaisse. Il appréhendait difficilement le retour de Conrad, comment aborder le sujet, par où commencer, il n’avait jamais été très doué pour ces choses-là, c’était sa femme la psy de la famille, à cette pensée, elle lui manqua soudainement encore plus. Néanmoins, il aimait son fils plus que tout, il était sa seule famille désormais, il se dit alors qu’il ferait au mieux.
Au bout d’une interminable attente, il vit enfin Conrad apparaître sur le pas de la porte principale, il avait l’air désemparé, loin de sa bonne humeur des dernières semaines, dès qu’il le vit, le jeune homme poussa un soupire d’agacement, avant de s’approcher d’un pas las et résigné. Il se leva et l’invita à s’assoir près de lui :
_ Hum… Et… et ta journée, elle…
_ Papa ? Vas droit au but, s’il te plaît.
_ Bon, très bien. Tu sais de quoi je veux qu’on discute…
_ Oui ! Je t’écoute.
_ Conrad, je sais que ça doit être embarrassant pour toi toute cette histoire, et que je suis certainement la dernière personne avec qui tu voudrais parler de tout ceci… il se tut un moment ; je voulais juste que tu saches que pour moi l’essentiel c’est que tu sois heureux, que tu vives ta vie et que tu en profite au maximum, alors, si tu es… enfin… si tu préfères les garçons, saches que j’ai beau en être peu content, je serai toujours là pour toi.
_ Papa, écoutes, Tommy et moi sommes amis, juste amis, en plus, je ne me sens pas du tout attiré par les garçons, ni par personne d’ailleurs… il avait dit cela sur un ton ferme qu’Edouard ne lui connaissait pas, t’as pas de raisons de te mettre dans des états pareils, les élèves de mon lycée ont juste trouvé un nouveau moyen de me pourrir la vie.
_ Très bien, alors… tout va bien ?
_ Oui papa, tout va bien, tu peux recommencer à te raser.
Conrad avait dit cela sur un ton blagueur, Edouard n’en revenait pas, des années qu’il n’avait pas entendu son fils faire des blagues, il ne put se retenir d’éclater de rire en se touchant la barbe, Conrad avait raison, il y avait un moment qu’il ne s’était rasé la barbe, trois ans exactement, il lui fallait au moins penser à la tailler.
_ Tu as raison, il serait temps que je me débarrasse de cette toison !
Le reste de la soirée fut une première pour Conrad et son père, ils discutèrent un moment pendant le repas, de choses et d’autres, chacun raconta sa journée, ils rires de l’entrevue dans le bureau du proviseur jusqu’à tard dans la nuit, ils avaient regardé un film d’action et avaient partagé une bière, et, au moment d’aller se coucher, lorsqu’ils s’étaient souhaité « bonne nuit », cela ne leur paru plus si monotone.
Des rebondissements inattendus pour le meilleur finalement. Une écriture limpide, des personnages et des situations crédibles et complexes.
Bravo à l’auteure!
Merci beaucoup Christophe, ça me fait énormément plaisir ????????????????
Et j’ai lu jusqu’à la fin!!
Vivement la suite.
C’est qu’elle a continué de manier sa plume
Voilà une bonne motivation pour moi chère soeur
N’oublis pas d’inviter des amis à me lire.