La porte est fermée. D’un rouge cerise, sa surface est lisse. La matière est comme laquée : il s’agit probablement de plastique ou bien de mélaminé largement verni. Au touché, elle est douce et froide. Sur la gauche et en son centre, une poignée métallique peinte d’un noir profond, parfaitement ronde, est percée dans la matière. Juste au-dessous, une serrure tout aussi noire, attend une clé en forme de S. Lorsqu’on descend le regard, dans la lignée de la serrure, un trait en demi-lune, comme une trace d’ongle, distingue cette porte de son moule industriel.
Quand j’entre, un couloir design, blanc et mat, m’accueille froidement. Trois cadres carrés parfaitement équidistants, servent de décoration : l’un rouge, l’un noir, l’un blanc. En avançant, je tombe sur une autre porte, coulissante cette fois, toute blanche et laquée, sans poignée et sans serrure. Je l’entrouvre avec mon pouce.
Derrière il y a une salle à manger. J’aperçois un canapé en velours vert bouteille, une table basse en bois blanc sur un tapis tressé en coco.
Un allogène sans ampoule regarde un lecteur de revue, posé là, sur la gauche du sofa. Je n’arrive pas à discerner ce qu’il lit : la couverture du magazine est sombre et dégradée et des caractères illisibles prennent la place du titre. En entrant dans la pièce, j’ai pensé avoir dérangé l’homme qui semble sérieux et concentré. Mais il demeure imperturbable, immobile et figé. Il porte des lunettes rondes et noires sur un visage inanimé.
Derrière lui, une porte en bois, peinte du même vert que le canapé, est complètement ouverte. Je vois qu’un lit double supporte une épaisse couverture style Shabby, ornée de fleurs blanches brodées. Quelqu’un dort sur ce lit : j’aperçois sa tête, à droite, tout près d’une table de chevet blanche. Je lui reconnais les traits d’une femme, tant ses cils sont longs et sa chevelure dense et brune, ondule sur l’oreiller. Elle sommeille si bien qu’elle semble appartenir au décor.
Je me demande ce que je vais pouvoir faire ici. Il n’y a plus de porte après cette pièce, c’est sans issue. Je me retrouve entre ses quatre derniers murs, un peu perplexe. Je sens que l’on m’observe de part et d’autre : cela ne m’amuse pas.
Je décide, sur un coup de tête, de partir de cet endroit qui finalement ne m’inspire pas. Inutile de faire le chemin à l’envers, cette maison m’a donné le tournis et ses habitants sont sans vie.
Je regarde autour de moi et saisis la télécommande de ma Wii : j’en ai assez de jouer avec cette maison de poupée !
J’aime bien, il y a un univers, l’écriture est belle, on reste accroché pour connaitre la fin qui est parfaite pour une nouvelle. On ne s’y attend pas.
Merci beaucoup @Henri Defrance