Dis Papy, depuis là où je suis, on voit tout plein d’étoiles,
Malgré qu’on soit couverts par une nuée de toiles,
Le ciel est si beau ! Oh oui, si seulement tu savais…
J’ai presque l’impression d’être en train de m’égarer dans la Voie Lactée.
Dis, Papy, tes arbres sont drôlement verts cette année.
Dire qu’ils avaient pas fière allure, l’été dernier,
Je ne peux pas cacher mon émotion face à leur ressucitation,
Comme quoi il ne faut jamais perdre espoir, comme dit la citation.
Dis Papy, tu as vu la mer ? La plage est toujours aussi pleine d’algues mortes,
Il y a toujours le même tracteur qui fume noir sur les porches de porte,
Les mêmes gens qui râlent au bar juste après, les mêmes fanatiques de la rame,
Il y a encore les mêmes petits génies que tu me faisais miroiter, et puis ceux qui paraissent toujours sévèrement ramer.
Dis Papy, pourquoi mes joues sont à présent comme un torrent,
Pourquoi tu ne discutes plus avec moi autant qu’avant ?
Pourquoi les gens sont vêtus de noir, et pourquoi Papa pleure ?
Dis, Papy, est-ce que c’est ça, le ”elle va venir, mon heure”?
Dis, Papy, où es-tu allé ?
Est-ce que tu serais enfin parti voyager,
Au Japon voir le lac Suwa comme tu le souhaitais,
Ou alors dans un coin secret que tu nous aurais dissimulé?
Papy, mais quels sont donc tes secrets ?
Pourquoi tu fais pleurer Papa adoré ?
Est-ce que vous vous êtes encore disputés ?
Est-ce que tu lui as encore crié que ”t’es pas not’ fils j’t’ai adopté !!” ?
Dis, Papy, je crois que j’en ai bien assez dis,
Mais maintenant, je regrette encore mardi,
Quand tu étais encore là pour me raconter l’Algérie et tous tes amis,
Quand tu me faisais voir les grands feux rouges de la guerre,
Avec tes petits yeux qui ne voyaient guère,
Quand tu me racontais comment tu avais rencontré Mamie…
–Oui, dis-moi Papy, pourquoi t’es parti ?
Très joli texte, il m’a beaucoup émue. Merci.
Beaucoup de tendresse