Les Pierres d’âme – Chapitre 1 – Sauvageonne

12 mins

Merci à Françoise pour les corrections

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Chapitre 2

Chapitre 1

Sauvageonne

« Pour ceux qui aiment être tranquilles »

J’étais chez moi dans la forêt de Primaceton assise dans cette clairière que j’avais découverte par hasard lors de mes premières pérégrinations printanières. Elle était idéalement située à une heure de marche de l’orée du bois, non loin d’un petit chemin peu fréquenté, mais à une distance suffisante pour être à l’abri des regards des rares promeneurs qui auraient pu s’aventurer jusque-là. J’aimais y venir afin de contempler la flore et la faune qui s’y trouvaient.

Planté en son milieu, un magnifique noyer dont les branches étendaient leurs ramifications innombrables à plusieurs mètres, me protégeait de son ombre bienveillante. Partout où se posait mon regard s’épanouissait une vie luxuriante, tant végétale et animale que minérale. Le sol dégageait une forte odeur d’humus et de mousses, attestant de sa bonne santé. Des violettes tapissaient le sol alentours, répandant leur parfum suave et entêtant. En leur centre une imposante pierre plus ou moins circulaire aurait pu servir de table. Dans la prairie qui s’étendait plus loin, des muscaris et des jonquilles ajoutaient au tableau leurs touches de bleu et de jaune. Du muguet égaillait l’orée du bois de ses petites clochettes blanches. J’observais un écureuil roux qui vaquait à ses occupations, les oiseaux dans les arbres me renvoyaient leur musique, des papillons, des abeilles et d’autres insectes butinaient les fleurs.

C’était le paradis, je me laissai aller à la rêverie, m’allongeant au milieu de cette nature accueillante dans la chaleur de cette belle journée du mercredi, 19° jour du mois de mai 2021. J’étais vêtue pour la marche : de bonnes baskets, un short et un T-Shirt. Mes longs cheveux noirs à peine démêlés s’étendaient épars autour de ma tête comme les branches du noyer. Je respirai à fond, m’emplissant de la vie de la forêt.

Après un temps d’observation au calme dans cette nature adorée, je me recentrai sur moi-même. J’avais 16 ans, et toutes mes dents. À cet âge les jeunes filles se regroupent souvent en bandes de copines, d’autres vivent le grand amour avec un petit ami, d’autres encore les enchaînent, et certaines plus rares se voient promues cheffes de bande au milieu des garçons. Je n’entrais dans aucune de ces catégories : j’étais seule. Cette situation, je ne l’avais pas vraiment recherchée, même si je pouvais m’en sentir responsable : elle s’était imposée à moi. Devais-je m’en réjouir ou m’en affliger ? Que s’était-il passé pour qu’on en arrive là ? Mes pensées remontèrent l’histoire de ma courte vie, pourtant déjà bien remplie.

Lorsque j’étais enfant, et jusqu’au début de mon année de sixième, je vivais normalement selon les critères usuels d’Amalfay : j’allais à l’école primaire du village. Sur environ deux mille habitants, Amalfay comptait une vingtaine d’enfants par tranche d’âge soit à peu près une classe complète.
J’ai toujours aujourd’hui un très bon souvenir de cette période, c’était l’âge de l’insouciance et de l’innocence. Ceux qui avaient du mal aidaient ceux qui n’y arrivaient pas, il y avait vraiment une bonne entente. À cette époque, je me mêlais encore bien aux autres, sans réticence.

Lorsqu’il n’y avait pas école – le week-end, le mercredi ou encore pendant les vacances – nous allions explorer la forêt de Primaceton et y jouer ou pêcher dans la Doucerive. Nous étions organisés de manière bien définie. Il y avait un chef, qui décidait des activités, ensuite nous nous répartissions dans des équipes. Durant l’année de CM2, je me retrouvais la plupart du temps avec mes copains Bastien, Lucas et Éléonore. Lucas fut choisi comme chef, ce qui nous permettait d’influer sur les choix de jeux. Ce choix avait été assez évident pour tous, car il était doté d’un bon charisme, sa mère venait d’être élue maire du village pour la première fois et son père était le responsable du syndicat agricole, ce qui dans un village rural comme le nôtre avait une grande importance. Personnellement j’aimais bien Lucas, même si  je le trouvais parfois un peu autoritaire et pas toujours très doux avec la nature.

