Je me souviens d’avoir dormi chez mes grands-parents à Villiers le Bel. Je devais avoir 6 ou 7 ans.
Je me souviens du bruit des avions qui décollent. Je me souviens de l’odeur du bois du buffet et des couvertures.
Je dormais dans la chambre du fond avec ma sœur. Avant d’aller nous coucher, nous regardions la télé dans la chambre d’à côté. Mes grands-parents jouaient au rami avec leurs amis. Un gros tas de manteaux recouvrait le lit.
La chaleur intérieure contrastait un froid hivernal. Les arbres de l’allée, que j’apercevais par la fenêtre surplombant le balcon, étaient nus. Ils tremblaient de froid.
Dehors, l’odeur était mêlée : pot d’échappement, nourriture africaine des voisins du rez-de-chaussée, herbe fraîche, crotte de chien, café crème, saucisson sec.
La nuit, les avions affichaient des lumières rouges et dorés. Ils laissaient derrière eux des traces de blanchâtre de kérosène consumé.
Dedans, un parfum singulier, familier, chaleureux et doux, de café au lait et d’omelette aux pommes de terre, remplissait la chambre.
La pièce était carrée, et étroite. Il y avait deux lits simples, un à gauche et un à droite. Sur chaque lit, des couvertures étaient disposées. Je me souviens du sol noir : de larges carreaux de lino au motif marbré, comme si des traces de fumée blanche étaient venues s’incruster dans la matière. Sur les murs, le papier-peint, certainement d’origine était blanc avec des dessins bleus ; je crois bien que c’était des petites fleurs.