Louis Derois, un jeune bourgeois du XIXe siècle avait tout pour être heureux : de l’argent, une bonne réputation, des amis… Mais son cœur esseulé réclamait l’amour de sa vie : Jane.
Notre personnage s’était donc isolé du reste du monde et montait directement dans les collines pour y déverser son mal.
“Je regardais l’horizon, cet horizon qu’autrefois, nous vénérions pour sa beauté. Avant nous le regardions ensemble, Jane et moi… Ce monde était devenu bien fade, depuis son départ. Elle avait emporté avec elle, les couleurs de cet univers, la beauté et les envies que j’avais autre fois. Mais le vent, comme une douce caresse de sa main, vint me ramener l’odeur d’un doux souvenir…
Je la revoyais, là, assise près de la fontaine, avec un air insaisissable. On aurait pu croire une divinité, qui nous avait honoré de sa présence. Mon cœur se mit à battre aussi vite que les ailes d’une libellule, je sentis l’amour naître au plus profond de mon âme.
Je la regardais de loin, elle était petite avec des cheveux aussi blonds que les blés, qui entouraient son visage en forme de cœur. Je me demandais si mes yeux de mortel étaient assez digne de la regarder, et pourtant…
Je mis un certain temps avant d’oser lui faire le bonjour. Puis un jour, par une de ces belles journées d’automne où les feuilles sont de mille et une couleur. Je vis mon âme-sœur s’avancer vers moi. Mon corps, ainsi que mon esprit n’arrivaient plus à réfléchir et furent figés. “Bonjour”, me dit-elle avec un sourire aussi précieux que tout l’or du monde. Je lui répondis à peine quelques mots, tellement sa beauté renversante me coupait le souffle. Ah ! Que ses yeux étaient aussi bleus que le ciel d’été ! Elle décida de s’asseoir à mes côtés, puis engagea la conversation. Je l’écoutais, ou plutôt je buvais ses paroles, et enfin je commençais à me détendre. Nous parlions de littérature, de musique, de sa vie et de la mienne.
Tout d’un coup, alors qu’elle se levait pour partir, elle se retourna et m’annonça :
“Monsieur Louis, je vous vois depuis au moins deux mois. Vous me regardez lire. Toutes les nuits, je demande à la lune de me donner un semblant de courage pour venir vous parler. La lumière de votre amour me berce au plus haut des cieux. Les astres en ont décidé ainsi, ils souhaitent nous unir. Je vous aime.”
La regardant d’un air ébahi, je me demandais si cela était un rêve ou non. Puis d’un élan, que seul les fous peuvent expliquer, je me permis de l’embrasser.
Les mois passèrent, nous décidâmes de nous marier. Nous avions tout préparé, et quand ce jour arriva… Elle était d’une telle beauté dans sa robe blanche, coiffée d’un chignon. J’étais devant l’église, et elle en face. Dans sa joie de jeune femme, elle se mit à courir pour me rejoindre, mais se fit percuter pas une calèche. J’accourus vers elle, tout en m’agenouillant. Aucune expression ne se dégageait de son visage, sa robe était tachée de rouge. La lumière, qui avait autrefois illuminé ma vie, venait de s’éteindre à jamais. En mourant elle avait fait tout mourir, les oiseaux ne chantaient plus, il n’y avait plus aucun bruit, tout était mort.
Les jours passèrent… J’étais au précipice de ma vie, tout était fade, je sombrais peu à peu dans la mélancolie. Je devais mettre fin à se calvaire…”