Notre village était suffisamment grand pour accueillir une école, mais pas pour un collège, il fallut donc nous rendre à la ville voisine d’Antalvay. Entre la population d’Amalfay et Antalvay régnait une inimitié héréditaire. Cet antagonisme venait du fond des âges, mais je n’en connaissais pas la raison. Cela se ressentait à tous niveaux, aussi bien dans la manière de vivre, dans la mentalité des gens, leur niveau social et même jusque dans  l’architecture. Chez nous il y avait beaucoup de fermes, nous vivions pour la plupart en harmonie avec la nature, notre vie était simple. Nous respections la forêt et ne nous ne cherchions pas à avancer sur son territoire. Pour arriver à ces résultats, nous avions une politique de natalité stricte ou du moins les gens cherchaient à ne pas avoir plus de deux enfants en moyenne. La technologie était pourtant arrivée jusqu’à nous : nous avions des voitures, la télévision, internet et des téléphones portables, mais nous savions les utiliser avec parcimonie. Antalvay, comme son nom l’indique, était aux antipodes : ils voyaient tout en grand. Pour une ville de dix mille habitants à peine il y avait plusieurs supermarchés : certains spécialisés dans le bricolage, les meubles, la technologie ou le jardinage. Ils avaient une politique de natalité expansionniste, on construisait de petits lotissements ici ou là, dévorant des hectares sur la forêt. Les habitants bâtissaient de grandes villas avec piscine, faisant fi des ressources naturelles et de la gestion écologique, quelques agriculteurs consommaient engrais et autres pesticides à foison qui polluaient les rivières.

Il y avait deux collèges à Antalvay. Dans le premier collège se rendait la moitié des élèves d’Antalvay et ceux d’Amalfay, dans l’autre se rendait la deuxième moitié des élèves de la ville et ceux de Piomay, un village comparable au nôtre.Il n’y avait donc pas le choix,  mon affectation se trouvait naturellement dans le premier, organisé en trois classes par niveau. Il y avait également un lycée où je me suis rendue quelques années plus tard. Pour y aller nous devions emprunter le bus. Il y en avait deux le matin, un pour le collège, l’autre partant en direction du lycée.

Je me souvins de la première fois que je l’avais pris. Le bus était garé là bien en avance, car c’était à cet emplacement que s’effectuait le départ du parcours jusqu’au collège. C’était un bus rouge, assez grand, car nous étions une soixantaine de jeunes répartis entre la 6° et la 3°. J’étais arrivée assez tôt, en même temps surexcitée et effrayée par la nouveauté.

Quelques élèves étaient déjà présents. Bien que nous nous connaissions tous, les grands semblaient vouloir faire comme si je n’existais pas. Enfin arriva Bastien, mon meilleur copain, puis s’étaient joint à nous Lucas, Éléonore et les autres sixièmes. Nous trépignions d’impatience devant la porte. Dès qu’elle s’était ouverte, j’avais joué des coudes avec Bastien pour arriver devant. La conductrice à l’air patibulaire maintenait la porte fermée qu’elle avait consenti à n’ouvrir que juste avant le départ. Nous nous étions engouffrés rapidement à l’intérieur et avec Bastien, Lucas et Éléonore, nous étions précipités sur les places du fond, les meilleures selon nous. Ceux des plus grandes classes étaient ensuite montés d’une manière nonchalante, ils ne devaient pas montrer leur empressement ou leur nervosité devant les petits. Pendant le voyage, nous avions décidé de nous amuser un peu, aussi nous nous sommes retournés pour faire des grimaces aux automobilistes et nous nous étions mis à rire bruyamment en fonction de leurs réactions, surtout Bastien et moi. Mais la conductrice du bus ne l’entendait pas de cette oreille-là et avait stoppé le véhicule pour nous sermonner. Ce n’était pas un bon début. Le reste du temps avait été plutôt tranquille, mais nous étions frustrés.

