Elle avait tout essayé et rien n’avait marché. D’abord, elle l’avait éteinte et rallumée, puis débranchée et rebranchée. Elle avait appelé un technicien qui avait fait des tests. Lui-même avait fait venir un technicien qui avait fait d’autres tests et qui finalement a soufflé et s’en est allé consulter un livre écrit par un technicien pour les techniciens. Comment allait-elle faire ? Comment avait-elle fait, comment les gens avaient-ils fait, auparavant, jadis dans ce temps, cette époque, cette longue période révolue, ce trou noir de l’histoire que la conscience contemporaine ne peut plus se figurer que les lèvres pincées, traversée par un un frisson d’angoisse et une expression de stupeur atterrée, quand internet n’existait pas ? L’une des raisons était qu’elle était trop jeune pour s’en rappeler précisément. Et puis cela, à ce moment, cela ne servait à rien. Elle n’allait pas apprendre en cinq minutes ce qu’elle n’avait jamais même compris de sa vie. Elle était pressée, la vie entière continuait son cours devant elle, invisible, accessible pour tout le monde sauf pour elle. Et puis ce n’était pas qu’un simple caprice ; la société avait changé, on faisait tout par internet : Les impôts, les factures, les emails, les deadlines, la bouffe, la baise… comment allait-elle faire ? Les impôts, ça pouvait attendre. Les factures étaient automatisées. Les emails, elle les lirait au boulot. Et les deadlines c’est comme les impôts, ça pouvait attendre. Il restait cependant la bouffe et la baise… aïe… pour ces trucs là étaient disponibles en dehors d’internet. Il faudrait commencer par s’habiller, puis appeler des gens et… et elle se souvint qu’elle avait internet sur téléphone… fiiioouuu… sauvée.
Eviter le pire
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