Carnet de vie, de hasard et de voyage.16

2 mins

Aix 17 décembre 2010
4H40
 J’ai enfin fini mon boulot de « videur » comme m’a appelé la charmante extravertie blonde qui entrait. Il fait moins de zéro degré, sur la route à deux voies entre Aix et Gardanne, peu ou personne, c’est trop tôt pour les départs trop tard pour les retours.
Je sens la cigarette, le froid est pénétrant, la nuit m’entoure, je n’ai pas eu à me mobiliser cette nuit, ni à me coltiner, la routine.

Entre Carry et Sausset 17 décembre 2010
10H
Départ pour la mer, ma mer, la méditerranée, j’ai enfilé ma combinaison 2mm, mes chaussons et mes gants « eau chaude », Il fait un grand 4° au bord de l’eau mais il n’y a pas de vent et le soleil est brillant.
L’eau est froide cependant pas moins de 11°, mais quand je m’immerge quelle caresse, quelle tendresse ! 
Enfin dans l’eau après toutes ces semaines de « rough country », des dizaines de saupes étonnées se pressent en banc et m’évitent comme à regret paresseusement.
Un fort courant me porte vers l’est, c’est un régal car en deux coups de palmes j’avance de plusieurs mètres comme si j’étais une orque, en chemin je glane délicatement quelques oursins qui seront mon repas.
Cela fait deux heures que je suis dans l’eau, mes extrémités commencent à être gelées et il est temps que je rentre en profitant encore de cette merveilleuse relation que j’ai avec mon élément, pour me mouvoir sans effort et plonger jusqu’à plus souffle, en attendant pour remonter que le goût âpre et salé de l’eau qui s’engouffre dans ma gorge et mes narines à la frontière de la suffocation provoque en moi un émoi semblable à la jouissance.

L’immersion dans l’eau froide est pour moi paradoxalement, pleine de chaleur, de présence, elle me fait exister, souffrir et ressentir.
Sorti de l’eau, je me défais de ma peau marine sans hâte, mon épiderme est rouge et ruisselant, brûlé par les basses températures du liquide salé, le froid de l’air, en comparaison, est chaud, je me tourne face au soleil, comme la plante homonyme, je savoure pleinement ce câlin de Phébus tout en jouissant de l’incongruité de mon corps nu côtoyant les passants en tenues polaires ! Je tarde au maximum à enfiler mon costume de terrien profitant de cet instant magique de l’entre mer et terre.

Quelques rares instants, la vie est simple et belle…
 

Je suis sourd, 2010

C’est la voie de la vie.
Je vais, je grimpe, je descends, je nage, je chevauche, je survis.
Je suis sourd.
Je goûte, je donne, je reçois je prends,
C’est une bénédiction !
Je suis sourd, il n’y a que moi que j’entends.
Je suis sourd je n’entends que la combustion,
La folie, l’amour, la déraison.
Demain me changera encore de saison.
Je suis sourd, les hérauts de l’angoisse, je fuis.
Je suis sourd donc je suis….

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