Le bus s’était arrêté devant le collège. Avec les autres camarades nous étions un peu perdus, mais notre instinct nous avait conduit à observer les plus anciens qui connaissaient les lieux et nous nous étions mis à les suivre. Nous étions arrivés dans une vaste cour de récréation où une voix s’était mise à faire l’appel, et à chaque nom prononcé nous devions nous diriger vers l’entrée de l’établissement. Lorsque mon tour était venu, je m’étais précipitée comme une furie vers le bâtiment et j’avais rejoint la file des jeunes déjà appelés. Bastien était déjà là, et je m’étais glissée dans la file à ses côtés. Nous étions ensuite montés au premier étage de la grande et antique bâtisse et j’avais découvert cette classe où nous allions passer notre année. En entrant, Bastien et moi avions choisi une table pas trop en avant pour ne pas être sous les yeux de la professeure et pas trop au fond non plus afin que l’on ne nous remarquât pas. Vous voyez la stratégie ! L’endroit idéal pour faire des bêtises en toute discrétion.

Et la première année avait commencé. Nous étions sept enfants d’Amalfay et dix-huit d’Antalvay, autant dire que nous étions un peu perdus. Par chance outre Bastien, mes amis de toujours, Lucas et Éléonore, étaient présents, cela me rassurait de les avoir autour de moi.

Je vous ai déjà parlé de Lucas Legrand. Pour le qualifier on aurait pu dire simplement « le blond ». Comme ceux que l’on voit dans les dessins animés du genre Fred dans Scooby-Doo : blond, les cheveux coiffés en une brosse parfaite, grand, musclé et charismatique. Il avait même l’indécence d’être très bon en classe. Je ne vous ai pas encore dit une chose. Son père était né à Antalvay. Ce fut le premier du groupe à nous laisser tomber. Comme tout bon leader, il ne traînait pas avec la la plèbe, et c’est avec un naturel décomplexé qu’il s’était mis à fréquenter de préférence les jeunes issus de la bourgeoisie d’Antalvay. Du même coup, il avait cessé de nous parler lorsque ses nouveaux amis étaient là. Dans le bus, il daignait s’adresser à nous, mais c’est alors nous qui avions commencé à l’ignorer : nous n’allions tout de même pas lui faire la charité de notre compagnie alors que nous étions devenus son dernier choix. Il s’était donc rabattu sur la compagnie de son smartphone dernière génération et de ses amis tout aussi smart et snobs.

La cause de l’abandon d’Éléonore Chouillard fut de notre faute à Bastien et moi. Je peux dire aujourd’hui que je le regrette, mais à cette époque-là j’étais tellement insouciante que je n’avais même pas calculé la portée de mes actes. Éléonore était une fille gentille et timide. Elle ne méritait pas le traitement qu’on lui avait fait subir. Je l’avais toujours considérée comme une pleurnicharde sans caractère. Elle pleurait pour un rien, se plaignait à la moindre taquinerie et n’osait pas vraiment nous suivre dans nos bêtises.

Bref, on peut imaginer que nous étions incompatibles. J’aurais dû me montrer compatissante, car sa vie n’était pas très rose. Sa pauvre mère Jeanne devait s’occuper seule de sa fille parce que son couard de père s’était enfui le jour de sa naissance et personne au village ne l’avait jamais revu. Elle n’avait ensuite jamais pu refaire confiance à aucun homme. Pour survivre elle avait monté sa propre chèvrerie dont elle extrayait des fromages délicieux dont, par ailleurs, je raffolais. Non contente de devoir faire  ses devoirs, Eléonore devait aider sa mère dans l’élevage des chèvres lorsqu’elle rentrait à la maison, ce qui compliquait sa vie . À côté d’elle, je faisais figure d’une privilégiée.

Malheureusement pour la pauvre Éléonore, Bastien et moi n’étions pas des saints, la jeunesse étant cruelle, nous lui en avions fait voir de toutes les couleurs. C’est ainsi qu’elle ne nous avait supportés que jusqu’en cinquième. Mais un jour, la goutte d’eau avait fait déborder le vase. Nous étions en cours de sciences, Éléonore, Bastien et moi  tous trois attablés à la même paillasse. Nous avions récupéré quelques pétards et voulions nous amuser un peu. Sauf Éléonore bien sûr qui refusait de faire des bêtises pendant les cours. J’avais subtilisé sa trousse afin de l’embêter un peu et Bastien avait subitement eu une idée.

