Je ne lui dirai rien, ce sera comme d’habitude, je vais poser mon verre sur le bord de la table, mon assiette au milieu, elle n’a que ça à faire. J’ai longtemps travaillé de longues décennies, des années de reproches parce que je rentrais tard. Jamais elle n’a manqué de quoi tout acheter, j’étais sur les chemins à garnir la marmite, tout ce qu’elle avait à faire c’est tenir la maison. Nous n’avons plus d’enfants, ils sont grands maintenant, et quand ils sont partis, il lui restait du temps ; ça l’a jamais gênée de me faire des reproches.
“Tu pourrais rentrer tôt, et on pourrait sortir, maintenant nous sommes seuls, que nous à s’occuper.”
“Tu connais mon travail, je ne peux m’absenter. Si je lève le pied, un autre prendra ma place. Je suis un responsable, et je suis bien noté, je ne veux rien gâcher.”
Cela c’était du temps ou l’on parlait encore. Elle n’a jamais bossé, elle n’a jamais compris que si l’on vit ici, dans cette jolie maison, tout est bien grâce à moi, et à mes feuilles de paye. J’ai soupçonné une fois, qu’elle ait eu un amant, j’ai pisté son courrier, et tout son téléphone.Je l’ai suivi des fois, prétextant une absence, et je les ai surpris sortant d’une résidence. Je m’étais bien caché, à l’angle d’une rue, je l’ai laissée rentrer et je l’ai menacée.
“Si jamais tu ressors, avec cet abruti, je te fous au dehors avec mon avocat. Si je t’ai épousé, c’était pour être ensemble. Mais si tu veux la guerre, j’ai monté un dossier et j’ai pris des photos, tu ne vas pas gagner.”
Tous les jours en rentrant, pendant qu’elle s’endormait, j’ouvrais son téléphone et je lisais ses mails, j’ai listé ses adresses, regardé son pc, je ne la lâcherais pas, c’est moi qui ait payé tout ce qu’elle utilise. Elle m’a surpris un jour, quand je recopiais les adresses de son phone, à qui elle répondait, depuis elle a bloqué, l’accès de son portable, mais à chaque fois qu’il sonne, je m’approche et j’écoute, je suis sûr que c’est lui, quand elle ne répond pas, je ne peux plus rien lire, mais je vais la pister.
Un jour elle est partie, comme à son habitude, prétextant quelques courses , pour remplir le frigo, je connais son trajet, ou est son habitude, j’ai pris mon véhicule, dix minutes après elle, le temps de me garer, plus loin dans le parking, je la vois qui ressort le panier à la main, elle aussi m’aperçoit.
”Tu m’as encore suivi. je t’ai dit que j’allais, juste acheter quelques choses.”
”C’est complètement idiot, je voulais juste me prendre quelques tranches de jambon, je crois qu’il n’y en a plus, j’en avais juste envie. Tu dérailles complètement, tu te fais des idées.”
”C’est bien la première fois, que je te vois sortir, pour acheter quelque chose, d’habitude tu demandes, bobonne est là pour ça.”
Je ferais attention, pour les prochaines fois, mais je ne lâcherais pas, si elle croit me berner, je suis bien plus fort qu’elle, et quand nous sommes rentré, pendant qu’elle s’affairait à ranger les affaires.
”Je crois que j’ai poussé le bouchon un peu loin. J’ai maintenant décidé de ne plus t”embêter, si toi tu me promets de ne plus fréquenter, je vais redevenir, celui d’il y a trente ans, celui qui t’envoyait pleins de gentils messages.”
”Je t’ai dit c’est fini, on en a discuté. J’avais besoin d’amour, de savoir que j’existe. Il est très prévenant, mais ça tu connais pas. J’avais tout oublié à tomber amoureuse, j’ai failli tout jeter pour rester avec lui, mais j’ai pitié de toi et des années passées, je suis sûre et certaine que tu ne comprends pas. Tu m’as rangé en meuble, en boniche à tout faire, moi ce que je décide, à partir de ce jour, je dors dans notre chambre qui deviendra la mienne, et toi dans ton bureau. On y mettra un lit je ne veux plus de toi et c’est définitif. Si tu veux divorcer je suis prête à le faire, mais pour le voisinage on est mari et femme jusqu’ à ta décision. Ce n’ est surement pas moi qui vais tout déclencher, je suis trop fatigué de t’entendre ruminer, et je n’ai plus la force de te savoir derrière.”
Ce qu’elle a dit, fut fait, j’ai bien tenté des fois, de rejoindre sa chambre, mais elle s’est emportée et s’est mise a crier. Quand elle est dans son bain, je viens lui demander :
”Tu n’as besoin de rien ? Je suis juste à coté, si jamais tu demandes. Tu te souviens du temps, ou nous étions tous deux, à nous frotter le dos et plus sous la douche.”
”Tu n’as pas bien compris ? Nous sommes encore ensemble juste pour la façade, nous deux c’est bien fini, et il n’est plus question que tu me touches encore, je ne veux plus sentir ton corps a mes cotés, je suis tout à fait sûre, tu n’as jamais aimé, tout ce que tu voulais une chose a posséder.”
Tous les jours quand j’y pense, j’envoie un mot gentil, quand je suis au dehors pour mes obligations.
”Tu vas bien ma chérie ? Passe une bonne journée. Si jamais tu y penses, il y a un match de foot, ce soir a la télé, pourrais-tu regarder si j’ai encore des bières.”
Ou alors dans le genre :
”Je vais bientôt rentrer, laisse moi la cuisine, ce soir c’est moi le chef comme il y a des années. Pense à plier mon linge demain j’ai réunion, je dois faire impression avec mon costume gris, je ne sais ou j’ai mis ma cravate à rayures.”
Elle sait que je suis là, et que je pense à elle, mais j’ai mis le holà à ses fréquentations. Je ne veux plus jamais voir chez moi toutes ses copines, je suis sûr qu’elle savaient et qui elle fréquentait, le téléphone suffit pour rester en contact, et puis de toute façon je ne les aimais pas. Quelquefois il m’arrive, car on ne sait jamais, de prévoir un travail, mais je reste caché pas loin de la maison et de voir si elle sort.
Il me semble qu’elle s’en doute, mais nous n’échangeons plus, juste quelques politesses et des petits services. C’est sa faute après tout, moi je ne demandais qu’une vie entre nous, avoir de beaux enfants et une jolie maison. Elle a tout le jardin, quelques tâches ménagères, assez pour s’occuper sans chercher au dehors. C’est ma femme tout de même, on s’est marié pour ça, et c’est moi le bourreau ? Une fois elle m’a dit ça sur un ton de colère.
Nous vieillirons ensemble, nous avons un contrat, mais je vais continuer si jamais à la suivre.