Sous un chapeau trop grand, ses oreilles ne sont là que pour le retenir. Ça l’amuse beaucoup que certains le voient comme une figure de style.
” Comme je n’ai qu’un neurone, je ne tiens pas à ce qu’il fuite.”
C’est le genre de réponse qui le faisait sourire, à ceux qui s’enquéraient, mais il n’y avait que lui. La réalité lui fait dissimuler une légère calvitie qu’il tente de cacher.
Encore assez mince, il n’a pas le petit ventre rond des gens de son âge. Une particularité qui fait que tous lui donnent quelques années en moins, son seul petit plaisir.
Son image renvoyée ne lui plait pas vraiment, il n’a rien de commun avec Narcisse. Il peut comprendre ceux qui semblent attrayants, et n’a jamais compris que certaines jolies filles puissent s’intéresser à lui. Il a son petit succès qui le surprend à chaque fois.
Sa facilité d’élocution, son bagout, son empathie, son sourire permanent ? Il ne croit pas vraiment posséder tout cela, sans fausse modestie. Il est curieux de tout, sans intérêts particuliers, simplement observateur du monde qui l’entoure.
Comme d’habitude, il est à la limite du retard impoli, toujours quelque chose d’imprévu à faire au dernier moment. Là, c’est un problème vestimentaire devant le miroir, il aime beaucoup le noir ; Chapeau, tee shirt, veste et pantalon.
Une de ses amies l’a surnommé “Dandy”, il n’aime pas du tout, il trouve le terme vieillot, ça le ramène au film ” Orange Mécanique” et son débordement de violences.
Son chat blanc est passé par là, il n’a pas vraiment d’affinités avec lui, surtout depuis qu’il a subi la première perte de poils, mais jamais il ne lui ferait du mal, le cadeau empoisonné d’un ami qui pensait lui faire plaisir, il répète souvent, en le caressant :
” Un jour, je vais te raser ou t’empailler.”
Et le greffier ronronne de contentement, en se frottant sur son pantalon noir, mais le moment est mal choisi. Il le repousse et ferme la porte de la salle de bain, tout en se brossant vigoureusement.
Il a rendez vous pour un nouvel emploi, depuis qu’il recherche, cela fait des mois, il peaufine ses mots pour ne pas en dire trop.
Encore un entretien qui ne va rien donner, mais il y croit encore, sinon ça ne sert a rien de se déplacer, il sait qu’il parle trop, il ne peut s’empêcher, il lui est arrivé de couper la parole à ses interlocuteurs, engendrant en cela, et de ça il se doute, la fin de l’entretien, mais même le sachant, en écoutant les gens, il a peur de perdre le fil de la conversation et de ses pensées, pas qu’il soit impoli, mais il est nerveux, à trop vouloir en faire, à bien se présenter. Il connait son sujet, ses expériences, ses emplois occupés, mais à chaque fois, l’annonce rédigée reste trop généraliste.
Il faut qu’il s’adapte sur le moment, étayer, bonifier, quelquefois inventer, mais au final :
“Votre parcours est intéressant, on vous contacte sous quinzaine.”
Il court à sa voiture, c’est limite, mais il devrait être dans les temps …
Pour un nouveau refus.
Comment me reconnaitre si jamais on se croise.
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