– Si on faisait éclater un pétard dans sa trousse ?
– Ah ouais, trop fort !
Et c’est évident, lorsque deux andouilles comme nous ont une idée farfelue, il n’y en a jamais un qui a la sagesse d’arrêter l’autre, c’est au contraire plutôt la folie de la surenchère.
– OK ! Si on le mettait dans son taille-crayon ? Il faut une caisse de résonance, avais-je ajouté.
Ce qui fut fait.
– Bon je l’allume et je le remets dans son sac, avait dit Bastien.
Et il avait joint le geste à la parole. Quelques secondes plus tard, le pétard avait explosé de manière bien sonore. Cependant la professeure de sciences n’avait pas du tout apprécié la plaisanterie.
– Que celui qui a fait ça se dénonce, sinon je donne une punition générale.

Cette phrase bien connue de tous les collégiens n’était pas une surprise pour nous, mais ce qui n’avait pas été prévu était la fumée qui s’était échappée du cartable d’Éléonore. L’enseignante l’avait vue et la pauvre avait écopé de deux heures de retenue, ce qui nous mit encore plus mal à l’aise : elle ne nous avait pas dénoncés. Sa loyauté envers nous avait été pour nous un coup de massue, malgré les persécutions que nous lui avions fait subir et les deux heures de colle, elle n’avait rien dit, mais ce fut la fin de notre amitié. Nous avions fini par nous excuser auprès d’elle, nous nous étions même dénoncés à la prof de sciences quelques jours plus tard. Éléonore nous avait pardonné, et c’est nous qui avions fait les heures de punition, mais quelque chose s’était cassé entre nous et nous n’avions pas pu reformer notre groupe d’amis. Nous avions pris conscience que nos caractères n’étaient pas compatibles.

Dans les premiers temps cela avait été plus dur pour elle que pour nous, car sa timidité maladive l’avait empêchée de trouver d’autres amis. Mais elle finit par rencontrer une jeune fille d’Amalfay, Lucie Lassource, qui avait à peu près le même caractère qu’elle et par conséquent lui faisait prendre moins de risques que nous. À la fin de la troisième, elles s’engagèrent toutes deux comme novices dans le temple de la Mère Universelle d’Amalfay pour y devenir prêtresses.

Quand le temps de quitter le collège fût venu, le prof de math qui était sympa nous distribua à Bastien et à moi le « diplôme supérieur es bêtise et farce » qu’il avait spécialement imprimé pour nous avec un décor comme celui du brevet des collèges mais avec en filigrane des photos d’objets de farces et attrapes, tels un diable qui sort d’une boîte, un coussin péteur ou encore un pétard. Sa remise avait déclenché l’hilarité dans toute la classe et nous avions promis de nous en montrer dignes lors de notre arrivée au lycée.

À la fin des vacances le jour arriva enfin. Le chauffeur du bus était plus sympa et nous laissait nous amuser un peu plus que la conductrice acariâtre du collège. La plupart d’entre nous effectuaient leurs devoirs durant le trajet, et bien sûr nous en profitions également pour pomper allègrement les uns sur les autres.

Il m’avait semblé que la chance était avec moi, Bastien étant dans ma classe. Bastien Cluseau était mon grand ami. Nous faisions les quatre cents coups ensemble : le seau au-dessus de la porte du prof de math, c’était nous, les pétards sous le bureau du prof de français, c’était nous, les chewing-gums collés sur la chaise de la prof d’anglais… c’était nous, bien entendu ! Et cela ne s’arrêtait pas là, car ses parents maraîchers n’étant jamais à la maison, nous étions toujours fourrés chez lui. Quelle belle équipe nous faisions, dommage que les choses aient mal tourné, je regrettais vraiment mon ami.

