Un rêve nommé Russie. Partie 2

4 mins

Merde, merde, merde, je suis à la bourre. J’avais mis mon réveil mais j’ai dû faire comme d’habitude : le couper et me rendormir. Quelle idée de veiller hyper tard hier soir aussi… J’étais plongé dans mon bouquin, un live de Rammstein dans les oreilles pour ne pas emmerder ma voisine qui me les brise déjà tous les jours pour des bruits qu’elle n’entend que dans sa tête et bim les heures sont passées et j’ai du m’écrouler sur le canapé comme une loque. L’avion part dans 1h15. Je file sous la douche et je m’habille. Encore une chance que j’avais fait mon sac hier après-midi. Je prends mon sac sur l’épaule, mes lunettes de soleil, mon téléphone, mes clopes et mon portefeuille avec tous mes papiers et c’est parti mon kiki. Pas le temps pour un tacot alors j’y vais avec ma caisse. J’espère que je peux la laisser sur le parking de l’aéroport. Bof sinon c’est pas grave je lâcherai un bifton pour la récupérer. C’est une antiquité ma bagnole alors personne se battra pour elle. Une Twingo de première génération qui a perdu ses suspensions et d’autres choses encore. En roulant, il y a comme une odeur d’essence qui plane dans l’habitacle. Je remets ma visite au contrôle technique depuis 6 mois faut dire, c’est pas très sérieux. Et c’est pas maintenant que je vais le faire. 

Plus que 40 minutes. Merde ! Va falloir que titine monte à 130 sur l’autoroute, c’est pas gagné ce voyage. 

J’ai pris des croissants avant de partir, je mange en conduisant, le téléphone calé entre mes cuisses et les clopes sur le tableau de bord. J’ai oublié de me faire un thermos de café. Ça fait chier parce que j’ai horreur du café lyophilisé des avions. C’est un coup à passer le trajet dans la cabine riquiqui qui fait office de toilettes. Non merci. J’attendrai d’être arrivé pour boire un jus. 

Ma conduite est nerveuse, je vois le temps qui défile comme ma Twingo sur la file de gauche. J’arrive même à doubler une Merco alors que mes mains vibrent sur le volant. Putain je vais m’envoler avec cette caisse à cette vitesse. Elle est plus dangereuse qu’une trottinette sur le periph ! Alléluia, je finis par voir la sortie menant à l’aéroport. J’ai 15 minutes devant moi. C’est une chance de vivre en banlieue sinon j’étais cramé pour le voyage. 

Le parking ! J’avais pas compté le temps pour trouver une place. Bon bah là je vois que c’est mort. J’ai le numéro de la gérante du voyage, je lui laisse un SMS rapide en tournant en rond : “suis bloqué au parking, pas de place, j’arrive. Attendez moi” suivi d’un smiley souriant parce que ça peut amadouer la nana. J’espère en tout cas. Tout comme j’espère ne pas être le seul en retard. Finalement, une mère et ses gosses montent dans une Peugeot 206. Je leur colle au cul pour prendre la place. Enfin, si elle daigne se réveiller parce que là c’est du foutage de gueule. Un coup de klaxon pour la stimuler. Je la vois protester alors je lui montre mon poignet sans montre pour indiquer que je suis à la bourre. 

Plus que 3 minutes quand je valide mon passeport et mon ticket. Je laisse mon sac pour la soute et je cours vers la porte d’embarquement. Mon front est trempé, j’ai envie d’une clope mais la zone est non fumeur. Par l’enfer j’aurai du la griller au parking quand je tournais en rond comme un gland. Les femmes qui compostent les billets m’attendent. Des hôtesses classes et souriantes. Ça fait plaisir. 

“Votre ticket, s’il vous plaît monsieur. 

– Ça va je suis pas trop en retard ? 

– Vous êtes le dernier mais l’organisatrice nous a prévenu de votre arrivée imminente. Nous vous attendions monsieur…dit-elle en regardant mon ticket et mon passeport. Duplantier ? 

– Ouais, c’est ça, Maxime Duplantier. Vous m’indiquez ma place s’il vous plaît ? 

La petite brune me demande de la suivre et la grande s’affaire derrière nous. Je cherche pas à savoir ce qu’elle fabrique. L’avion est bondé. Les gens sont encore en train de s’installer. Certains me regardent. Ils savent que je suis le connard en retard, comme si l’avion n’était pas parti à cause de moi. Mais je suis dans les temps. Tant pis pour titine, je me débrouillerai pour la retrouver plus tard. L’hôtesse m’indique ma place, à côté d’une jeune fille charmante. Elle me dit bonjour par le plus beau sourire qu’il m’ait été donner de voir depuis des années. 

– Bonjour, vous préférez hublot ou couloir ? Perso, moi je m’en fous alors je vous laisse choisir. 

Sans me répondre de suite, elle me regarde et semble captiver par quelque chose. Sans doute mon aspect débraillé et mon front en sueur. Ah mais non, l’odeur d’essence de titine ! Wooow, ça doit faire un cocktail explosif pour ses narines. J’enlève ma chemise et je l’enroule dans le bac à bagages. J’ai encore mon déo et mon parfum qui embaume, heureusement. 

– Côté couloir, ça me convient très bien, me dit-elle avant de replonger ses jolis yeux sur l’écran de son smartphone. 

Je la dérange quelques instants pour m’asseoir côté hublot et pose sur la tablette devant moi mon téléphone et mon bouquin de ma poche arrière. Elle jette un œil vers la couverture, curiosité typique du lecteur. Elle sort le sien de son sac à main. 

– Vous connaissez ? 

– Heu, non moi je suis plutôt branché thriller sanglant avec tueurs en série et enquête de profilage, voyez l’genre ? 

– Absolument. J’aime beaucoup aussi, la c’est juste que je voulais me plonger dans un bouquin écrit par un russe. Je suis tellement pressée qu’on arrive, pas vous ? 

– À vrai dire, oui. J’aime pas trop les avions et j’ai envie d’un café et d’une clope. 4h dans ce cercueil volant c’est pas simple pour moi. 

– Vous pouvez demander aux hôtesses du café si vous voulez. 

– C’est gentil mais pour en avoir déjà goûté, c’est de l’eau chaude mais pas du café. Vous en faites pas, je patienterai. Au fait, moi c’est Maxime. Et on peut se tutoyer tu sais. 

Je la regardais du coin de l’œil, elle était distinguée, souriante et impatiente. Elle me tend sa main comme si j’allais lui serrer la pince. Merde je fais quoi ? J’ai jamais serré la paluche d’une femme moi. Dans un réflexe, je lui prends la main et la serre doucement. 

– Lucy. Lucy Strike. Ravi de te connaître. 

Je lui rends son sourire. Alors que la voix du commandant de bord résonne par les hauts-parleurs pour nous avertir de la compagnie aérienne, nous remercier et de nous informer des consignes de sécurité. Il termine par les rafraîchissements que nous pouvons demander aux hôtesses, qu’un déjeuner sera servi au cours du vol et que nous nous poserons à Moscou à 14h50 heure locale. 

– Ravi moi aussi, lui dis-je en retour avant de m’installer confortablement sur le siège. 

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1 Commentaire
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Curly Mc Hado
3 années il y a

Je commence tout juste et je dois dire que c est la première fois que je lis une co écriture par chapitre-personnage. C est fascinant ! J’ai tres hâte de voir ou va mener leur aventure partagée. Très intriguant !

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