Ode aux travailleurs

2 mins

Au début de service, là où règne un silence de mort qui étonne les connaisseurs, on entend souvent cette phrase : « Ah non je suis désolé madame on est complet toute la semaine. » Une mauvaise prédictions. Elle se repend vicieusement dans le fond du bâtiment comme une rumeur horrifiante. Terrible oracle qui malmène les cœurs vaillants. Maintenant nous savons, mais savions déjà, l’information était simplement caché par notre naïveté mais la raison connaissait son existence depuis le début. Les prochaines heures seront difficiles. Au début nous attendons, calme et presque immobile, on économise nos force. Nous sommes des soldats, armes en mains, attendant la charge. Puis sans s’en rendre compte, la machine prend marche, les gens rentrent et s’installent. Alors le bruit monte dans ce lieu, comme une plante qui émerge de terre. On pose des questions, on commande des bouteilles et les premiers plats quittent la cuisine. Le temps passe et tout monte tranquillement, les gestes se font plus rapides, plus précipités. La cadence avance, les soldats marche en rythme. On comprend bien vite que la chansons est un crescendo, et les efforts se doivent d’être plus puissants et véloce, pourtant toujours maîtrisé. Les soldats se mettent à courir. Mais quiconque à fait la guerre, ou à assez vécu sa vie, sait que de chaque attaque découle un impact. Ici le coup prend la forme d’une avalanche d’assiette, de couvert et d’ordre. L’eau bouillante brûle les mains, les couteaux sales coupe les doigt et le temps fatigue l’être. Ce moment est critique et il faut être rapide, toujours plus rapide car il y a toujours plus de chose à faire. La frénésie atteint son sommet et le temps passe comme une chute. Le mètre carrés où je me trouve est alors une boite qu’on secoue brusquement. On doit quand même agir, travailler. Les mêmes gestes, encore. Le même stress, encore. La même cadence, encore. Les mêmes gestes, encore. Le mêmes bouton, encore. Et tout cela paraît interminable, trois heures en réalité. Le rythme infernal ne s’arrête jamais, au mieux elle se calme un peu mais sans plus. La fin arrive d’un coup, on s’y attend pourtant car on la voit arriver au loin. La frénésie bruyante ne se stop qu’à la dernière assiette, la dernière poêle du chef. Puis on enlève le tablier, on prend les pourboires, pull, sac, au revoir et à demain. Je n’ai vécu ça qu’une semaine, certain s’y confronte toute la vie.

Ce récit je le dédie à tout les travailleurs, usant de leurs corps pour maintenir l’humanité, et eux même en vie. Jamais je n’aurais la prétention bourgeoise de me faire passer pour un ouvrier, croyant connaître la douleur du travail. Non moi je suis un poète, âme vagabonde et bonne à rien. Pourtant j’ai goutté quelques bribes de cette noble et difficile existence, à battre son corps et son esprit douloureusement, et les pousser à la vieillesse et au déclin. 

No account yet? Register

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Lire

Plonge dans un océan de mots, explore des mondes imaginaires et découvre des histoires captivantes qui éveilleront ton esprit. Laisse la magie des pages t’emporter vers des horizons infinis de connaissances et d’émotions.

Écrire

Libère ta créativité, exprime tes pensées les plus profondes et donne vie à tes idées. Avec WikiPen, ta plume devient une baguette magique, te permettant de créer des univers uniques et de partager ta voix avec le monde.

Intéragir

Connecte-toi avec une communauté de passionnés, échange des idées, reçois des commentaires constructifs et partage tes impressions.

0
Exprimez-vous dans les commentairesx