Tout cela s’était produit deux mois auparavant et la cause en était Romane, une fille de notre classe. Une fille, mais laquelle !!! Dans ma grande simplicité, ou niaiserie, je ne m’étais pas aperçue de ce qui s’était passé en moi. Pour la première fois de ma vie, je tombai amoureuse. Romane était assise devant Bastien et moi, elle avait le statut officiel de « plus belle de la classe ». Ses longs cheveux châtains tombaient en cascade jusque sur ses reins. Lorsqu’elle tournait la tête, je pouvais voir son joli minois : un visage long et fin, le nez pointu, des yeux noisette, une moue boudeuse. Quand elle se levait, j’admirais sa longue silhouette, son port altier, elle était toujours habillée à la dernière mode et je pense que je n’y étais pas indifférente. Enfin, il me semble que vous l’aurez compris : moi, Margaux Maillard, j’étais tombée amoureuse d’une fille.

Le malheur était arrivé un matin. J’avais eu beau chercher Bastien dans la cour, celui-ci était resté introuvable. Il avait surgi soudain de derrière un bâtiment, Romane lui tenant la main, et lui faisant des sourires d’ange. Cela a constitué le premier drame de ma courte existence. Il aurait pu séduire n’importe quelle fille, mais pas Romane ! Le pire, c’est qu’ensuite il s’en est vanté auprès de moi.
– T’as vu Margaux, je sors avec une fille ! Avec Romane en plus, c’est la plus belle de la classe.
Cet idiot n’avait vraiment aucun tact. Mais bon, il paraît que les hormones travaillent les garçons de cet âge. Euh, les filles aussi je crois.
– Oui j’ai vu tout ce bonheur dont tu dégoulines, mais j’ai bien l’impression que tu sors avec elle juste pour fanfaronner devant les autres et flatter ton ego.
J’avais été franche, Bastien et moi étions toujours francs entre nous.
– Qu’est-ce qu’il y a, tu es jalouse d’elle ? Tu aurais préféré que je sorte avec toi ?
– Pour que tu m’exhibes comme un trophée, certainement pas ! Dégage, je ne veux plus te parler.

Je sais aujourd’hui que je n’aurais pas dû lui parler comme cela, mais vous pouvez bien imaginer que toute la colère et la jalousie qui bouillaient en mon fort intérieur devaient s’exprimer. Il ne pouvait pas savoir ce qui se passait en moi, mais il m’avait poignardée en plein cœur. C’est seulement à ce moment que je m’étais rendu compte que j’étais amoureuse d’elle.

Alors je me mis à éviter mon ami, à le repousser, même si leur flirt n’avait duré qu’une semaine. J’étais dévastée, inconsolable et dans une colère terrible, mais lorsqu’elle le laissa tomber pour un autre, je finis par lui pardonner. Désormais, c’est lui qui me repoussait, car il n’avait pas encore compris ce qui avait brisé notre amitié.

Depuis, j’arpentais la forêt dans ma solitude. Je profitais des parfums, de la beauté forestière, des fruits que Primaceton pouvait m’offrir. Les gamins plus jeunes m’avaient surnommée « La Sauvageonne », à raison d’ailleurs. Mes longs cheveux noirs toujours ébouriffés provoquaient la honte de ma mère et ma manière de me vêtir ne lui donnait pas plus de fierté. Je portais la plupart du temps un T-shirt tout simple, un vieux jean, ou même un short, comme ce jour-là. Je n’étais pas malheureuse et je vivais ma vie comme bon me semblait.

Toute à ces pensées, je dus finir par m’endormir au pied du noyer. Dans mon rêve, Romane apparaissait dans la clairière. Les yeux fermés, je pouvais la voir, se promenant là, par hasard, dans une jolie robe printanière. Je me levais et me dirigeais vers elle, le sourire aux lèvres. Elle aussi me souriait et s’approchait de moi, se penchait vers mon oreille et murmurait tout bas
– Margaux, je suis amoureuse de toi.
– Oh ! Romane, si tu savais depuis combien de temps j’attends ce moment ! (on pourra juger de ma niaiserie).
Mes bras l’enlaçaient, je m’emplissais les narines de son parfum, celui des violettes jonchant le sol de la clairière. Puis nous nous embrassions, timidement sur les joues d’abord, puis nos bouches se rencontraient. Non content d’avoir leur odeur, sa peau avait le goût des petites fleurs. Sentant la douce tiédeur son corps contre le mien, j’étais submergée par une vague de chaleur. Je rêvais que nous nous étreignions aussi fort que l’amour seul peut le faire, et me laissais emporter par ce tourbillon incroyable de sensations et de sentiments.

