Première Porte
Honnêtement je suis aller me coucher avec elle sans vraiment trop y penser, je me suis dit que je serais sans doute de retour dans cinq minutes. J’ai quand même fait une lettre au cas où, que j’ai laissé sur mon bureau à côté de celle de ma copine. C’est quand je me suis dirigée vers le lit avec elle qu’elle ma fait promettre une chose.
– Quoi qu’il arrive, continue et ne t’arrête pas d’accord ? On se retrouvera de l’autre côté. Tu me le promets ?
– Oui bien sûr, c’est pareil pour toi, ne me laisse pas seul d’accord ?
– Ne pense pas que je recule aussi facilement hihi..
Je dois dire que la pression a commencé à montré et j’ai commencé à m’inquiéter. Mon image du suicide est revenue pour me hanté. Même en sachant qu’il n’y a qu’une chance sur dix que je ne revienne pas ici, j’ai commencé à paniquer, mais ma copine avait déjà tout prévue pour me rassurer.
Elle savait quoi me dire pour que je n’abandonne pas, mais dans le fond je sais qu’elle n’était pas non plus sûr d’elle sinon elle l’aurait déjà fait il y a bien longtemps.
Comme elle l’avait lu pour les départs de couple sur les sites elle a acheté des somnifères. Ils servent à faire en sorte que même s’il y a un décalage sur l’entrée en sommeil l’autre ne panique pas en sentant disparaître le corps de sa moitié et réussisse à s’endormir à son tour. Elle a aussi lu d’autres ouvrages parlant de différentes choses à faire avant d’essayer d’entrée dans la tour pour les couples, mais ça restera privée.
Légèrement fatigué je m’allonge sur le lit et elle s’installe à côté de moi. Les somnifères commence à faire effet et je regarde le visage de ma copine alors que je sombre progressivement dans le sommeil en tenant la clé. J’échange encore quelques paroles avec elle en essayant de me donner du courage de ne pas juste lâcher la clé et m’endormir normalement, mais je ne veux pas la perdre elle plus que tout. Je ne veux pas. Je ne…veux…pa….
*
Changement de décor. J’ouvre les yeux et face à moi se trouve une arche en pierre délimitée par un grand mur de pierre. Derrière moi il y a l’océan et devant moi se dresse la tour qui s’efface à mesure qu’elle monte en direction du ciel. Il fait gris et le vent marin souffle doucement. Je suis tout seul et ma copine n’est pas en vu. Il n’y a pas de consignes ni rien, mais j’imagine que je dois passer l’arche pour pouvoir réellement entrer dans la tour. Je ne pense pas que me mettre à l’eau soit ce que l’on me demande et attendre ici ne me semble pas être une bonne idée non plus.
Je suis toujours habillé des vêtements que j’ai gardés en dormant et la clé se trouve toujours dans ma main. Je la place dans la poche de mon jean et fais quelques pas en avant sur l’espèce de goudron qui recouvre le sol. Mes pas résonnent étrangement en faisant écho sur le mur de pierre.
L’arche est gigantesque et fait plus de dix mètres de haut pour une quinzaine de mètre de large. Il n’y a pas de décoration ni de gravure dessus. Elle semble être faite en pierre et taillé d’un seul et même bloc. A mesure que je m’approche j’ai l’impression qu’une sorte de fine pellicule la recouvre et elle ressemble à une sorte de surface aquatique vu la façon dont le vent la déforme. J’y passe la main mais rien ne se passe, je trouble juste la surface. Jusque là c’est étrange, mais rien de « particulier », vu la situation. Je me demande si ma copine est en face de la même chose.
Finalement je prends une grande respiration et marche en direction de la pellicule sans savoir ce qu’il va se produire. Je ferme les yeux par instinct comme quand on met la tête sous l’eau et quand je les rouvre, le paysage à encore changé.
Je suis dans un espace vide ou règne l’obscurité. En face de moi à plus de vingt mètres se trouve une porte. L’objectif semble être d’ouvrir la porte, ça n’a rien de sorcier. Je fais un pas en avant et dans ma tête j’entends un message qui résonne.
