Renard un jour dans les bois,
Y croise son vieil ami Trikua,
Un Sage hérisson vivant là.
Quand Juna s’enquérit des humeurs du Sage,
Celui-ci répond n’aller bien que sous la pluie.
Mais c’est l’été, dans quel univers Trikua vit ?
Alors, à sa question, le Sage répond:
“Mon enfant, la pluie ne vient pas que des nuages,
Et je tendais la perche en pensant que tu la mordrais.
Juna, qui a décidé que l’eau ne pourrait pas tomber l’été ?”
Ce à quoi, le jeune s’exclame qu’il n’a plu l’été
Qu’à l’époque du vieil âne Malthésée,
Et que la Terre, depuis, ne pouvait plus enfanter
De pluie, qu’une fois le soleil sous les nuages noyé.
Alors Trikua se prend d’un fou rire, et
Au regard perdu de son ami, déclare
”Tout se joue dans notre perception.
Qui te dit que l’eau vient toujours du ciel ?”
”Mais la pluie doit bien tomber de quelque part ?!
Je ne comprends plus, Trikua, où tu en viens,
J’ai l’impression que tu te moques de moi, l’Ancien !”
”Pourquoi, de l’olivier, tire-on de bonnes baguettes de sourciers ?”
”Je n’en sais rien, Maître, et je ne vois pas où vous en venez.”
”La solution est dans la flexibilité, mon petit, si tu réfléchissais.”
Renard interloqué regarde l’Ancien baragouiner,
Et le Sage d’expliquer:
”Si tu vis trop rigide, tu ne trouveras jamais la source qui te nourrit,
Et de la soif, tu finiras bientôt abruti et décrépi.”
En conséquence, au lieu de croire que tout sera toujours vrai,
Il est bien plus intéressant pour ton Âme de tout chambouler.
Et quand il s’agit d’admettre s’être trompé,
Rien ne sert d’être rigide; c’est même insensé,
Car c’est du temps perdu que de ne pas tout repenser.
Une jolie fable !