Tout juste une demie heure en arrière,
je distinguais, assise sur un banc,
une jeune tulipe de vingt ans,
semblant bien occupé à ne rien faire.
Soudain, son regard tissa la Grande Ourse
jusqu’au fin fond de mes yeux lessivés.
Alors l’horloge inarrêtable en vrai
se plu à changer le sens de sa course.
Par cette attrayante rousse cuivrée,
mon esprit, de force, fût pénétré,
dans l’unique projet d’être abattu
au moyen d’une époque révolue.
Un épais brouillard affronta ma vue,
m’offrant un paysage tout en gris.
Puis, il retira son brumeux treillis,
me laissant en un lieu non inconnu.
En effet, me voilà donc replongé,
resserrant le beau tuyau dans l’étau,
réglant le capricieux chalumeau,
au sein de ce trépidant atelier.
C’est ici même, tout premièrement,
sa couleur, que je vis dernièrement,
elle-même ornant le matériaux,
rougit par l’intensité du flambeau.
Ensuite, sans m’en souffler un petit mot.
Les aiguilles reprirent le courant,
non celui du fleuve, mais bien du temps,
et jetèrent l’ancre au point le plus haut.
J’ouvris donc subitement mes mirettes
et ne vis plus rien semblant rouge-brun.
De la pousse sur la tête des uns,
au noble métal que les autres guettent.
Mais, ayant encore l’esprit fumeux,
j’avançai, humant l’air insoucieux,
jusqu’à n’avoir plus pied sur les pavés,
et finir dans les bras du port… Mouillé !