Quotidiennement je dois remplir des questionnaires/formulaires pour mes enfants,que ce soit pour me demander pour la trois-cent-vingt-douze ème fois à quel âge il/elle a rampé ,marché,été propre( ou pas),mangé solide,etc ou bien pour me demander :
“Comparé aux autres enfants de son âge”
Les enfants de qui? Les miens? Ceux de ma soeur? Ceux des voisins? Ceux que j’ai connu enfants ? Qui sont les enfants/adolescents/adultes du 50ème percentiles?
Quand j’étais à l’école et que j’étais intimidé tous les jours parce-que j’étais “bizarre”, c’était les enfants “normaux” qui me versait du jus sur mes cahiers, pas les autres “rejects” . C’était les enfants au développement normal qui m’attendaient à la fin des classes ou faisaient des appels frauduleux chez moi.
C’est les enfants “normaux” qui lancent encore des propos racistes/islamophobes à ma fille ou qui sont homophobes avec un autre de mes enfants. C’est les enfants normaux qui dès la maternelle ont commencé à appeller mon fils “bébé nono” parcequ’il à un trouble du langage sévère. En quoi c’est normal?
J’ai créé il y a quelques années un groupe de parents sur Facebook * qui vivent des défis avec leurs enfants , de l’isolement, parfois même de la détresse en lien avec leur situation familiale et en plus de 5 ans je n’ai dû intervenir qu’une seule fois sur des propos déplacés. Un groupe Facebook de plus de 1600 personnes et personne ne se pogne, les gens sont accueillants et bienveillants. Oui oui c’est possible !
Que ce soit les enfants ou les adultes, ce que je vois comme commentaire parfois sous des publications ça me désespère ! Est-ce que la méchanceté est la nouvelle normalité ? Les réseaux sociaux c’est le pilori réinventé?
Quand je dois comparer mes enfants à ceux de la moyenne je me dis que la moyenne s’est brisée quelque part entre Matane et Bâton Rouge*.
Naturellement tous les gens neuroatypiques ne sont pas des anges et les neurotypiques des démons, ce serait ridicule de condamner tous le monde à une boîte aussi étroite. Je crois parcontre qu’il est temps qu’on retire son culte de la noblesse à la normalité. Être normal n’est en rien un gage de vertue ,normal ou pas ,être gentil, bien souvent c’est un choix.
J’aime l’adage qui dit:
” Avant de parler, pose-toi les questions suivantes : est-ce que ce que je m’apprête à dire est vrai? Est-ce utile? Est-ce bienveillant ?”
Si je répond non à une de ces questions je me tait. Pas plus compliqué que ça. On est dans une culture où c’est bien vu de dire absolument tout ce qui nous vient à la tête et de générations en générations ont perpétue le culte du ” Je suis normale ,donc je suis une bonne personne ” alors que ce n’est pas un automatisme dutout.
On nous demande ,comme neuroatypiques, de s’adapter à vous, à vos codes sociaux, à votre fonctionnement, mais pour quelqu’un comme moi, c’est une suite continuelle de
” voyons donc, pourquoi? ça fait pas de sens”
Tous les jours de ma vie. Je ne comprend pas pourquoi les gens “normaux ” font ce qu’ils font. J’ai passé ma vie à essayer de comprendre, pis des fois je me dis que s’il y a des extra terrestres quelque part ,et que le monde s’écroule, je comprendrais qu’ils nous laissent crever. On est même pas capable de s’empêcher de s’entre tuer sur tous les plans possibles…mais c’est moi qui est mésadaptée….right.
Il est peut-être temps de cultiver la bienveillance plutôt que la “normalité”❤️
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Filledelune
• chanson d’Isabelle Boulay, Entre Matane et Bâton Rouge.