L’infirmière venait de quitter la chambre d’un pas précipité. Et pour cause, une nouvelle vague de vomi venait de lui barbouiller le visage. Elle avait beau avoir l’habitude dans ce métier, elle n’en avait pas moins éprouvé un sentiment de dégoût. Résultat : elle m’avait laissé dans la douche avec une eau qui perdait de sa chaleur. Décidément, j’étais vraiment seul au monde.
Plutôt que de m’affaler sur le carrelage froid de la douche, j’entrepris de terminer du mieux possible cette toilette pour regagner mon lit avant qu’un puissant vertige ne me dirige face au sol dans un fracas de molaires qui éclatent. C’est alors que la porte s’ouvrit à nouveau. Elle avait dû se désinfecter après s’être passé une lingette. Son métier ne pouvait lui permettre de laisser un patient dans le besoin comme moi. Mais, à ma grande surprise, c’était Amélie qui venait d’entrer, le visage pris entre plusieurs sentiments. L’incertitude car elle ne savait pas dans quel état elle allait me trouver, la peur car elle s’inquiétait de voir du sang ou des tripes, la curiosité parce que j’avais bien vu que ce n’était pas le genre de fille à courir après les hommes sans pour autant les rejeter, la surprise de me voir totalement nu sous la douche, emmêlé dans les câblages et a fortiori perdu avec moi-même. Elle n’avait pas vu que je l’avais vu entrer et son regard se porta immédiatement sur moi, essayant de camoufler la gêne occasionnée.
– Amélie ? Tu peux venir tu sais, je m’en fous que tu me vois et puis merde, t’es pas bonne sœur non ?
Elle émit un petit rire avant d’avancer. Il se dégageait d’elle une odeur fleurie dont je ne saurai reconnaître les parfums. Toujours est-il que cette senteur m’était agréable après des heures à sniffer les odeurs infectes de l’hôpital.
– On m’a prévenu que tu étais ici, dit-elle sur un ton léger, presque timide.
– Ah bah c’est une chance inouïe que j’ai alors, ironisai-je sans qu’elle ne relève le sarcasme. Tu as des nouvelles de Lucy ?
A ses yeux qui inspectaient soudain le carrelage d’où s’écoulait les filets d’eau fraîche désormais, je sus que les nouvelles n’étaient pas bonnes. J’espérais toutefois qu’elle me dise qu’ils l’avaient retrouvé.
– On ignore encore où elle est.
Voilà ce qui s’appelle un espoir brisé en moins de quatre secondes.
– Elle est forcément dans l’hôtel, quelque part. Vous avez fouillé partout ?
– Oui.
– Je pense pas. Le gars qui m’a défoncé la tronche a fait ça dans un sous-sol de l’hôtel et il a été engagé par le fils de pute qui tient Lucy. Je parie qu’elle est en bas elle aussi.
Amélie plaqua une main sur sa bouche et ravala un sanglot tandis que je commençais sérieusement à me geler le cul.
– OK, t’en fais pas, c’est pas grave. Tu pourrais m’aider à me sécher et à enfiler une chemise de nuit propre s’te plait ? Si je reste dans cette douche encore 5 minutes, je vais devoir être transféré au service de réanimation.
– Excuse-moi, oui, marmonna-t-elle en prenant une serviette blanche et en me frottant le dos sans même me porter un regard.
Je ne la savais pas si chaste. Sa vigueur me réchauffe assez vite et en quelques instants, je me retrouve sur le lit en m’étant tenu à son bras.
– Regarde dans la poche de ma veste, tu veux ? Tu devrais trouver mes clopes et mon feu. Passes m’en une, j’en peux plus.
– C’est interdit de…
– Ouais, je suis au courant. Mais c’est interdit de cogner sur des gens et de kidnapper une femme aussi et pourtant aucun flic ne s’est bougé le cul pour vous aider à la retrouver, je me trompe ?
– Non, c’est vrai, répondit-elle en me tendant une cigarette et le briquet.
L’allumer et inspirer une taffe me fit à la fois le plus grand bien et une douleur thoracique si intense que je fus pris d’une quinte de toux abominable. Amélie me prit la clope des mains et m’apporta un verre d’eau. J’avais l’œsophage et les bronches en feu. A tous les coups, j’ai eu des côtes cassées avec une perforation légère d’un poumon.