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Rollinni Thomas
Rollinni Thomas
2 années il y a

Une histoire qui débute bien, on plonge rapidement dans l’univers. Vivement la suite.

Delacourt Claudia
Delacourt Claudia
2 années il y a

J’aime beaucoup l’histoire et j’ai hâte de lire la suite.

Marco O' Chapeau
1 année il y a

Une histoire agréable à lire et pleine de vie, d’émotions et de ressentis. Bien sympa.
Un moment tu as écrit "Cela se sentait à tous niveaux" je ne sais pas si "Cela se ressentait à tous niveaux" ne serait pas mieux adapté pour la lecture.
Et je pense que tu as une petite faute "je jouai des coudes", car tu es à l’imparfait, "je jouais…" ?. En tous les cas ce 1er écrit démarre bien et est prometteur. Bravo.

Marco O' Chapeau
1 année il y a

Pour le plus que parfait, j’ai cru lire plusieurs fois qu’il valait mieux limiter les temps du passé pour la narration. Ici un exemple qui en parle : https://www.plume-escampette.com/quel-temps-utiliser-pour-narrer/

Marco O' Chapeau
1 année il y a

Tu me parles de toi ici et c’est plutôt sympa pour moi. C’est vrai aussi que deux sens y sont posssibles C’est tjrs aux auteur(e).s et aux éditeurs de faire leurs choix…

Marco O' Chapeau
1 année il y a

Oui c’est bien de pouvoir recevoir des avis, plusieurs avis. (un petit mot pour dire aussi que je suis revenu ci-dessous pour modifier légèrement mon commentaire.) Moi je fais appel à des bêtas-lectrices profs., connues au départ sur le site 5euros.com. Donc abordables niveau coût. Je ne pense pas que ce soit raisonnable de penser à me faire éditer aujourd’hui, j’ai trop d’améliorations à apporter à mon écriture. Alors pour des ambitions profs. où il s’agit encore d’un niveau bien au dessus, là je n’y ai jamais vraiment songé. Je ne suis pas tjrs d’accord avec la relectrice à qui je fais le plus souvent appel. Parfois lorsque plusieurs se penchent sur le même texte, leurs avis peuvent être contradictoires. Toutefois j’apprends énormément avec elles, ce qui me permets, je pense, des progrès plus rapides. En général les retours m’apportent beaucoup et bien souvent des points que je n’avais pas vus. J’aimerai bien un jour être retenu pour la publication de certains textes. Je pense à un recueil… de petits textes, petites nouvelles.

Marco O' Chapeau
1 année il y a

Merci beaucoup, . Ce genre de retour fait bien plaisir. On m’a souvent dit que je faisais de la poésie. Qqun qui compte pour toi m’a même dit un peu qq chose comme "tu dégages bcp de poésie, et même à ton insu." Ton roman, je pense que c’est un roman, démarre vraiment bien. Il est agréable à lire, il dégage des valeurs d’altruisme, d’humanité et on a envie de savoir ce qui va se passer, arriver à ton héroïne. Une personne m’a dit que pour réussir dans l’art il fallait bcp d’humanité…

Mc Hado Curly
1 année il y a

Je découvre tout juste ton personnage et son environnement et ça me plaît beaucoup. Hâte d’avancer dans le récit quand j’en aurais le temps. Je te suis avec plaisir!

debue antony
1 année il y a

Très bon premier chapitre qui nous introduit très rapidement et agréablement dans ton univers. je profiterais de mes vacances pour continuer les autres chapitres

AGREGAN Nadège
1 année il y a

Je viens de découvrir le premier chapitre de ton livre en lisant un commentaire que tu as laissé sur un texte dans lequel tu dis avoir écrit l’épilogue de ton livre. Je me suis empressée de trouver ton écrit !!
Je trouve ce premier chapitre très accrocheur. Ca me donne envie de lire la suite pour savoir ce qui va arriver à Margaux !

Line Cora
Line Cora
1 année il y a

J’aime beaucoup le début de ce livre d’un genre Young Adult empli de fraîcheur. Je poursuivrai avec plaisir ma lecture ! Merci

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