Pourquoi Paris ? Je me suis posé cette question aujourd’hui.
Une question qu’on m’a posée à de maintes reprises, sous de nombreuses formes qui bien qu’elles différaient sur la forme, se rejoignaient sur le fonds.
J’avais toujours répondu machinalement, régurgitant des phrases destinées aux touristes : « il y’a tellement de choses à faire », « il y’a des endroits fantastiques », « Tu fais de super rencontres » … Autant de phrases qui bien que vraies dans l’absolue, ne sont que des coquilles vides, et qui pourraient être appliqués à la plupart des villes.
Aujourd’hui, ce fut différent.
Ayant mis un pied dans la vie professionnelle, je me suis mis à faire face à des situations qui, il y’a seulement 6 mois de ça, semblaient appartenir à un futur très lointain. J’avais déjà fait des stages, mais ils étaient courts, avec peu de responsabilité, plus proches de l’observation de la vie active à travers une écran qu’une véritable expérience professionnalisante.
Or maintenant, il ne s’agit plus d’être seulement spectateur de l’effort, il faut y contribuer. Mais ce n’est pas sur cet aspect que je vais m’attarder, je vais prendre son versant : La vie sociale.
J’avais prévu d’aller boire un verre en sortant du travail, avec des amis que je n’avais pas vu depuis longtemps. Une idée qui ne m’enchantait pas spécialement, il s’agissait in fine de retrouver des amis perdus de vue, afin de certes passer un bon moment, mais surtout de raviver les flammes ou plutôt les braises de nos amitiés respectives.
Après une longue journée de travail, et après avoir hésité de nombreuses fois à annuler, je suis arrivé à Richard Lenoir.
Et je n’ai trouvé personne.
Progressivement, les annulations commencèrent à arriver, proposant de se voir un autre jour, avançant des justifications plus ou moins vraisemblables. Et finalement, je compris à demi-mot qu’où je voyais des braises, il n’y avait plus que des cendres.
Seul, sur un banc, au milieu de mes souvenirs, je pensais à la vie que je menais et j’observais les gens qui se déplaçaient devant mes yeux. Ceux qui erraient comme ceux qui se précipitaient. Sur un coup de tête, je pris la décision de me promener, sans musique, sans regarder mon téléphone dans les rues de Paris jusqu’à la prochaine station de métro que je croiserais sur mon chemin.
De m’imprégner et de ressentir ce qui me faisait vibrer quand je venais d’avoir mon bac il y a près de 6 ans.
Et, au fil de ma marche, j’ai réalisé deux choses :
• Marcher sans directions précises et espérer trouver assez rapidement une bouche de métro est plus difficile qu’on ne le pense
• Et que je n’étais pas amoureux de la ville, j’étais amoureux de mes 18 ans.
J’étais amoureux de mon indépendance nouvellement acquise. J’avais rompu avec le cocon familial et je m’étais épanoui dans cette rupture.
J’étais amoureux de ces soirées en appartement où je rencontrais du monde, je sociabilisais avec des gens de tous horizons, parce j’avais un cercle d’amis à reconstruire.
J’étais amoureux de mes premiers amours qui étaient plus complexes et plus intenses que toutes les amourettes de lycée. Mais infiniment plus simples que ceux je vis maintenant. Où on se projetait, et imaginait sans jamais savoir ou comprendre ce qui nous attendait.
Je disais aimer Paris mais j’aimais un tableau où Paris n’était que l’arrière-plan, un cadre magnifique pour des aventures qui aurait pu se passer à Lyon, à Toulouse ou à Zurich.
En somme, je ne suis plus amoureux de Paris, je l’apprécie juste, malgré ses défauts. Pour l’aimer de nouveau, il faudrait que je tourne le dos au passé, et que je me mette en quête de nouvelles aventures à vivre dans ses rues.