J’avais mis mon réveil pour être sur d’être à l’heure, il sonne à douze trente, ça me laisse une marge pour une petite sieste, je me rendors serein, j’ai largement le temps, le chat a sa gamelle, et les poissons sont morts, personne pour me faire chier.
J’ouvre un œil reposé, maintenant je dois bouger, hier j’ai raté le pain, aujourd’hui il est temps, j’irais un peu plus loin, j’ai pas envie de marcher, descendre dans le parking c’est déjà du mouvement, je regarde les pendules pour voir quelle heure il est, l’une sur quinze heure trente, l’autre flirte avec midi, ou peut- être minuit, m’en fou il fait soleil, je me fais une moyenne, j’ai du temps devant moi pour aller prendre une douche.
Je suis un peu inquiet quand je pose les sacs, c’est une bonne bagnole dans le genre coupé sport d’une marque avec étoile, mais l’inactivité peut l’avoir endormie, et pour la remercier d’être restée fidèle, comme la route est déserte, je fais monter l’aiguille jusqu’au super-marché, peu de chats dans les rues, je suis dans une ville morte, je me crois dans un film après l’apocalypse.
C’est un parcours fléché quand je prends un chariot, une seule porte ouverte j’ai cherché un moment comment y pénétrer, j’ai horreur qu’on me dise par ou il faut passer, en désespoir de cause, j’ai fait comme un mouton, j’ai suivi la cadence, au moins je fais du sport, je deviens habitué d’un déambulateur.
Pour me faire pardonner, et puis pour les punir, parce qu’ils m’ont fait chier, au caisses automatiques, tout le monde se méfie, on se regarde de loin, alors je ne valide qu’une partie de mes courses, je me doute que plus tard, si ce n’est déjà fait il vont se compenser sur les prix à venir, de mes trucs à manger et presque autant à boire, à l’heure de l’apéro, ce sera compensation en double satisfaction.
Je rentre à la bonne heure, pile pour sortir le verre, le chat n’est pas compris, il a son bol de flotte, pour moi ce sera Ricard, avec juste un peu d’eau, pour que la petite cuiller puisse tenir debout, une question d’habitude, et dans ma gentillesse, au moment de ma mort, j’offre apéro gratuit stocké au fond du foie, je peaufine ma réserve.
Je me sens un peu las, l’haleine surchargée, j’entends le canapé qui m’envoie un message, ” Je sais que tu es seul, elle n’est pas là ce soir, elle n’est plus là ces soirs, viens que je te câline comme tu savais le faire, je n’ai jamais rien dit, tu peux avoir confiance.”, j’ai versé dans ses bras.
Il doit être minuit, je n’ai pas du tout faim, les pendules sont d’accord elles indiquent la même heure, encore un drôle de rêve, Docteur je suis malade.
J’étais sur ma moto, un deux cent cinquante cross, comme dans ma jeunesse, je n’avais pas de casque sur cette route de campagne, j’allais chez une amie que j’apprécie beaucoup. Juste avant d’arriver, je remarque un chemin, en endroit de traverse, je pose le pied à terre j’ai envie de marcher, je crois que la moto je la laisse à l’entrée, il faut que j’aille voir, que j’aille un peu marcher.
Un sentier dégueulasse, on dirait une décharge, des poubelles partout des déchets jonchent le sol, des morceaux mécaniques qui proviennent de machines, des bouteilles en plastiques des morceaux de palettes, je ne sens pas d’odeurs, et pourtant il devrait. Par terre il y a de l’herbe, mais je pousse mes pas sur un chemin tracé, un chemin dégarni, comme une route de campagne par les roues de tracteurs aux alentours des champs. Je regarde tout ça en cherchant quelque chose, je ne sais pas vraiment quoi parmi tout ces déchets, de Freud et son pote Jung, je suis seul à chercher, je n’ai pas vraiment lu mais ils pourraient m’aider, mon conscient qui se mêle, même lui ne sait rien.
J’arrive dans une cabane à la fin du chemin, faite de bric et de broc, je passe par une porte, dedans c’est le bordel, comme tout ce qu’il a dehors, comme je ne trouve rien, je ne sais ce que je cherche, je rebrousse chemin pour reprendre ma moto, continuer mon voyage, et c’est là que je croise, deux hommes qui s’avancent. Je crois qu’ils font comme moi, ils cherchent quelque chose, mais ils font un peu mieux, ce que je ne faisais pas, ils ramassent des choses, ils fouillent avec les mains, j’en vois un qui ramasse, je ne l’avais pas vu, un jeans pas trop sale, qu’il emporte sous le bras.
J’arrive à la moto, je vais pour démarrer, et là je m’aperçois, mon jeans à disparu, je suis le cul à l’air, je reviens en arrière, je crois que c’est le mien qu’il a entre les mains. En arrivant vers eux, il me semble trop propre, l’un des deux personnages, se baisse et il ramasse, un jeans un peu plus sale, je reconnais le mien. ” Je crois que c’est à vous.”, et il le tend vers moi, et je remet mon froc, j’ai faim, et je me lève, c’est l’heure de manger.
La seule chose après coup, En attendant Godot, quand il perd son froc, à la fin de l’histoire, certains ont tout compris, moi je me suis refroqué, mais je n’ai rien compris, Docteur, je suis malade ?
Docteur je suis malade, ça va en s’empirant
Godot ! je suis malade aussi…et ca va pas en s’ameliorant….