NEUF — SÉBASTIEN
– Eh ben alors Lusset, tu ne m’as toujours pas trouvé le dossier 911 ? me demanda M. Garet. M. Stern le demande, et on ne fait pas attendre le directeur !
– Non monsieur, je crois qu’il a été numérisé puis détruit. Et je n’ai pas accès au dossiers numériques, car vous n’avez pas confiance en moi.
– Ah oui. Il faudra que j’en parle à Jérôme.
Je hochai la tête et il partit.
Je détestai mon travail. Mon chef me méprisait, il ne m’avait embauché que parce que mon dossier faisait pitié et qu’il aimait mépriser les gens comme moi, qui était obligé de supplier.
Je n’avais rien dit à Alexandre. Je ne voulais pas qu’il se mettent en tête de me trouver un meilleur poste.
Depuis la mort atroce de nos parents, je devais m’occuper de lui, de la maison, de l’argent, de tout ! Je n’en pouvais plus. Je ne dormais presque plus, entre les cauchemars de mon passé et de mon avenir. L’alcool m’aidait à tenir le coup, l’idée d’un verre de whisky me remontait le morale et j’en oubliais presque le regard dédaigneux de M. Gadert, mon chef, il n’était pas le chef de l’entreprise mais M. Stern lui avait demander de trouver un secrétaire et de s’en occuper.
Mon téléphone vibra. C’était Alexandre, il s’était passé quelque chose. Je ne pourrai donc pas passer ma soirée dans l’alcool. Je soupirai.
Dès que ma journée fut fini, je rentrai à la maison. Peut-être que si ce n’était pas trop grave, je pourrai aller au bar ensuite. Mais Alexandre ne m’appelait jamais sans une bonne raison alors je n’avais pas trop d’espoir.
Je ne m’étais pas trompé. Il était prostré sur le canapé, les yeux dans le vague.
– Alors, qu’est-ce qui s’est passé ? Samuel t’a encore provoqué ?
Il me regarda. Je n’avais pas vu une telle détresse dans son regard depuis plusieurs années. Cela m’alarma, je m’assit à son côté.
– Je me suis endormi en maths, murmura-t-il.
Je le sentais venir. Il avait fait un cauchemar et il avait péter les plombs. Mais je ne dit rien, j’attendais qu’il continue de lui-même.
– J’ai fait un cauchemar…
Gagné !
– Mais ce n’était pas comme d’habitude…
Ah. Je ne l’avais pas vu venir celle-là.
– L’homme… il avait tué papa et maman comme d’habitude…
Je grimaçai. Oui, comme d’habitude. Je faisais aussi ce genre de cauchemars.
– Mais après… il a tué une troisième personne. C’était ma voisine de maths, Maëlle.
Effectivement, ce n’était pas comme d’habitude.
– Ah oui, tu m’as déjà parlé d’elle. Souvent, en fait, remarquai-je après un silence.
Je crois que j’avais compris sa situation quelque peu ironique. Je savais qu’il lui arrivait parfois de rêver de mon cadavre. Dans ses cauchemars, tous les êtres qui lui étaient chers mourraient de la même façon que nos parents.
– Je ne comprends pas pourquoi j’ai rêvé d’elle, dit-il.
Je lisais dans ses yeux que lui aussi avait compris mais que cela l’effrayait. Je devais le dire pour qu’il affronte la réalité.
– Petit frère, je crois bien que tu es tombé amoureux.