[Ne te retourne pas et franchis la porte si tu veux aller dans la tour ]
Je me frotte la tête en frissonnant, le message qui vient de retentir est assez étrange. Je fais un pas en avant et me fige. Derrière moi je commence à entendre des bruits de plus en plus forts de pas et de paroles.
« Alors c’est comme ça ? »
J’entends la voix de mon père à quelques mètres derrière moi. Je ne sais pas quoi répondre et reste immobile en me répétant qu’il ne faut pas que je me retourne en essayant de suivre la consigne que j’ai entendue dans ma tête.
« Tu comptes vraiment franchir cette porte ? »
C’est avec un ton sévère que retentit sa voix, il n’a pas l’air très content de me savoir là. Ça me rappelle un peu sa manière de me gronder. Je comprends mieux la consigne en tout cas.
Je ne sais pas si je peux ou doit répondre par contre. Au fur et à mesure d’autres phrases se font entendre et je fais un autre pas en avant sans dire un mot. Je pense que si je lui réponds soit il ne m’entendra pas, soit il me répond à son tour et je commence du coup une conversation avec une version imaginaire de mon père puisqu’il ne peut pas être là. Après tout il n’est même pas mort et doit être en train de dormir sur terre.
« Tu pense vraiment que franchir cette porte te rendra heureux ? Plus que d’être ici avec nous ? Retourne toi quand je te parle ! Yaël, tu as pensé à ce que dirait ta mère ? »
Je me fige à nouveau. La tentation de me retourner comme à être de plus en plus forte à cause de mon irritation, mais j’essaye de me contenir et de ne pas le faire. J’ai aussi très envie de répondre, mais ce n’est qu’une voix et je sais qu’il n’y a personne derrière moi. C’est juste une épreuve que m’impose la tour, rien de plus. Le paysage et la porte devant moi sont là pour me le rappeler. Ce serait stupide de rater mon entrée simplement à cause d’une illusion de ce genre.
Je fais encore quelques pas en avant en essayant de me concentrer sur la porte. La voix semble devenir plus forte et elle est rejoint par d’autres voix que je connais. Il y a la voix de membres de ma famille et d’amis qui retentissent. A mesure que j’avance, comme si tout cela était orchestré les voix retentissent une à une sans jamais se chevaucher. Chacune y va de son petit mot, mais le sujet principal et que les voix me répète sans arrêts qu’il n’y a pas de retour en arrière et que si je fais ça tout sera terminée et que je ne reverrais plus personne. Il y a aussi des commentaires qui ne sont fait que pour me mettre en colère ou me rendre triste. Ma mère qui pleure. Une fille qui m’appelle en disant qu’elle m’aime, ect.
Je sers les dents. J’ai presque envie de me retourner pour crier sur tout le monde que j’ai déjà pris ma décision et que ça ne sert à rien, mais je me retiens.
Au final, même si je ne suis pas sûr de ce que je fais en essayant de rentrer dans la tour, je sais une chose et c’est que toutes les voix que j’entends et qui me demande de faire demi tour n’existe pas vraiment. Elles appartiennent à des gens que je n’ai pas vu depuis longtemps où qui ont quitté ma vie.
Et même si elles sont véritablement là, c’est trop tard pour me demander de ne pas le faire. Je le fais pour ma copine parce qu’il n’y a qu’elle qui m’intéresse et qui fait véritablement parti de ma vie. Je lui ais promis de la retrouver de l’autre côté.
J’arrive finalement à la porte et alors que je tends la main vers la poignet pour la tourner les voix derrière moi se mettent à parler à l’unisson.
« Si tu fais ça, tu ne nous reverras plus jamais. »
Ensuite plus rien, le silence. Comme si personne n’avait jamais été là derrière moi pour me parler. J’attrape la poignet et c’est à ce moment là qu’une main se pose sur mon épaule fermement et que retentit la voix de mon frère que je n’avais pas entendu jusque là.
« Pourquoi est ce que tu fais ça ? Tu le sais au moins ? Tu penses vraiment faire la bonne chose ? »
Je tourne la poignet de la porte et j’avance en répondant.
« C’est ma décision, pas la tienne.»