Les quatre hommes regardèrent silencieusement la fille qui se tenait là, debout au bord de la terrasse. Elle regardait au loin d’un air si intense qu’elle semblait essayer de distinguer l’horizon, mais le ciel et la terre ce mêlaient dans cette nuit sans lumière. Ses cheveux noirs volaient derrière elle, sa robe se détachait doucement de ses jambes, puis retombait délicatement sur elles. Alors, elle se retourna. Ses yeux luisirent dans la pénombre, sa peau produisait un reflet blanchâtre dans l’obscurité. Ce n’était plus une enfant faible, victimisée et mal dans sa peau, craintive et intimidée. C’était là une enfant fragile mais déterminée, frêle mais forte. Une puissance étrange se dégageait d’elle et imposait inexplicablement le respect. Tout était différent, alors que rien n’avait changé. C’était juste comme si quelqu’un ou quelque chose avait allumé une étincelle dans ses yeux, une flamme qui brûlait à présent en elle. À ce moment, les quatre compagnons qui l’observaient silencieusement se rappelèrent qu’ils ne savaient rien d’elle, mais bizarrement ils devinèrent qu’elle leur avait caché beaucoup. À regarder Lucie, on devinait un passé exceptionnel, inoubliable. Alors, ils furent avide de connaître son histoire. Mais aucun ne posa de question, car tous avaient deviné que l’heure était venue.
La jeune fille se retourna, et aperçut ses amis du coin de l’œil. Elle s’avança rapidement vers eux.
Bonsoir, vous ne dormez pas ?
Non, répondit Faramir, toi non plus.