Brûlure – Prologue

3 mins

16 Juin 2009

La nuit s’annonçait encore chaude en ce mois de juin. Comme à son habitude, Christianne s’était installée sur le petit canapé miteux, près de la fenêtre ouverte, là où le soir une légère brise soufflait pour rafraîchir l’atmosphère. Allongé à ses côtés, sa fille, Nathalie poings fermés, la tête posée sur ses cuisses. Cet enfant était ce qu’elle avait de plus précieux au monde. Même si elle avait un toit, Christianne ne supporter pas de la faire vivre dans ces conditions.

Cela faisait 2 ans qu’elle occupait cet appartement miteux. Avant, elle s’installait dans des maisons abandonnées jusqu’à se faire virer. C’est dans son dernier abri de fortune qu’elle était tombée sur un homme qui l’avait prise en pitié. Il lui avait offert un toit, un deux pièces avec de l’eau, de l’électricité et un peu de nourriture, en échange de son corps, quand ils le souhaitaient. Aussi rudimentaire que soit cet appartement, cet arrangement ne la gênait pas, tant qu’elle pouvait mettre ses enfants en sécurité.

Cependant, depuis quelque temps, elle avait remarqué le regard qu’avait cet homme sur sa fille. Elle commençait tout juste à grandir, et lui ressemblait de plus en plus. Elle ne pouvait pas prendre le risque qui lui arrive quelque chose. C’est ce qui l’avait décidé à reprendre contact avec sa famille.

Elle se pencha légèrement vers l’avant pour attraper le bloc note et le stylo posé sur la petite table basse, qui leur servait aussi de table à manger. Cela eu pour effet de faire gémir Nathalie et un sourire attendrit fendit les lèvres de Christianne. Elle se positionna de manière à ne pas gêner sa fille et commença à écrire :

« Chère… »

Oui, mais chère qui ? A qui pouvait elle envoyer cette lettre ? A sa mère ? Elle avait dû tant lui en vouloir d’être partie, sans rien dire, plusieurs années auparavant. Moro ? Sa sœur ne l’avait jamais supportée, elle en était sûre. Moro qui devait s’occuper de gérer ses crises, à en devenir folle, au point de l’enfermer dans la chambre noire. Christianne frissonna à cette pensée : elle avait passée tellement d’heure enfermée par son père dans cette chambre, frappée jusqu’à en perdre conscience, quand elle devenait incontrôlable. Elle posa un instant ses doigts sur son œil droit, aveugle, y sentit les cicatrices de la brulure tout autour. Elle retira sa main et laisser sa longue mèche le recouvrir entièrement.

Et les jumelles, Ania et Karine jr ? Quand elle était partie, les filles n’avait que 8 ans et depuis, 18 années s’était écoulées. Elles devaient être devenues de belles jeunes femmes à présent. Mais Ania lui avait-elle pardonnée ce qu’elle lui avait fait alors qu’elle n’était qu’un bébé ?

Elle avait tant de questions à poser à ses sœurs… Quel avait été leur avenir ? Avaient-elles eu des enfants ? Elles lui manquaient tant.

Christianne décida qu’elle leur écrirait à toutes et enverrait la lettre à l’adresse où elle avait vécu. Avec un peu de chance, quelqu’un y habitait encore. Elle l’espérait, car le temps lui manquait cruellement…

Elle recommença à écrire :

« Chères sœurs, chère mère, 

Voilà maintenant 18 ans que je me suis enfuit de la maison. Je veux que vous sachiez que je ne vous ai pas abandonnées, mais je devais vous mettre à l’abri de moi. Chaque nouvelle crise devenant pire que la précédente. Mais aujourd’hui, elles sont de moins en moins fréquentes, et j’en ai plus de maitrise. C’est pour cela que j’aimerais reprendre contact chacune d’entre vous. J’ai tellement de chose à vous dire et vous demander. Et je souhaiterais présenter mes enfants, Lirius et Nathalie, qui aura 7 ans le 3 Juillet. 

Je vous laisse un plan pour venir me rejoindre si vous le voulez. Je ne vous ai jamais oubliés et j’espère vous revoir toutes les quatre. 

J’ai besoin de vous… 

Avec amour, votre sœur, Christianne » 

Elle sortit l’enveloppe de sous le bloc note, et y glissa la feuille pliée en trois. Elle y ajouta un plan de la zone sur lequel elle avait, au préalable, entouré l’appartement où elle vivait et annoté « 3eme étage » avant de fermer le tout. Elle posa la lettre sur la table, avec pour objectif de la poster le lendemain. 

Après avoir caressé tendrement les longs cheveux noirsde sa fille, elle lui releva la tête pour la poser délicatement sur le canapéafin de se lever. Elle s’étira, fatiguée et prit Nathalie dans ses bras, nonsans un gémissement de protestation de sa part, pour l’emmener dans la chambre.Sur un matelas à même le sol, Liruis dormait déjà, dos à la porte. Elle posaNathalie contre lui et s’installa derrière, de façon à les envelopper tous lesdeux. Après une caresse sur les cheveux de Lirius, elle s’endormitpaisiblement, en pensant aux retrouvailles avec ses sœurs. 

No account yet? Register

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Lire

Plonge dans un océan de mots, explore des mondes imaginaires et découvre des histoires captivantes qui éveilleront ton esprit. Laisse la magie des pages t’emporter vers des horizons infinis de connaissances et d’émotions.

Écrire

Libère ta créativité, exprime tes pensées les plus profondes et donne vie à tes idées. Avec WikiPen, ta plume devient une baguette magique, te permettant de créer des univers uniques et de partager ta voix avec le monde.

Intéragir

Connecte-toi avec une communauté de passionnés, échange des idées, reçois des commentaires constructifs et partage tes impressions.

0
Exprimez-vous dans les commentairesx