Cauchemar – 27

3 mins

                           VINGT-ET-UN — ALEXANDRE (suite)

 La table de la salle-à-manger était très belle, elle était rectangulaire et une belle nappe blanche la recouvrait. Tout dans la maison, montrait la richesse de la famille.

 Maëlle m’avait prévenu que les places à tables étaient très importantes. Madame présidait la table, Monsieur lui faisait face et les enfants de chaque côté. J’avais été placé à côté de Nathan.

 Une fois que tout le monde fut installé, une femme, qui était la dame à tout faire, apporta l’entrée. C’était une salade de thon. Je n’aimais pas ça, car la texture spongieuse du thon m’écœurait, mais je mangeai tout. Mme Stern faisait la conversation, elle parlait de mode et d’argent.

 Le plat principal était… un mouton entier ! Avec des pommes de terre. Je mangeai avec appétit.

 Enfin, Mme Stern m’adressa la parole.

 – Dis-moi Alexandre, que font tes parents dans la vie ?

 Aïe ! Question difficile. Maëlle m’avait conseillé de mentir le moins possible, mais maintenant que je savais que l’assassin de mes parents était présent je préférais mentir pour qu’il ne se doute de rien. Je croisai le regard de Maëlle pour me donner du courage et pour la prévenir que je n’allais pas suivre le plan.

 – Ils sont morts dans un accident de voiture, la semaine dernière.

 – Oh ! Vraiment ? Je suis désolée.

 Elle ne semblait vraiment pas s’attendre à cette réponse. Maëlle me lança un regard étrange, étonnée de ma brusquerie.

 – Oui, c’est assez horrible, répondis-je, en feignant de l’ignorer. C’est pour cela que je me retrouve à la rue si rapidement, ils n’étaient pas très riches.

 – Ah. Je vois. Tu n’as pas d’autres familles ?

 Je jetai un bref regard à M. Stern, mon oncle.

 – Non, dis-je tout de même. Ils étaient tous deux enfants uniques et mes grand-parents sont morts.

 – Ah. D’accord. C’est pour cela que tu nous demandes de l’aide.

 – Oui. Si ma situation n’était pas si soudaine, je ne permettrai pas.

 – Évidemment.

 La conversation continua sans revenir à moi. Ce qui m’arrangeait. Je sentais le regard inquisiteur de Maëlle, elle se demandait pourquoi j’avais menti, mais je ne pourrais pas lui dire. Annoncer à son amie que son père était un meurtrier n’était pas la meilleure chose à faire. Il faudrait que je lui mente, même si j’y répugnais.

 Le reste du repas se passa sans problème. Le dessert était une tarte à la framboise, fabuleusement bonne. Apparemment, je n’étais pas le seul à apprécier le dessert, Nathan se resservi trois fois et il avait de la framboise tout autour de sa bouche. Mme Stern le réprimanda, mais il sourit et me jeta un regard complice.

 Comme Maëlle l’avait prévue, nous passâmes au salon. C’était une salle adjacente à la salle-à-manger, elle était plutôt spacieuse, il y avait deux canapés l’un en face de l’autre séparé d’une table basse avec deux fauteuils sur les côtés à droite de la salle et un autre canapé entouré de fauteuil en face d’une énorme télévision à gauche. Les canapés et fauteuils étaient de couleurs grises ou noires et la table était en verre.

 La dame à tout faire nous demanda ce qui nous ferait plaisir. M. Stern prit un café, Mme Stern, Maëlle et moi prîmes un thé, et Nathan fit un signe qui signifiait apparemment : « comme d’habitude ».

 Dès que tout le monde fut servi (le « comme d’habitude » du gamin était une limonade), la vraie conversation débuta.

 – Bon, dis-moi Alexandre, commença la mère, tu n’as pas de frères et sœurs ?

 – Non.

 Ma réponse brusque les surprit et je me rattrapai :

 – Non, mes parents ne pouvaient pas se le permettre économiquement parlant.

 – Ah oui, évidemment. Tu es un bon élève ?

 Son changement de sujet brutal me déstabilisa, mais Maëlle me jeta un regard encourageant : « C’est normal, elle te teste ». Alors je répondis avec aplomb :

 – Oui. Je ne suis pas le meilleur de la classe, mais mes notes sont respectables.

 Mme Stern hocha la tête, approbatrice.

 – Comment es-tu devenu ami avec Maëlle ?

 – J’ai déménagé récemment, car mes parents ne pouvaient pas payer le loyer de l’appartement où l’on résidait et ils en ont loué un plus petit et moins cher, ici. J’étais donc nouveau dans la classe de Maëlle et… vous savez, l’amitié, on ne sait pas trop comment ça fonctionne.

 – Oui, j’imagine. Tu sais ma sœur, la directrice du collège m’a parlé de toi.

 Je me raidis. La directrice savait que mes parents étaient morts il y a longtemps et que j’avais un frère, se pouvait-il qu’elle l’ait dit à la mère de Maëlle.

 – Vraiment ? dis-je simplement.

 – Oui. Selon elle, tu es un garçon… étrange.

 Je croisai son regard. Elle savait, mais elle ne dirait rien. Elle comprenait, comme la directrice. Mais elle se demandait pourquoi j’avais menti, elle ne le saura jamais. 

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