Voilà l’été.

L’été …
Voici l’époque de l’année où les humains fuient les villes comme les rats fuient le navire à l’approche de la tempête.

Perchée au sommet de la haute tour, dominant la plage et la mer, je regarde d’un œil désabusé cette faune encore à moitié nue malgré que le soleil se soit déjà noyé dans les vagues mousseuses.
Une lune ronde et orange comme la lave des Enfers monte lentement derrière les hauts sapins. L’astre nocturne ne se montrera pas longtemps en ces nuits de chaleur, juste quelques heures avant qu’elle n’aille s’éteindre, elle aussi, dans les flots mouvants.

J’aime l’été …
La nuit à peine tombée, la musique retentit sous les flashs artificiels et colorés.  Les corps à moitié nus se meuvent en rythme, chantant et dansant … enfin c’est ainsi qu’ils appellent ça.
L’alcool coule à flots, les cigarettes s’échangent de lèvres en lèvres … Bientôt ils ne seront plus capables de se défendre, de fuir devant la menace.

Les couples se forment, s’éloignent du groupe, s’accouplant telles des bêtes, à même le sable, puis s’endorment, abrutis de perversions.
Un petit sifflement, imperceptible pour l’oreille humaine, et mes enfants s’approchent, silencieux et affamés.
Je glisse lentement de mon poste d’observation et atterris silencieusement dans le sable.  J’ai repéré ma proie, une femelle blonde et charnue, au corps doré et à l’odeur appétissante.
Elle dort sur le sable, elle n’a même pas prit la peine de se revêtir … Son corps parfait va être à moi pour toute la nuit …

Mes enfants, eux aussi, se sont jetés sur eux, avec avidité et ténacité, choisissant les endormis, les isolés.
Au levé du soleil nous aurons tous disparut, portés par le doux zéphyr, loin de cette plage.

Au petit matin, les corps meurtris et les âmes vidées, ils se rendront compte de l’horreur que nous sommes et un cri, un seul, poussé par toutes ces voix en un seul chœur, traversera la plage …

« Putains de moustiques ! »