Quand as-tu passé la porte? Quand as-tu fait tomber les murs qui entouraient mon cœur ?
J’ai si peur du froid sans eux, si peur des pierres que pourrait me jeter un autre échec. Depuis ma dernière erreur, l’eau a emporté le pont, balayant tout sur son passage. Je n’ai jamais pu le reconstruire. À la place, j’ai batti une prison pour mon cœur, quatre murs de briques de terre, seuls vestiges du pont. Là, loin de tout attention, mon cœur s’est endurci, loin de la souffrance, il a guéri, loin des hommes, il a aimé la vie, près de moi, au centre de l’écho de ses propres murmures, il a appris à me connaître.
Il était à l’abri des vents et des tempêtes, il ignorait le tumulte et les larmes, la déception et les désillusions. Puis, toi, en une rafale de mots doux, et de caresses tendres, et de baisers passionnés, tu les as abattu comme le géant abat la montagne, d’un revers de la main.
J’ai si peur du froid, du vent et des pierres, mais je ne regrette pas ta venue. Car le pont m’avait manqué. Son architecture, son imposante stature, et désormais,les fleurs que tu y plante au milieu des briques, autrefois vestiges d’un pont négligé,puis ruines de quatre murs, espoir d’un bonheur isolé, prison d’une âme blessée et aujourd’hui, architecture magistrale symbole de ma renaissance dans tes bras.