Je sais que plus je vais rester coincé ici et moins on aura des chances de retrouver Lucy dans un état décent alors il me vient une idée que je soumets immédiatement à Amélie.
– David, on a plus le temps de jouer, bordel ! Relâche cette pute avant qu’on nous enferme dans un goulag ! Ils rigolent pas les russkofs !
David se tenait debout derrière une bâche en plastique translucide à travers laquelle il ne quittait pas Lucy des yeux. Elle restait immobile, attendant enfin qu’il se décide à passer à l’action.
– Je dois attendre Grégory. Il m’avait dit qu’il reviendrait après avoir rayé le toutou de l’équation. C’est lui qui va s’occuper d’elle.
– Hein ? Mais attends, tu comptes pas la tuer quand même ?
– T’as une autre idée peut-être ? Je te rappelle qu’on l’a enlevé, qu’elle connait nos noms et nos visages et qu’elle peut déballer tout un tas de trucs concernant son mec. On a pas d’autre choix alors arrête de flipper, ça va bien se passer. Grégory a l’habitude de faire ça. Faudra juste lui donner son pognon et terminé les problèmes. On pourra reprendre nos vacances là où elles se sont arrêtées, à se taper des vodka à profusion et à tirer d’autres gonzesses. C’est pas ce que tu voulais p’tit frère ?
Jérémy se tenait assis sur une vieille chaise en bois, la mine déconfite par cette fatalité dont il ne voulait pas être auteur, acteur et responsable. Quelle bonne idée d’avoir encore suivi son frangin. Des années qu’il n’était qu’un suiveur. Un mouton comme les potes disaient. Son manque de courage n’avait d’égal que son immense couardise face à lui. Jamais il n’avait pu s’interposer, de peur de prendre une raclée ou, pire encore, de subir un traitement spécial. Alors il fermait sa bouche et faisait ce que David lui intimait de faire. Sa vie se résumait à tout cela.
– Ce que je voulais, moi, c’était m’amuser !
– Moi, je m’amuse, susurra David en esquissant un sourire diabolique. Et avant que ça ne soit que du pur gâchis, j’ai bien l’intention de m’amuser vraiment avec cette connasse. Je vais lui apprendre moi à se foutre de ma gueule comme ça.
– David.
– Putain, quoi ?!
– S’il te plait, fais pas ça.
– T’es vraiment qu’une tarlouze, tu sais ça ? Tu vas réussir à me gâcher mes vacances. Tu vas me rendre de mauvais poil, Jérem, c’est pas une bonne idée.
Alors que son frère s’enfermait dans un nouveau silence de soumis, David quitta son poste et se rapprocha de Lucy qui souriait en le voyant arriver. Avait-elle un quelconque plan pour nuire à son tortionnaire ou subissait-elle les conséquences d’une perte de santé mentale due à son enfermement et sa perte de tout espoir ?
Quelques longues secondes de silence résonnèrent dans l’esprit de Jérémy avant qu’un cri insoutenable ne le fasse se lever d’un bond, choqué et terrifié par la douleur qui suintait de ce hurlement. David revenait, le sourire aux lèvres alors que Lucy hurlait de désespoir et injuriait son bourreau d’une flopée de noms d’oiseau.
– Tu lui as fait quoi putain ? demanda Jérémy, interloqué.
David se contenta de montrer une photo de Maxime, inerte, inconscient en disant “j’ai juste dit que le toutou était mort”.
a vrai dire je lis par petits bonds ^^ je n’ai pas lu avant, donc, prendre mon commentaire pour ce qu’il est … cette extrait devrait être dur, très dur, mais je ne sais pas trop ^^ quelque chose l’adoucit … peut-être un manque de brut
Et c’est un défaut pour toi ça Michel ?
que non ^^ loin de là ^^ je lis à ma manière ^^ le texte semble au départ me promettre un durcissement, mais s’adoucit ensuite, c’est ce que je dis
je vais plus expliciter ^^ quand je lis sur un support papier, j’ai souvent un crayon, d’où mes ^^^^ et autres que tu ne vois pas ^^, je griffonne des remarques, c’est vrai que je ne devrais pas ^^, mais je me sers des commentaires ici pour faire pareil ^^ désolé, j’essaie de me discipliner ^^ pas facile …