Sombre banquet.

2 mins

La lune de sang colorait de rose les longs lambeaux de brume qui s’accrochaient nonchalamment aux épines des rosiers redevenus sauvages et qui poussaient, de leurs racines, les pierres des tombes du vieux cimetière.
Dans le lointain, un oiseau de mauvaise augure poussa son cri plaintif avant de s’envoler lourdement pour se poser, affamé, sur la plus haute croix brisée des lieux.  
Il était l’heure, il le savait, l’heure où les résidents des lieux allaient sortir danser sous la lune …

Minuit sonna à un lointain clocher, vite couvert par le son mélodieux d’un violon maudit.
Sur plusieurs dalles avaient été posé un sac de toile gémissant et gigotant doucement.

La maîtresse de cérémonie arriva alors, longue et fine silhouette gainée de cuir noir, de longs cheveux de jais entourant un fin visage pâle où brillaient deux yeux de feu sombre.
Un sourire étira ses fines lèvres, découvrant de longues canines pointues en un sourire carnassier.
D’une démarche féline, elle s’approcha de l’un des sacs et y plongea une pâle main aux ongles acérés pour en ressortir une petite proie gémissante qu’elle leva par la jambe haut à la lune.

« Mes frères et soeurs, la lune de sang s’est levée, il est temps pour vous de profiter de cette nuit particulière. »

Un grand loup noir se profila dans l’ombre, venant doucement frôler les jambes de sa maîtresse, sachant que bientôt, lui aussi pourrait se régaler de l’inestimable festin.

De la pointe d’un ongle, elle entailla le cou de sa proie et, après avoir recueilli de la pointe de la langue une partie du précieux liquide nourricier, elle laissa le reste se répandre sur la terre, nourrissant le sol maudit de sa vigueur, avant de laisser au loup affamé la carcasse vidée.

Des silhouettes fantomatiques, presque décharnées et transparentes apparurent alors, sortant de leur sac les petites créatures pleurantes et, avec des gestes presque d’amour, elles se nourrirent de leurs sèves vitales …
Le violon joua tout le reste de la nuit, faisant danser et faisant rêver les anciens qui avaient choisi de passer le reste de l’éternité dans les ombres froides du petit cimetière.

Un coq chanta dans le lointain, il était temps pour les convives de partir se reposer jusqu’au prochain banquet.
La maîtresse des lieux les salua tous avec déférence et attendit que le dernier d’entre eux se fut recoucher.
Elle fit un signe à la jeune violoniste qu’elle pouvait s’arrêter et laissa aux oiseaux et autres petits animaux charognards le soin de nettoyer les reliefs du repas avant de s’éloigner de sa démarche gracieuse, suivie de son loup au pelage de nuit.

No account yet? Register

2 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
O. DeJavel
2 années il y a

Un vrai moment de cimetière comme on les aime !

ccccccccccccc bbbbbbb
1 année il y a

Superbement écrit, presque cinématographique.
J’ai bien vérifié que ma géolocalisation était bloquée, mais pas sûr que je vais dormir.

Lire

Plonge dans un océan de mots, explore des mondes imaginaires et découvre des histoires captivantes qui éveilleront ton esprit. Laisse la magie des pages t’emporter vers des horizons infinis de connaissances et d’émotions.

Écrire

Libère ta créativité, exprime tes pensées les plus profondes et donne vie à tes idées. Avec WikiPen, ta plume devient une baguette magique, te permettant de créer des univers uniques et de partager ta voix avec le monde.

Intéragir

Connecte-toi avec une communauté de passionnés, échange des idées, reçois des commentaires constructifs et partage tes impressions.

2
0
Exprimez-vous dans les commentairesx